vers atelier Ecrire 2010
Bof
Le matin devant la glace
Histoire de Willy
Je ne me souviens plus..


J'ai peur que ...
J'attends que ...
On disait de lui ...
A la recherche du bonheur
Poésie : neuvains
Souvenirs, souvenirs ...

Pierre

Atelier d'écriture 18 janvier 2010
texte 11
Un titre: Bof !
Un début de phrase: Il pleut, il va bientôt neiger et l'hiver... puis:
Des phrases, annoncées toutes les dix minutes.
1. Que de temps perdu à essayer de comprendre le pourquoi de la vie. Sa philosophie résida donc dans le plaisir des rencontres et l'émerveillement d'une relation.
2. Un petit vent frais apporte toujours une idée toute neuve.
3. L'arrivée de Jacques changea tout de suite l'atmosphère.
4. Jules n'en pouvait plus. Il n'arrivait pas à reprendre son souffle et il était loin d'être arrive au but, comment faire pour tenir le coup.
5. Le pire, c'est que personne ne savait ce qui était arrivé.
6. Mais qui sont-ils? Ils marchent d'un pas énigmatique au milieu de la foule et le restaurant dominait la ville illuminée.
Terminer par une strophe en vers alternés de 12 pieds et cette phrase disant ceci: Que faire ? N'importe quoi, direz-vous? Et bien, essayez !
_____________________________________

Bof !
Il pleut. Il va bientôt neiger et l'hiver comme un leitmotiv va reprendre sa place dans le paysage annuel. Le manteau de neige enveloppera paysages et gens. Certains en profiterons pour se renfermer dans leur coquille alors que d'autres prendrons prétexte à communier avec  la nature dans ce silence qui caractérise cette saison.
Saison de réflexion sur cette vie qui semble nous échapper, voire mourir discrètement avant la renaissance des premiers bourgeons. Et cela n'en finit pas de se répéter d'année en année depuis la nuit des temps.
Angoisse puis espérance se succèdent.
Puis la roue tourne et voilà la cinquantaine qui approche. Et toujours les mêmes questions qui reviennent. Avec comme réponse finale un grand bof !... Que de temps perdu à essayer de comprendre le pourquoi de la vie. Sa philosophie résida donc dans le plaisir des rencontres et l'émerveillement d'une relation.
Malgré la froidure, il décida de sortir faire une marche pour se changer les idées. Qui sait ce qui peut advenir ? Allait-il garder ses habitudes ou bien changer de parcours ? Tout en enfilant son manteau, il cogitait sur le chemin qu'il allait prendre. Il ouvrit la porte, posa le pied sur le seuil et se dit qu'il serait bien qu'il se mette une écharpe, vu la température. Et tout en prenant son écharpe favorite, il se dit qu'un petit qu'un petit vent frais apporte toujours une idée toute neuve.
Il s'en fut donc d'un pas alerte jusqu'au coin de l'avenue à quelques centaines de mètres de sa maison. Il regarda à droite puis à gauche, allaitil faire son choix à pile ou face ? Il sentit qu'il tombait dans ses habituels travers. Devait-il aller vers la mer à droite ou vers la montagne à gauche ?
Bof !... dit-il, je vais aller en face. Et il continua sur la rue, traversant l'avenue pour se lancer à l'assaut du centre-ville.
Il marcha une bonne demi-heure. Plus il avançait et plus la foule se faisait dense et envahissante. Certains jours, cela lui plaisait mais aujourd'hui il sentit une certaine angoisse. Et puis à l'angle du grand magasin Feminalia, il aperçu une connaissance qui vint vers lui. L'arrivée de Jacques changea tout de suite l'atmosphère. Cela faisait quelques temps qu'ils ne s'étaient pas vus. Devant l'air angoissé de Roger, il lui proposa de marcher vers les hauteurs de la ville pour respirer un meilleur air. Il accepta et c'est ainsi qu'ils se retrouvèrent à parcourir les allées du grand parc sur la montagne. Du haut du belvédère, ils pouvaient apercevoir la ville se déployer sous leurs yeux. En contrebas, ils aperçurent une de leur connaissance qui s'adonnait à son jogging. C'était bien lui... Apparemment il avait des difficultés respiratoires importantes.
Arrivant à leur hauteur, il s'arrêta, interloqué par cette rencontre. Jules n'en pouvait plus. Il n'arrivait pas à reprendre son souffle et il était loin d'être arrive au but, comment faire pour tenir le coup. Ils se saluèrent, échangèrent quelques mots mais bien vite Jules voulu reprendre sa course, il avait encore bien du chemin à faire leur dit-il. Jacques et Roger n'arrivèrent pas à le convaincre de faire une pause. Il repartit bien vite.
Lorsque plus tard ils redescendirent vers le centre-ville, ils aperçurent un attroupement au carrefour de l'hôpital et du boulevard de la montagne. Ils s'approchèrent par curiosité et qu'elle ne fut pas leur surprise de voir que c'était leur copain, Jules, qui était l'objet de l'attroupement. Il était au sol entouré par des infirmiers du service d'urgence de l'hôpital, à deux pas de là. Comment cela était-il arrivé ? Un accident respiratoire, pensèrent-ils ? Mais non, il se pourrait qu'il fut renverser par une voiture ? Enfin personne n'était capable de connaître la raison de la présence de Jules ici. C'était bien ça le pire, c'est que personne ne savait ce qui était arrivé. Finalement tout s'arrangea pour le mieux. Les soins apportés par le personnel de l'hôpital firent merveille et ce brave Jules reprit ses esprits sous le regard de ses deux copains.
Bof, se dirent-il ce n'est rien !
Cela fut l'occasion de retrouvailles. Ils se connaissaient depuis le collège. Et ce soir ils ont décidé, profitant de cet incident, de prendre le temps de se voir.
Jacques proposa de les inviter au restaurant sur la montagne puisque c'est à deux pas d'ici, enfin presque, l'endroit le plus sympathique du coin. D'accord. Il fit signe à un taxi qui s'arrêta. Arrivés à destination, il y avait grand monde. Il devait y avoir un congrès ou quelque chose de ce genre. Il se regardèrent. Mais qui sont-ils ? Ils marchent d'un pas énigmatique au milieu de la foule et le restaurant dominait la ville illuminée. Ils retrouvèrent leurs vieilles habitudes dès qu'ils eurent poussé la porte du restaurant. Ce goût qu'ils avaient pour les jeux de mots qu'ils pratiquèrent allègrement lorsqu'ils se retrouvèrent à la Fac de Lettres.
A la fin du repas, le garçon apporta la note dans un coffret de bois et cela fut l'occasion de se lancer dans un jeu à propos du repas qu'il venait de terminer.
Et jules remarqua une strophe de quatre vers inscrite sur le coffret qui disait ceci:
En ce lieu vous dégusterez d'habituelles nourritures que la terre nous a données.
Que ces satisfactions calment les querelles ou doutes qui vous habitent dans vos soirées.
Après cela, se dirent-ils, que faire ?
N'importe quoi, direz-vous ? Et bien essayer !
Bof, bof et encore bof..

Atelier d'écriture 1 mars 2010
texte 12
Le matin devant la glace
canevas de Gérard
C'est la première fois qu'il prend conscience de la réalité de sa
chambre en se regardant dans le miroir de son lavabo. Il se rend compte
qu'il n'a jamais, dans son regard, été au-delà de son visage. Tout ce qui
était au-delà n'existait pas. Il est vrai qu'il ne vient pas souvent ici depuis
pas mal de temps. Sa vie est accaparée par des centres d'intérêts qui
l'éloignent de plus en plus de ces quatre murs, des murs qui ne
renferment que des objets banals à part peut-être ce flacon d'essence de
fleurs de lavande auquel l'attache une relation affective particulière. Et
puis une atmosphère de solitude qu'il n'a pas trop envie de voir.
Voir, voir !...
Ces yeux bleus dans ce regard clair, est-ce bien lui ?
Il a l'impression qu'il reste peu de chose de celui qui... de l'enfant
qu'il a été si ce n'est ces yeux bleus et cette franchise qui lui ont causé
bien des soucis. Entre son éducation et son caractère entier, cela a été un
dur combat contre lui-même pour admettre qu'il devait changer dans ses
comportements sociaux s'il voulait survivre. Il en a perdu bien des
cheveux.. Ce que son crâne dégarni révèle. Tu es bien trop idéaliste ne
cessait de lui répéter son meilleur ami qui cependant comprenait sa
nécessité de partager ses goûts de bon samaritain.
Alors bien sûr cela ne l'étonnait pas de voir de plus en plus de
rides apparaître sur son visage. Mais depuis quelques temps, son
changement de comportement social lui avait apporté du baume au coeur.
Et quelle ne fut pas sa surprise de voir apparaître une nouvelle ride, petite
mais bien différente que celles qui s'étaient développées sur son front. Ce
genre de ride de soucis, d'angoisses, d'anxiété dit-on!
Mais est-ce bien sûr ?
Toujours est-il que le petit sourire qui lui vint, révéla cette ride au
coin de la bouche. Mais pourquoi une seule ? Il devait peut-être encore
travailler son optimisme ?
Il se demande si sa renaissance n'a pas à voir avec son dernier
voyage en Grèce. C'est peut-être à Epidaure qu'il y a eu le déclic. C'est un
peu comme une renaissance pour lui. Et en y pensant, son visage
s'éclaircit. Il croit retrouver son visage de l'enfance tel qu'il peut se voir sur
cette photo de famille ou il pourrait se prendre pour Bouddha. Et si le
secret, c'était de retrouver cette spontanéité de l'enfance, cette candeur,
cette force du nouveau-né. Il ne lirait plus du Rimbaud pour ses amis mais
plutôt des Aïkus à la saveur printanière, à l'atmosphère irréelle
d'apparence. Mais d'apparence seulement. Pour le plaisir de mots comme
un air pur et léger.
Il se sentit soudain rajeunir de cinquante ans et il crût même voir
apparaître une seconde ride dans le coin de sa bouche.


Atelier d'écriture 8 mars 2010
texte 13
Histoire de Willy.
Je me demande ce qui m'a pris de vouloir vivre dans un trou
perdu. Je croyais être tranquille, mais je découvre la mesquinerie, la
petitesse des gens. C'est de qu'il se dit après avoir reçu la visite de
l'institutrice venue l'informer des ragots qui se colportent à propos de sa
belle-mère. Que ce n'est pas sa belle-mère mais sa maîtresse!... Tu te
rends compte! Bien sûr que je me rends compte que ma vie ne
m'appartient plus. Mais il se demande si l'institutrice qui a presque le
même âge que sa « maîtresse » comme elle dit, n'avait pas des désirs à
son sujet. Vous devriez lui écrire pour au moins savoir pourquoi elle est
partie!... Je lui ai répondu que cela ne servirait à rien d'écrire à sa bellemère
pour lui demander... lui demander quoi, d'ailleurs ? Il n'a pas envie
qu'elle revienne sa belle-mère après ce qui s'est passé avec sa femme.
Et que s'est-il passé lui a demandé l'institutrice ? Je ne peux vous le dire,
c'est personnel. Intime, vous voulez dire ? Non, personnel. Ce n'est pas
loin d'intime, alors ? Si vous voulez l'entendre comme ça, libre à vous. Il
avait manqué de peu qu'il la mette à la porte. De quoi se mêle-t-elle, sous
prétexte de vouloir m'aider. Tout en lui parlant, l'idée lui vint qu'il pourrait
peut-être, pour qu'elle parte, lui faire du grain. Mais c'était risqué car si elle
rentrait dans son jeu , cela compliquera sa vie inutilement. Il avait assez
de problème avec sa belle-mère à laquelle il il ne pouvait d'ailleurs écrire,
n'ayant pas son adresse sinon celle où il savait qu'elle n'était pas. C'est
bien triste lui avait-elle dit tout en lui proposant de le revoir pour avoir de
ses nouvelles. Tiens donc!...
A peine avait-il été s'installé sur la terrasse après ce départ de
l'institutrice que la sonnette de la porte se fit entendre. Il avait à peine bu
une gorgée de sa bière et sa surprise fut grande ou ouvrant la porte de
voir le Maire du village dans son encadrement. Il se dit immédiatement
qu'il devait y avoir un lien avec la visite de l'institutrice. Il ne se trompait
pas. Monsieur le Maire avait croisé l'institutrice et bien sûr ce qui devait
arriver, arriva. La disparition de sa belle-mère avait été l'objet de leur
discussion. Il l'invita à prendre une bière avec lui, ce qu'il accepta.
- Vous comprenez, j'ai beaucoup d'estime pour votre belle-mère et
vous-même, cela ma chagrine de voir votre relation d'étioler.
Ma relation s'étioler se dit-il ? C'est intéressant.
Je sais ce qui se dit au village et cela m'inquiète. Je suis habitué
aux médisances de toutes sortes qui me viennent aux oreilles mais vis-àvis
de vous, cela me fait de la peine. N'ayez crainte lui ais-je dis, ce n'ai
pas une fugue, ce n'est pas une disparition, ce n'est pas une dispute entre
nous. De vous à moi, je peux vous le dire, ce n'est qu'une absence
temporaire pour des raisons familiales.
C'est alors qu'il se demanda si le Maire savait que sa belle-mère
n'était pas sa belle-mère. Il n'avait pas l'air de le croire. Il avait rencontré
récemment son frère qui ne semblait pas le porter dans son coeur.
- Vous comprenez, cela me gêne de vous le dire, mais je sais que
ce n'est pas votre belle-mère mais votre maîtresse.
- Si vous le dites, ça doit être vrai, lui ais-je répondu.
- Vous voulez dire par là que ce n'est pas vrai ?
Je ne répondis pas et le laissa avec son interrogation. Je n'allais
pas lui révéler que je n'avais jamais aimé cette personne parce qu'il
m'étais impossible d'aimer ma belle-mère en même temps que sa fille.
C'est ce que je lui avais laisser entendre.
Il était parti dubitatif et moi satisfait.
- Je sens que vous avez encore des sentiments pour elle, cela va s'arranger,
j'en suis sûr.
Je le confortais dans ses sentiments et ainsi il me quitta. Mais cela
ne s'arrêta pas là. Le lendemain, j'appris que j'avais tué ma belle-mère! Je
n'en revenais pas. Mais ce qui m'étonna le plus, furent les raisons
invoquées.
Ce n'était pas ma belle-mère mais ma mère adoptive et je l'aurais
tuée pour hériter de son château ! J'ai toujours été frappé par la relation
de cause à effet qui existe entre ce que les gens vous disent et ce qu'il
sont. Leur argumentation est toujours le reflet de ce qu'il sont. Mais ils ne
s'en rendent pas compte. Ils vous prêtent des sentiments qui découlent
des leurs propres.
A vous, je peux l'avouer, je n'ai pas tué ma belle-mère, qui n'est
pas ma mère adoptive ni ma femme mais ma soeur de coeur et qu'un
accident de parcours a définitivement éloigné de ma vie. La seule chose
que je sais, c'est qu'elle n'est plus à mes côtés mais je ne sais pas où elle
est partie, ni pourquoi.
Enfin c'est ce que je pense actuellement. Mais je ne peux pas leur
dire comme je vous le dis.


Atelier d'écriture 15 mars 2010
texte 14
Je ne me souviens plus...
Je ne me souviens plus de ce que Marie-Madeleine disait au sujet de Jésus Sauveur.
Je me souviens qu'elle en parlait avec affection et tendresse.
Pourquoi ?
Sans doute parce que, pour elle, il était plus que Jésus Sauveur.
Jésus avait pris le pas sur Sauveur.
Au fur et à mesure que le temps passait, pour Marie-Madeleine de nombreuses questions se posaient mais ne recevaient pas de réponses.
Elle en était troublée. Car elle n'avait pas imaginé que leur relation puisse prendre une telle importance, devienne le centre de leur vie. Et de celui de leur entourage. Il n'y avait pas de la jalousie mais plutôt de l'admiration pour ce qu'ils vivaient. Ce que l'un et l'autre représentait ne pouvait qu'ajouter une dose d'incertitude quant à leur devenir.
L'importance qu'avait pris Jésus aux yeux de son entourage ne lui faisait pas ombrage sauf que pour quelques uns, elle restait la fille de mauvaise vie. Mais il avait su remettre les pendules à l'heure. Et les mauvaises langues s'étaient tues. Parfois, elle regrettait le temps jadis ou sa vie n'était pas dans la lumière, quand elle vivait dans l'ombre. Qu'elle n'était pas à côté de cet homme hors du commun qui l'avait mis en lumière.
Quand, autrefois, elle regardait le ciel, elle n'y voyait que du bleu le jour et des étoiles la nuit. Maintenant elle y voyait une dimension de l'Univers qui l'intriguait, lui renvoyait des mots et des faits de Jésus.
Elle avait pris conscience que le monde est complexe et contradictoire. Sa vie lui semblait simple auparavant même si ce n'était pas rose tous les jours. Mais cela était de l'histoire ancienne. Elle ne pouvait revenir en arrière. Mais pourquoi, d'ailleurs, revenir en arrière ? Il lui semblait qu'elle s'engageait sur un chemin nouveau où tout était à découvrir. Cela la rendait joyeuse. Elle était rayonnante et Jésus l'aimait ainsi.
Marie-Madeleine, quelquefois, regardait l'évolution de leur relation comme un don du Ciel, c'était le cas de le dire; d'autres fois, elle se disait que cela ne pourrait continuer bien longtemps, sans qu'elle sache dire pourquoi. Elle avait juste envie de vivre le moment présent avec le maximum d'intensité pour le plaisir de vivre un moment d'exception. Et ce d'autant plus que l'un d'entre eux avait laissé entendre que cela ne durerai pas.
Mais qu'est-ce qui ne durerait pas ?
Elle mit cela sur le compte de la jalousie. Mais jalousie à son égard ou à celui de Jésus ? Ça, elle ne le savait pas encore. Mais avec le temps elle se dit qu'elle le saurait un jour ou l'autre. D'ailleurs, Jésus venait de leur dire que quelqu'un allait le trahir. Et ce quelqu'un, c'était soi celui qu'elle pensait jaloux de la relation qu'elle entretenait avec Jésus, soi qui était envieux de la position de Jésus au sein de leur communauté. Il lui sembla qu'elle serait fixée d'ici quelques temps. Elle fut tout étonnée d'être sereine malgré ces interrogations qui la concernait d'une manière ou d'une autre. Mais aussi, elle se rendit compte que cela l'excitait au plus haut point, elle se prenait au jeu. Avait-elle un goût pour les intrigues, les enquêtes, les jeux de pouvoir, elle qui ne s'intéressait qu'à sa petite vie il n'y a pas si longtemps ?
Un jour, Jésus avait proposé à Marie-Madeleine une promenade en barque sur le lac. Elle ne posa pas de question. Cela lui plaisait bien de se retrouver en tête-à-tête avec lui. Et puis cela lui rappellerai le temps où elle accompagnait son père à la pêche. Elle avait découvert que le regard que l'on a du lac à partir de la rive était une chose mais que de découvrir son contraire était tout aussi agréable. D'autant qu'ils avaient débarqué sur l'île qui se trouve en face, et de là le panorama sur les montagnes et absolument époustouflant. Les sommets enneigés qui se mirent dans l'eau du Titicaca, c'est merveilleux.
Et peut-être qu'il lui parlerait de la Pachamama ?
Et bien non, il ne lui dit rien de sa chère Pachamama qu'elle affectionnait particulièrement. Elle l'écouta sans rien dire. Ils étaient assis côte à côte. Elle sentit qu'elle le troublait, c'était la première fois qu'ils étaient seul, vraiment seul et sûr de le rester. Cette île les protégeait.
Comme Jésus s'arrêta de parler, elle posa sa main sur la sienne comme pour lui dire de continuer. En réalité, elle voulait juste, à sa façon, lui témoigner son affection. Il posa à son tour son autre main sur la sienne.
Cela fit ressortir de lointains souvenirs. Et c'était encore à propos de la Pachamama. Ce fut la première fois que son père lui parla d'elle en lui prenant la main entre les siennes. C'est alors qu'elle ne put s'empêcher de la Terre-mère et qu'elle fut pas sa surprise de le voir écouter avec une grande attention, comme si pour une fois, les rôles étaient inversés.
Elle se leva comme pour s'élancer vers le rivage et se retourna vers lui, puis voulant lui adresser de nouveau la parole, il lui sembla entendre la voix de son père lui dire:
Qui parle ne sait pas, qui sait ne parle pas.
Elle revint vers lui sans mot dire et lui tendit la main comme pour lui dire: allons!





Atelier d'écriture                29 mars 2010
texte 15

J'ai peur que...

J'ai peur que le monde de la finance nous amène dans le mur. C'est-à-dire qu'il soit à l'origine d'un conflit mondial. Un conflit qui naitra des frustrations, des désespérances, de l'expansion incommensurable de la misère. Une misère qui atteindra toutes les couches sociales à l'exception des très riches. Et encore, j'ai des doutes même à ce niveau.

Tu sais, je n'aurai plus peur de prendre le tram malgré ce qui m'est arrivé  Non pas que des policiers, à moins que ce soient des vigiles, sont embarqués à bord, mais parce que j'ai pris confiance en moi par la pratique de sport de combat. Je n'y croyais pas trop au début et puis au fur et à mesure de l'évolution de ma pratique, j'ai mesuré les changements qui s'opéraient en moi. Et cela ma réconforté.

Je n'aurai pas eu peur que tu oses t'affronter à ton patron car il faudrait
bien, un jour ou l'autre, crever l'abcès. Ta situation est intenable et cela te rend malade, j'ai peur maintenant de te voir te recroqueviller, t'auto-détruire, te rendre malade au plus profond de toi. A moins que tu redoubles ta consommation de cigarettes qui est déjà passablement excessive, pensant par là, contourner ton mal-être.

Par contre,
Je n'ai plus peur de mes peurs grâce à ma rencontre avec la pensée taoïste qui m'a remis sur la Voie. J'y étais dans mon enfance et les affres de la vie d'adulte m'en avaient éloignée. Mais ce n'était que superficiel. La peur naît de la crainte de ne pas trouver de porte de sortie, il me semble, à ce qui nous angoisse. J'arrive maintenant à me retirer du monde tout en y restant. Ce n'est pas facile tous les jours mais j'y arrive d mieux en mieux. La peinture et l'écriture sont mes deux armes.




Atelier d'écriture                12 avril 2010
texte 16



J'attends que...

J'ai tente huit ans et j'attends que le printemps arrive sous le regard de la Vénus de Botticelli. Les fleurs du tableau n'ont pas de parfum mais peut-être qu'un jour un artiste trouvera le moyen de donner vie aux objets de son tableau.
Y compris dans les senteurs, les parfums des oranges et autres agrumes.
Pour l'heure, je profite de mon temps libre puisque je suis en vacances et cette visite du musée de Florence, visite virtuelle via internet, je l'effectue sous la pleine lune qui donne à la campagne une atmosphère étrange, une luminosité de temps de décadence surréaliste à la Magritte. J'entends au loin le bruit d'une puissante moto sur l'autoroute qui monte en régime à faire exploser les vitres des maisons. Botticelli le vit mal et moi aussi. Je rentre à la maison, s'en est trop.


J'ai tente neuf ans, j'attends que le meilleur arrive puisque le meilleur est toujours à venir paraît-il ?... Il va falloir que je prenne mon mal en patience. Ma jeunesse est bien loin et le meilleur a failli arriver. Je l'ai souvent espéré, suscité, appelé de mes vœux mais nada. J'aurais peut-être dû mettre un cierge à St Antoine ou à je ne sais quel saint, il y en a tant, pour me redonner de l'espoir !...
Mais je crois avoir trouvé la solution.
Je ne vais rien attendre. Ce sera la bonne attitude. N'espérant rien, ne
désirant rien, ayant pour seul objectif que de vivre chaque instant dans sa
plénitude, de prendre la vie du bon côté sans chercher à la diriger, ce qui
adviendra sera ainsi toujours le meilleur dans l'instant puisque je ne désirerai pas qu'il soit meilleur qu'avant. Il sera, point.


J'ai six tente ans, j'attends de trouver ma voie m'a dit un ami. Et bien moi, lui ais-je dit je n'attends que le bus à l'arrêt; je n'attends que la pluie cesse de tomber pour sortir me promener; je n'attends que le coucher du soleil pour prendre l'apéro; je n'attends que le joli mois de mai pour cueillir du muguet; je n'attends que la marée basse pour aller ramasser des coquillages; je n'attends que la pleine lune pour retrouver ma brune.
Mais je n'attends pas le bus qui est en grève; je n'attends pas que la pluie reprenne pour arroser mes fleurs; je n'attends le coucher du soleil pour savoir que la nuit va arriver; je n'attends pas le jolie mois de mai pour seulement cueillir le muguet; je n'attends pas que la marée basse soit basse pour me baigner; je n'attends la pleine lune pour marcher dans la campagne.

Alors, je ne voudrais pas attendre la grève des bus pour marcher; je ne voudrais pas que la pluie fasse grève pour les fleurs; je ne voudrais pas que le soleil n'aille plus se coucher car il ne se lèverai plus alors!; je ne voudrais pas attendre le moi de mai si je savais que je ne pourrai plus faire ce qui me plait ;je ne voudrais pas attendre la marée basse à l'heure de la marée haute; je ne voudrais pas attendre la pleine lune sous un soleil de plomb.

Et enfin je n'attends pas encore la fin de la faim qui taraude les estomacs des
millions d'humains, ce sera pour une autre fois, une autre fin. L'écran noir
total et définitif.




Atelier d'écriture                19 avril 2010
texte 17


On disait de lui...

On disait de lui qu'il était le prince de l'esbroufe. Mais ce n'était qu'apparence. Il était plutôt dans un jeu sociétal. Et cela l'amusait bien
lorsqu'il trouvait son public. Pour qui le connaissait dans son intimité comme moi, qui l'avait vu vouloir rester dans l'ombre alors qu'il avait la capacité et les qualités d'un responsable pouvant se permettre d'affronter haut-la-main des situations plus que difficiles, il était dans cet instant à l'image de sa vrai nature. Une nature double et contradictoire.
Par contre, personne n'a jamais dit de lui qu'il pouvait être l'une et l'autre de ces facettes. La plupart du temps il était perçu comme un m'as-tu-vu, soit soit comme une personne manquant d'assurance. Et à leurs yeux, c'était la raison de son attitude lorsqu'il se posait en retrait. Et lorsqu'il était dans l'esbroufe, à leurs yeux c'était pour se donner une contenance, se rassurer.
Moi, je savais le combat qu'il menait en son for intérieur. Cette double nature antagoniste lui posait bien des problèmes. Et c'est sa compagne qui souvent servait de tampon.
On disait d'elle qu'elle était son paratonnerre. Son parachute. Elle lui permettait de retomber sur ses pattes dans certains cas ou de s'éclipser dans d'autres cas. De fait, ils s'en amusaient et c'était un jeu qui parfois prenait le pas sur les événements.

Par contre personne n'a jamais su qu'elle en souffrait car cela prenait une énergie et du temps qu'ils auraient préféré garder pour leur vie intime. Ils avaient déjà suffisamment d'obligation de par leur fonction au sein du gouvernement de la principauté. Cela faisait des années que cela durait et les années passant, cela devenait de plus en plus difficile à gérer. Qui aurait pu penser que les contraintes de l'âge et du temps viendraient mettre un grain de sable fatal qui bouleverse toute une vie.
C'est alors cette double nature qui vint à son secours et leur permit de se sortir d'un dilemme qui aurait été inacceptable aux yeux qui les observaient constamment. Ils se retirèrent sur la pointe des pieds en profitant d'un voyage aux antipodes.

Peut-être aurait-il fallu choisir une autre sortie mais avaient-ils le choix ?
Cela leur permit de commencer à vivre leur propre vie tels qu'ils l'entendaient.
Fini l'esbroufe, fini l'obligation de se surpasser pour épater la galerie. Ils pourraient enfin se donner entièrement à la construction de leur relation intime. Ils n'avaient de compte à rendre à personne sauf à eux-mêmes. Et cela était autrement plus difficile mais excitant.

Les gens disent encore aujourd'hui un tas d'absurdités sur leurs comportements sauf une voix ou deux qui, plus lucide, comprennent le véritable enjeu de leur choix de vie. Cela, pour les privilégiés qui connaissent la fin de leur histoire. Pour la grande majorité, ils n'ont pas eu le courage le courage ni la compétence que certains leur prêtaient. La critique est trop facile rétorquaient les plus lucides.

Par contre, les gens ne disent jamais qu'ils ont eu raison de quitter le navire de la vie public pour se concentrer sur leur propre vie. Qu'y a-t-il de mal à cela ? Il semblerait que ce qui lui était reproché soit aujourd'hui regretté, comme si le théâtre de la scène publique était en manque. L'esbroufe n'était plus perçu comme quelque chose à réprimander. Cela devait permettre à certains d'oublier leurs propres problèmes, semble-t-il. Et puis certains caricaturiste étaient en manque d'inspiration.
Moi, je n'ai su de leur histoire que la réalité profonde qui a échappé aux médias, bien heureusement pour eux, et à tous les chiens qui aboient lorsque la caravane passe. Et j'en suis d'autant plus heureux que c'est en partie grâce à moi qu'ils ont fait ce choix d'échapper aux regards du monde. Je leur disais toujours: pour vivre heureux, il faut vivre caché. Ils en riaient, blaguaient.
Car cela ne leur était pas indifférent ni une expression inconnue. Je savais qu'en leur for intérieur, ils adhéraient même assez bien à cette vision des choses. Mais je ne pensais pas qu'ils passeraient à l'acte un jour.

De lui, on disait qu'il était tantôt blanc, tantôt noir. Aujourd'hui, pour beaucoup c'est un fantôme gris sans intérêt. C'est drôle comme les tons de gris semblent déranger l'homme du commun. Il faut être blanc ou noir, c'est plus commode. Mais lui n'était ni l'un, ni l'autre. Il était autre part mais cela échappait aux regards de la majorité des homos sapiens. Il avait su se protéger.
Grand bien lui ai fait.

D'elle, on disait qu'elle était tantôt sa bonne conscience, tantôt sa mauvaise conscience. Tantôt sa compagne, tantôt sa maitresse, au mauvais sans du terme.
Elle n'était rien de tout cela. Elle voulut être son égérie et son inspiratrice.
Mais leurs fonctions étant devenues trop dévorantes, elle comprit qu'ils devraient faire un choix drastique s'ils voulaient ne pas perdre leur âme. C'est ce qu'ils firent en s'éclipsant par la porte de derrière.





Atelier d'écriture                3  mai 2010
texte 18


A la recherche du bonheur !...


C'est quoi cette histoire de bonheur ? Il paraît qu'Amédée est en quête du
bonheur ? Ses copains et copines en sont restés baba. Lui, en quête du bonheur ?
Ils se disent qu'il va avoir du pain sur la planche, lui dont le credo le
paraître avant l'être. S'occuper de sa carrière avant de s'occuper de sa
personne. Mais c'est justement parce qu'il veut s'occuper de lui, leurs avait-il dit, qu'il est décidé à se trouver l'âme sœur pour vivre dans la campagne verdoyante de son enfance. Il veut quitter la grande ville, source de tous ses maux, dit-il, et rencontrer des émotions que seule la nature peut lui apporter.
Il a donc appliqué son plan de bataille et au bout de quelques semaines, il
s'est trouvé sa Juliette. Présentation a été faite à son entourage, son cercle d'amis plus exactement, qui lui souhaita bien du bonheur et plein de bonnes choses. Il était comme sur un petit nuage. Juliette était enjouée et rieuse.
Toujours de bonne composition et cela semblait plaire à Amédée. Mais je
remarquais qu'il y avait par moment une certaine crispation lorsque ses copains devenaient entreprenant devant les comportements plutôt de Juliette. Sentait-il déjà qu'elle pouvait lui échapper ?
Il y avait quelques mois que je n'avais pas eu de nouvelles d'Amédée. Et alors que je faisais mon marché en ville voilà-t-il pas que le rencontre seul, l'air inquiet. Que t'arrive-t-il mon Amédée, tu fais une drôle de tête ? Ne me dit pas que cela ne va plus avec Juliette. Il me rassura sur leur relation. Tout était merveilleux. Il vivait une idylle extraordinaire. Elle était merveilleuse, attentionnée, drôle mais pour ce qui était de gérer le quotidien de la maison, c'était une autre histoire. Mais il me rassura en me disant qu'il avait embauché une personne pour tous ces travaux de la vie quotidienne pour lesquels il n'avait pas, lui non plus, une grande affinité. Et comme je lui disais que donc tout devait aller bien, je vis qu'il restais maussade. Tu ne me dis pas tout, n'est-ce pas ? Il me fit son cinéma comme il savait si bien le faire mais devant mon air interrogatif, il se lâcha. Je viens d'être nommé en Chine par ma société. C'est une bonne nouvelle, ça ! C'est toi qui le dit, mais moi ça ne m'enchante pas car je viens d'acquérir une maison en Dordogne où j'avais prévu de m'installer progressivement. Et dans quelques années quitter mon travail pour vivre avec Juliette loin des tracas de la ville. Vivre notre bonheur comme nous l'entendons.
- Et quel est le problème ?
- Et bien Juliette n'est pas très chaude pour aller en Chine avec moi.
D'ailleurs, elle m'a avoué que même la Dordogne ne l'emballait pas plus que ça.
- Tu veux me dire que tu découvres une autre Juliette que celle que
tu nous avais présenté de manière dithyrambique lors de nos présentations.
-  C'est un peu ça, hélas!
  Je vis un Amédée tourneboulé. Il n'était pas dans son assiette et je
dois avouer que je ne l'avais jamais vu ainsi.
          Mais j'avais un doute. Son histoire me paraissait bancale. Je découvris quelques mois plus tard par une amie commune qu'il avait en réalité commis l'erreur de se laisser aller à des dérives à l'encontre de sa bonne et que sa Juliette l'avais très mal pris. Elle avait sur le champ quitter l'appartement.
Et depuis, il n'avait plus eu de nouvelles malgré ses supplications et
nombreuses tentatives pour essayer de recoller les morceaux. Il lui avait promis le grand amour, avec en prime le bonheur et à la première occasion, il avait sauté sur une paire de seins aguichants, ce que n'avait pas Juliette.

Après cette rencontre, je n'eus plus de nouvelles d'Amédée durant quelques
années. Était-il parti en Chine malgré tout ? S'était-il retiré dans sa maison en Dordogne, vivant en ermite ? Ou bien avait-il repris un autre travail dans une nouvelle société ?
Alors que je dinais chez des amis et que nous regardions le journal télévisé, quel ne fut pas ma surprise de le voir dans un monastère bouddhiste. C'était une reportage sur la Savoie et ses anciens monastères chrétiens reconvertis en temple bouddhiste. Il en était le responsable de la communication. Cela lui allait bien. Je n'en croyais pas mes yeux. Tout d'abord, je n'y avais pas fais attention et c'est mon ami Alexis qui le reconnu. Il savait vaguement qu'il avait tout quitté pour changer de vie. Mais, rien de plus. Où était-il, qu'était-il devenu ? Eh bien voilà, nous étions maintenant fixés. Amédée était devenu bouddhiste.
Quelle surprise.





Atelier d'écriture                10  mai 2010
texte 19


Angoisse existentielle.

Il est dix-sept heures pile. C'est l'heure à laquelle Marcel Dugommier sort pour sa promenade quotidienne. Il regarde le ciel pour se rassurer qu'une averse ne viendra pas lui gâcher son plaisir. Sous son chapeau de paille tressée, son visage buriné est barré par une moustache à la Salvador Dali. Il ne fait pas son âge. Il y a un côté adolescent dans son physique. Il marche d'un pas alerte sur le chemin qui serpente dans le vallon menant au lac. Mais par moment ce pas se fait plus lent et semble se bloquer. Mais il continue car il doit aller au bout du chemin, devant le lac où il venait se baigner avec sa mère étant enfant.

Chaque jour c'est la même question lancinante qui envahie son esprit. Il voudrait bien sortir de l'angoisse qui le taraude mais rien n'y fait. Il a tenté d'y échapper en se noyant dans le travail tout d'abord et puis dans les voyages, ensuite dans des stages de ceci et de cela. Cela est apparu à la mort de sa mère et n'a fait que s'intensifier d'année en année. Un manque de confiance en lui s'est développé peu à peu au point de l'empêcher d'avoir une relation affective avec une femme. Et maintenant avec tout être humain. Marcel, tu files un mauvais coton, se dit-il.

Peut-être que l'espoir va pointer son nez dans la vie de Marcel Dugommier.
Enfin, c'est ce qu'il se dit ce matin en se levant, en constatant un changement dans son regard sur le monde. Comme si dans le ciel bouché de son horizon, une lueur s'était manifestée. Il avait une sensation en lui qui lui donnait cette impression. Il respirait mieux qu'à son habitude. C'était pour lui un signe.
Cela ne s'était jamais produit depuis des années. Il avait l'impression de se retrouver dans les années de son adolescence précédent la mort de sa mère. Il se regarda dans la glace et eut l'impression d'avoir rajeuni. Il haussa les épaules. Ce ne fut qu'une impression.

Sa promenade quotidienne s'avéra nécessaire pour son moral. Il sortit avec une drôle de sensation. Après le petit bois, le paysage s'élargit et soudain le lac apparaît. Il ralentit son pas. Le banc sur lequel il s'assied habituellement n'est plus là. Il était en très mauvais état. La mairie a dû vouloir le remplacer mais n'a pas encore fait le nécessaire. A moins que ce soit quelqu'un qui soit venu récupérer le bois, qui sait ? Cela le dérangea quelque peu. C'est alors qu'il eut comme une illumination intérieure. Il alla s'asseoir en tailleur à l'emplacement du banc et face au lac, il sentit monter en lui un désir de tourner la page, de se détacher de ses habitudes et de ses souvenirs. Il décida à cet instant qu'il allait s'occuper de lui et cesser de vivre dans le regret d'un temps passé qui n'avait plus raison de l'empêcher de s'asseoir même s'il n'y avait plus de banc.

Je l'aime bien Marcel, il est souriant et aime discuter de la pluie et du beau temps. Au travail où je l'ai connu, il est apprécié de tous. Enfin, je crois. Il y en a bien quelques uns qui ne l'apprécient pas mais je pense que cela est plutôt de la jalousie. Je n'oublierai pas le voyage que nous avons fait ensemble en Grèce. C'est une culture que nous aimons l'un et l'autre et ce fut l'occasion de le voir heureux. Ce que je crois qu'il est malgré ce que disent certains au travail.

Depuis combien d'années n'est-il pas venu ici, sur le bord de ce lac, qu'il ne reconnaît pas d'ailleurs, avec les aménagements qui y ont été réalisés. Il a l'impression d'être dans un autre pays au bord d'un autre lac. Et pourtant lorsqu'il regarde au loin, c'est bien toujours le même paysage. C'est pareil et ce n'est pas pareil. A l'image de sa vie. Les lointains n'ont pas changé mais son environnement proche a été bouleversé de fond en comble.
Une sorte de petit pavillon ouvert a été construit à l'emplacement du banc où il venait s'asseoir. Il pénètre dessous et machinalement il s'assoit au centre sur une sorte de plot qui semble marquer un lien mystérieux. Le lien de sa transformation de l'adolescence à l'adulte.





Atelier d'écriture                17  mai 2010
texte 20


Exercice de poésie

Version 1


Motus et bouche cousue, l'âme du monde.
Le silence de la nuit enveloppe mes fantasmes,
N'attendant rien sur le bord de la mer.

Ici et nulle part, à moins que ce soit de l'autre côté,
Je voudrais bien le savoir, c'est un bon début.
Pan toute! Malheureusement je l'ai cru mon cœur!

Du pays aux odeurs enchanteresses, aux eaux claires,
Mais aussi des amours déçus sous des lumières divines,
Absolument! Mais le temps m'a joué un vilain tour.





Version 2


Motus et bouche couse, l'âme du monde
Le silence, la nuit, enveloppe ma blonde.
Je n'attends vraiment rien sur le bord de l'onde.

Ici et nulle part ou alors à côté
Je voudrais bien le savoir, pour l'en assurer.
Mais pan toute! Mon cœur est bien désabusé.

Du pays aux odeurs douces, aux eaux claires;
Amours déçus, à contretemps, hors lumières
Le temps m'a joué un bien vilain tour, hier.







Atelier d'écriture                31  mai 2010
texte 21


Souvenirs, souvenirs.


Ce n'était pas la première fois que Charles André se faisait remarquer par son attitude déterminée. Il venait tout juste de rentrer dans sa onzième année. Sa mère en était plutôt fière, mais dans son entourage scolaire, cela provoquait des remous, voir des animosités car il était perçu comme un orgueilleux, un m'as-tu-vu pour certains. Cependant, il avait un petit noyau d'admirateurs et quelque fois une ambiance « guerre des boutons » n'était pas loin d'émerger. Son père qui par son travail était souvent absent, suivait cela de très loin. Trop loin pour s'intéresser à des réactions de l'entourage qu'il voyait comme l'expression de la jalousie de ses copains de classe. En aparté, il admettait cependant qu'il pouvait aller loin si les petites bêtes ne le mangent pas.
C'était l'une de ses expressions favorites qu'il reprenait en citant son grand-père dont la vie avait été quelque peu aventurière avant qu'il ne se range sous la couette, aidé en cela par une aventurière que Tarzan n'aurait pas refusée. J'étais assez d'accord avec son père, ce qui faisait enrager sa mère car elle avait en elle une part de scepticisme que son attitude déterminée agaçait parfois. Elle y voyait un possible obstacle dans le parcours de sa vie.
En le revoyant dans sa quinzième année, je repensais alors à cette remarque portée par sa mère lorsque j'appris de sa bouche l'amertume qui l'avait envahie à la suite d'une histoire assez banale pour moi mais qui avait pris une importance démesurée à ses yeux.
J'étais venu assister à un match de volley-ball, invité par l'une de mes nièces.
Il était le leader de son équipe et ma nièce, celle de 'équipe adverse. Elle m'avait avoué qu'elle ne se faisait pas top d'illusions quant à une victoire car elle savait que l'équipe de Charles André avait une très bonne réputation. Tout alla très bien durant le premier jeu pour lui et son équipe et puis soudain, comme un grain de sable venant enrayer la machine, il y eut un renversement d'avantages. Charles André ne semblait plus maitriser son jeu. Il commettait faute sur faute.
Que se passait-il ?
Je remarquais alors qu'il semblait comme tétaniser par la présence de ma nièce.
Et elle sembla en jouer à plaisir à partir de cet instant. Le grand chef, sur de lui, toujours déterminé, volontaire, perdit la face devant son équipe. Le grand héros fut contesté, remis en question. Il ne le supporta pas et fit une sortie fracassante pour ne pas affronter les quolibets.
Il n'admettait pas que les sentiments viennent interférer dans son jeu. Ma nièce fut portée en triomphe devant le succès de son équipe et Charles André m'avoua plus tard son amertume à voir son équipe le réfuter. Mais ce qui m'étonna le plus fut son aveuglement à ne pas voir qu'il était tombé amoureux et que cela l'avait perturbé à en perdre ses moyens. Surtout les moqueries de certains qui n'étaient pas dupes de ce qui se passait et qui en profitaient pour lancer quelques piques, histoires de se venger de l'arrogance que parfois il montrait à travers sa détermination. Détermination qui apparaissait comme un désir de puissance, de domination pour quelques uns. Ils le supportaient tout en se disant qu'un jour ou l'autre la vie lui apprendrait à vivre. Et ce jour là rectifia le cours de sa vie sous les apparences de Cupidon. Il le comprit bien plus tard et ne s'en plaignit point. Ma nièce l'y aida quelque peu et il accepta de regarder la vie avec un autre œil que de celui de l'objectif à atteindre par quelques moyens que ce soient.

A l'approche de la cinquantaine, Charles André était devenu un homme tranquille.
A l'exemple de son arrière grand-père, il avait bourlingué à travers les océans et les déserts, les grandes métropoles et les montagnes aux sommets enneigés éternellement. Et puis un jour, ayant décidé de se poser quelque part, il y retrouva une ancienne connaissance qui l'avait battu lors d'un fameux match de volley. Avec l'âge il eut la sagesse de reconnaître ses sentiments, de ne pas les réfuter et de s'en servir pour continuer à poursuivre sa route, une route plus traditionnelle mais tout aussi difficile à gérer que les aventures que l'on rencontre à l'orée des bois ou des mers. Mais il reconnut qu'il était près à les affronter. Déterminait mais sans orgueil exagéré. Ma nièce y était pour beaucoup mais il n'en dit jamais rien, sauf à moi.