Evelyne
• Le narrateur nous parle de l’enfance d’Evelyne
Evelyne est née handicapée. Trisomique tout simplement. Ses parents avaient
été prévenus et ils ont choisi de l’accueillir avec tout le respect qu’exige
le don de Dieu. Dieu, personne ne l’a jamais vu mais Evelyne était sa représentante.
Toute petite rien ne la distinguait des autres bébés sinon peut être de
grosses lèvres qui l’auraient fait ressembler à une petite négresse si elle
avait eu la peau noire.
Fragile, ses frères et soeurs, elle en avait quatre, veillaient tellement
sur elle qu’elle était devenue la reine du foyer et de Semmecey le Grand
tout entier.
Comment imaginer que son espérance de vie ne dépassait pas trente à quarante
ans ? Affectueuse et surtout très spontanée, c’est la minute présente seule
qui compte, elle est incapable d’en vouloir à qui que ce soit.
A l’école c’était la coqueluche de la classe. Là encore le regard de l’étranger
ne l’affecte pas. La pitié ou la ségrégation n’ont pas de prise sur elle.
Un jour de bananes flambées, le feu s’est déclaré dans le réfectoire ;
c’est Evelyne qui s’est jetée dans les flammes pour les étouffer.
• Evelyne est enceinte
Ce qui risquait d’arriver arriva !
On ne distinguait pas ses formes mais elle avait quinze ans quand le bruit
se mit à courir dans le village qu’Eveline était enceinte.
Pas possible ! Quel est le voyou qui a osé abuser d’elle ?
Le don de dieu allait se multiplier !
La famille d’Eveline restait très discrète mais son ventre à Evelyne,
devenait comme un ballon. Le boulanger, chez qui elle prenait le pain du
foyer tous les jours, disait qu’il lui semblait qu’elle ne passerait plus
la porte.
Il faut faire quelque chose ! La médecine est elle sans ressources dans
ce cas ?
Elle était devenue le problème du village tout entier.
• Où est le père ?
Les commérages allaient bon train : « On ne peut laisser cette gamine
à son triste sort ! Il faut absolument trouver le responsable ! Qui est
le père ? »
Evelyne était tellement gentille qu’elle aurait pu offrir ses faveurs
à n’importe quel mâle un peu entreprenant.
On l’a bien vue revenir des champs accompagnée par le fils du père François
mais n’était ce pas le père François lui même qui aurait fait le coup ? Il
en a bien fait d’autres avec les lavandières qui se disputaient la place
derrière les meules de foin.
Ne serait ce pas le Fernand ? Ce rigolo incapable, il cherche à trousser
toutes les filles qui lui tombent sous la main.
Evelyne n’en continuait pas moins sa petite vie tranquille toujours assidue
aux tâches journalières même les plus répétitives.
• Le narrateur est amoureux d’Eveline
Vous l’avez deviné, j’habitais Semmecey le Grand et j’étais le voisin
d’Eveline pour qui j’avais une affection sans bornes. De l’amour ? Oui pourquoi
pas !
Le premier, j’étais torturé par ce problème. Je ne voulais pas, je ne
pouvais pas croire qu’Eveline deviendrait mère alors qu’il n’y avait pas
de père.
J’étais prêt à sacrifier ma réputation car j’étais marié et père de famille
pour lui venir en aide. Oui je serai le père de son enfant.
Et puis un beau jour tout le monde respira : tout était rentré dans l’ordre,
Evelyne avait fait une grossesse nerveuse.
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