En Inde

Une "action humanitaire" à Jaïpur. (rencontre avec Daniel Fillod)

Me situant dans une période critique de ma vie professionnelle et familiale je me suis trouvé un besoin impératif de "prendre l'air". J'ai alors proposé mes services de professionnel de la santé à plusieurs associations humanitaires. Par courrier et téléphone "Kinés du monde" a accueilli mon offre à conditions que je finance mon déplacement.

La destination était Jaïpur, dans le Rajasthan à 300 kms au sud de Dehli.
Il s'agissait de contacter les communautés lépreuses de cette région et d'étudier leurs besoins.
Une association de Grasse animée par Daniel Fillod était sur place et tentait de mener une action sociale et sanitaire sous la forme de construction de dispensaire.

Je suis donc parti tout seul, à l'aventure pour trois mois, fin octobre 88. Je parlais difficilement l'anglais, la langue nationale et je l'entendais encore moins bien.
Je débarquais donc à Delhi. Complètement perdu, je m'accrochais à ma camera, lui confiant la mission de témoigner de mon errance et de mes découvertes.

Le Tajh Mahal J'ai passé trois mois à Jaïpur, partageant la vie des lépreux dans leurs ashrams. J'ai pu séjourner quelques jours à Calcutta sur les traces de Mère Théresa sans pouvoir la rencontrer, avec deux jeunes collègues qui se prenaient trop au sérieux à mon goût.
Je suis allé seul à Agra, un jeune instituteur de là-bas m'a servi de guide. Il avait l'âge de mon fils Olivier tué dans un accident, deux ans auparavant.
Je me suis découvert  un dégout pour les touristes qui arrivaient en rangs serrés par cars en regardant les mendiants du plus loin possible alors que je côtoyais tous les jours une misère humaine tellement attachante ! 

J'ai compris rapidement que l'aide matérielle apportée quelles que soient les finances dont nous pouvions disposer ne serait qu'une goutte d'eau dans un océan de besoins.

J'ai donc opté pour le témoignage. Muni de la caméra que j'avais acquis l'année précédente, j'en ai fait une compagne destinée à montrer la vie extraordinaire de ce pays. Habillé à l'indienne avec une grande chemise et un pantalon blancs, je transportais mon appareil dans un petit sac à dos. Je cherchais à être discret et rapide mais j'ai excité la curiosité de mon entourage ; et la sympathie ! quand je montrais dans l'instant qui suivait le résultat des prises de vue. Malheureusement il fallait compter avec la poussière et l'insécurité du pays. La première a pénétré l'instrument et l'a mis hors d'usage, la deuxième a fait disparaître lors d'un transport, les cassettes enregistrées. Je n'ai pu ramener au pays que quelques passages de mi-séjour. Je me suis filmé en donnant des soins aux lépreux et proposant des manœuvres de circulation d'énergie. 



Pourtant la vie s'organisait fort bien sans nous. Des associations caritatives locales distribuaient des "sweet" aux démunis,

et organisaient des fêtes avec attractions fort prisées.

Je tentais pourtant de rassembler quelques adeptes plutôt curieux qu'intéressés à mes pratiques de circulation d'énergie.

(vues tirées de la vidéo cassette sauvée de ces périgrinations)

La plus belle gratification de mon séjour a été ma participation à une session Vipassana. Au voisinage de l'ashram des lépreux qui m'hébergeaient était implanté un superbe centre de méditation bouddhiste. Je suis allé, en vélo, prendre connaissance des lieux et des conditions de stage. Dix jours d'internement en silence à suivre la progression des pratiques méditatives, bien cadrées par le maître. C'est sans doute, ce qui me reste de plus constructif.

 Alors que je ne comprenais pratiquement rien aux conférences que j'écoutais dévotement, j'ai eu droit, le troisième jour, à une traduction en français, sur cassettes audio, de l'enseignement sur le Dhamma.
Lever quatre heures, méditations dirigées, pauses, repas, pratiques isolées, conférence, couvre feu à 20h, les journées défilaient.
J'ai acquis une méthode efficace de concentration et de circulation mentale de l'énergie. Un beau cadeau dont j'ai pu profiter moi-même depuis.

J'ai correspondu longtemps avec Pradesh Goyal mon guide.
Il s'est marié en 96. Invité pour cette occasion, j'ai hésité à faire le déplacement, malgré le bon souvenir que j'avais gardé du mariage de sa sœur, alors que j'étais seul témoin occidental dans cette fête.