Les pages 2011 de l'atelier Eciture
Les textes de Paul  en 2011
Moi sur mon vélo

 

                                                    Moi sur mon vélo

      
 Moi sur mon vélo, je suis un être libre et léger, pur de connaissances révélées bien avant ma naissance.
Moi sur mon vélo, je revis l’oubli, le sens du secret. Je renais à chaque instant sur mon vélo.

Moi sur mon vélo, je pédale vite pour oublier, oublier qui je suis, ce que je suis.
Je pédale vite pour oublier  mon vélo, ce qu’il est, ce pourquoi il existe en tant qu’objet et son usage.
Je pédale vite pour défier les distances et le temps qui m’échappe. Le temps qu’il me reste à pédaler, à dévoyer la gravitation et l’espace.

Je n’exprime pas ici un plaidoyer pour un vélocipède, plutôt un pédalier pour le mélo bipède que je suis. Deux pieds et une douce mélo, mélodie de l’espace ; comme une fusion sans combustible en déshérence stratosphérique…

Je pédale donc je suis. Je pédale, je déroule une partition musicale sur une belle nébuleuse entre Orion  et Singapour. A chaque tour de pédalier une note se détache ; la mélodie est douce, apaisante…
J’oublie ma  maîtresse, belle dulcinée au savoir terrestre bien loin de mes préoccupations oniriques. Celles qui m’éloignent de vos murs, vos murmures aux sons des leçons et devoirs qui m’insupportent… Je hais vos écoles… Je pédale, je décolle... Bien loin de vous chers Maitres et décamètres…

Je tourne mon pédalier toujours dans le même sens. J’avance, je libère mes prières à chaque tour tels des rouleaux de Shiva dans un temple bouddhiste.

Moi sur mon vélo, je pars au bout du monde pour échapper à l’oubli, à l’écorce de ta peau.
Zeste de citron couleur phosphorescente des U.V ceux qui hale ton corps et tes seins gonflées à l’hélium.
La terre à ses limites, la vie a ses instincts…
La terre que l’on donne, la terre  que l’on prend, comme le temps qui passe la terre nous échappe…
 Le temps nous guette, le temps s’écoule, le temple s écroule…seule notre mort  rattrape le temps et le fixe…

Moi sur mon vélo je suis libre et léger. Je pédale, je suis au souffle de ma vie…A la source de ta vie… Elle m’immonde de plaisirs  aux goûts incestueux… De déesses impudiques aux senteurs d’amours … De débauches…

A faire semblant, on oublie les secrets du « Commencement… » .

« Au commencement, il fut…Les cieux et la terre… Ainsi soit- il…Et ce fut bien ainsi… »

Ainsi soit les ailes abandonnées des papillons irradiés  sur les tombes des innocents de Kaboul, de Fukushima…

                                                    (Paul Dahan Avril 2011)