UNE HISTOIRE BOLLYWOOD


Le patchouli

Si je te parle de patchouli c’est d’amour, le parfum qui parle le mieux.

Le patchouli n’a jamais été cette messagère indélicate et jalouse de la déesse Shiva.
Il protégera mon cadavre jeté dans le jardin aux vautours d’une des collines de Bombay.

L’amour avec toi est une délicieuse création. Nos regards, nos pensées, nos corps s’enchevêtrent et le parfum de ta peau se mélange à ma sueur sur tes seins. Tes cheveux qui ondulent effleurent mes lèvres comme les vagues sur les côtes du Kerala.
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Je me souviens de notre fusion charnelle, nourrie de désir, dépourvue de morale… Jolie princesse.
Les draps ont gravé l’empreinte de tes caresses et les oiseaux chantent encore les louanges de tes soupirs.

Silencieux dans ma chambre d’amour je dessine sur le sol de velours pourpre ton sourire.
Puis, je reste fidèle à cette image, comme un chien égaré qui s’accroche à l’ombre de sa maitresse dans l’attente de la retrouver.
Le mât a rompu, la voile s’est déchirée, le bateau dérive par l’écueil d’une nuit.

Si je te parle de patchouli, c’est d’amour, le parfum qui parle le mieux.

Le patchouli ne sera plus jamais cet élixir de jouissance, tes larmes se déverseront dans les eaux du Gange et mes remords traverseront le marbre des palais de Jaipur.

Une déesse indienne m’a offert l’espace d’une nuit un amour interdit…
Je revois ton sari de soie rouge brodé de fil d’or, serti de perles, de rubis. Il laissait apparaitre en transparence le plus beau des joyaux, un corps céleste aux éclats qu’aucune étoile ne saurait égaler.

Moi, le paria, nos castes opposées ont cédé à notre improbable attirance. Ma vie ne vaut plus une roupie, me voici prisonnier.

Si je te parle de patchouli, c’est d’amour le parfum qui parle le mieux.

Le patchouli est mon seul lien avec toi, son ivresse apaise mon âme.

Diras-tu à ton prince, comment une lune croissante et solitaire s’est approchée de nous, comment elle a baignée nos corps d’or et de lumière ?
Quand dans cette nuit d’été je taillais une dernière rose, ton corps insolent et dénudé c’est approché de moi.
Quand troublé, suffocant, j’ai tenté de t’ignorer un bandeau sur les yeux… Puis, je me suis agenouillé, j’ai baissé la tête, j ai embrassé la terre…Puis tes pieds… Puis la pluie…

Si je te parle de patchouli c’est d’amour, le parfum qui parle le mieux.

Le patchouli sur toi a une senteur initiatique débordante de plaisir, la quintessence d’un rêve, une évasion merveilleuse et sensuelle….

Les jours, les nuits n’existent plus…noyé dans l’obscurité du cachot du palais, où je me trouve…je pense à toi.
Les pétales de roses se sont fanées, les tiges ont gardé leurs épines, les ronces mutilent mon corps meurtri.

Demain je serai jeté aux vautours, ma chair disparaîtra…mon âme renaîtra
Demain je deviendrai un oiseau, un rossignol du Bengale.
Demain je chanterai ta beauté, l’orient et la fascination du patchouli.




Paul Dahan Décembre 2011
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