Assis à la table du Garibaldi Jean
est fiévreux, il se lève tout à coup en voyant arriver une personne d’aspect
anodin. Jehanne, semble chercher quelqu’un.
« Je serai avec une cravate noire
» avait il dit dans le mail qu’il lui avait adressé. « Moi j’aurai un chat
dans les bras » lui avait elle répondu.
Jean était inquiet, un chat ? Ca
commence mal ; il avait horreur de ces bêtes. Il aurait eu envie de se rendre
au rendez vous avec le chien qu’il aurait emprunté à Nicole...
Jehanne apercevant Jean debout se
dirige timidement vers lui, la cravate noire confirme bien son identité.
« Vous êtes bien Jean de Hotmail
? »
« Oui ! dit il sur un ton hésitant»
« Excuse moi, on se tutoie n’est
ce pas, entre internautes ?
Je n’ai pas trouvé ma chatte au moment
de quitter la maison »
Les présentations étaient faites.
En fait, après leur match de tennis
Luke et Tommy, les enfants de Jehanne et de Jean, avaient arrangé le rendez
vous. Ils devisaient alors d’une façon décousue quand la conversation était
arrivée bien naturellement sur l’Internet.
« Sais tu que Maman navigue sur un
site d’échange à la recherche d’une âme soeur ?
Je t’enverrai son adresse pour la
communiquer à ton père pour qu’ils fassent connaissance. Ce serait plus
simple que de perdre leur temps tous les deux à rencontrer des candidats
pas forcément recommandables.
Ce serait sympa s’ils pouvaient s’entendre
! »
Tommy regarde Luke d’un air dubitatif.
Il était loin de penser que son père pourrait s’entendre avec une femme
quelle qu’elle soit.
Depuis quinze ans qu’il est divorcé
Jean a pris l’habitude de vivre seul dans la même maison que ses enfants
et petits enfants. Tout se passait bien même si les arrangements matériels
ne sont pas toujours très clairs.
Le marché est conclu et le rendez
vous est pris : le lendemain Jehanne recevait un mail de Jean qui lui parlait
des exploits au tennis de son fils Tommy qui jouaient ensemble. Il l’invitait
à prendre un pot au Garibaldi pour « faire connaissance »
C’est alors que sur la terrasse du
café deux enfants d’une dizaine d’années ont sorti une balle de leur cartable
et se la disputent pour passer le temps alors que leurs parents discutent
en finissant de siroter leur bière.
Ce qui devait arriver arriva, la
balle finit par atterrir sur la table de Jehanne et Jean sans faire de dégâts
heureusement.
Jean n’avait pas réagi estimant que
ce n’était pas un drame. Il avait l’habitude de ce genre de situation et
acceptait volontiers les comportements spontanés et peu civilisés de la jeunesse.
Mais c’en était trop cependant Jehanne déjà tendue par la situation s’en
prit aux enfants qui ne s’étaient pas excusés et se mit à les invectiver.
Peut être pensait elle en même temps à la balle de tennis qui lui avait causé
des émotions ?
Jean regardait la scène et imaginait
qu’ils ne pourraient jamais s’entendre car ce type de situation risquait
de se reproduire souvent chez lui. Et le chat chez elle ?
« N’est ce pas hier que Luke a failli
perdre un oeil sur un smatch raté de Tommy ? » dit Jean.
Oui c’est vrai ! Que Jean parle de
cet incident change l’atmosphère tout d’un coup et crée une complicité entre
les parents par la rétrospective de leur peur.
Jehanne s’apaise. Luke lui avait
raconté que Tommy l’avait emmené aux urgences et que des soins efficaces
lui avaient permis de rejoindre la maison.
Du coup nos nouveaux amis se parlent
avec douceur et Jeanne en arrive à avouer à Jean qu’elle n’a pas de chat
ni de chatte ; que c’était seulement pour mettre une épreuve à surmonter
entre eux et, au mieux, introduire un sujet de conversation.
C’est promis, ils se reverront et
en attendant ils vont continuer à échanger par mail.