Moi sur mon vélo
Moi sur mon vélo,
je suis un être libre et léger, pur de connaissances révélées
bien avant ma naissance.
Moi sur mon vélo, je revis
l’oubli, le sens du secret. Je renais à chaque instant sur mon vélo.
Moi sur mon vélo, je pédale
vite pour oublier, oublier qui je suis, ce que je suis.
Je pédale vite pour oublier
mon vélo, ce qu’il est, ce pourquoi il existe en tant qu’objet et son
usage.
Je pédale vite pour défier
les distances et le temps qui m’échappe. Le temps qu’il me reste à
pédaler, à dévoyer la gravitation et l’espace.
Je n’exprime pas ici un plaidoyer
pour un vélocipède, plutôt un pédalier pour le
mélo bipède que je suis. Deux pieds et une douce mélo,
mélodie de l’espace ; comme une fusion sans combustible en déshérence
stratosphérique…
Je pédale donc je suis. Je
pédale, je déroule une partition musicale sur une belle nébuleuse
entre Orion et Singapour. A chaque tour de pédalier une note
se détache ; la mélodie est douce, apaisante…
J’oublie ma maîtresse,
belle dulcinée au savoir terrestre bien loin de mes préoccupations
oniriques. Celles qui m’éloignent de vos murs, vos murmures aux sons
des leçons et devoirs qui m’insupportent… Je hais vos écoles…
Je pédale, je décolle... Bien loin de vous chers Maitres et
décamètres…
Je tourne mon pédalier toujours
dans le même sens. J’avance, je libère mes prières à
chaque tour tels des rouleaux de Shiva dans un temple bouddhiste.
Moi sur mon vélo, je pars au
bout du monde pour échapper à l’oubli, à l’écorce
de ta peau.
Zeste de citron couleur phosphorescente
des U.V ceux qui hale ton corps et tes seins gonflées à l’hélium.
La terre à ses limites, la
vie a ses instincts…
La terre que l’on donne, la terre
que l’on prend, comme le temps qui passe la terre nous échappe…
Le temps nous guette, le temps
s’écoule, le temple s écroule…seule notre mort rattrape
le temps et le fixe…
Moi sur mon vélo je suis libre
et léger. Je pédale, je suis au souffle de ma vie…A la source
de ta vie… Elle m’immonde de plaisirs aux goûts incestueux… De
déesses impudiques aux senteurs d’amours … De débauches…
A faire semblant, on oublie les secrets
du « Commencement… » .
« Au commencement, il fut…Les
cieux et la terre… Ainsi soit- il…Et ce fut bien ainsi… »
Ainsi soit les ailes abandonnées
des papillons irradiés sur les tombes des innocents de Kaboul,
de Fukushima…
(Paul Dahan Avril 2011)
|