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Consignes Ecriture fragmentée
Parmis une quinzaine de propositions : 1. La solitude : une photo texte de Marc : clic Le 18 mars : Nous dans un lieu agréable
Consignes : • Décrire le lieu agréable. |
Ecriture fragmentée
Adèle se prélasse, seule, sur une chaise longue installée au soleil dans son appartement parisien. Elle n’a pas de programme sinon qu’il lui faudrait réaménager sa cuisine restée peu confortable. Elle attend un coup de téléphone de Jean qui s’était fâché la veille car il n’obtenait pas les réponses et l’attention qu’il souhaitait acquérir de sa part à elle.
Elle envisage par le fait de se retrouver encore plus seule ; même si elle ne voyait pas beaucoup Jean c’était, pour elle, une compagnie qu’elle appréciait en pensant à lui dans ses moments d’inaction.
Elle a choisi un livre « Les âmes fortes » mais l’ouvrage traine sur le sol à côté d’elle. Elle préfère la revue « Femmes d’aujourd’hui » qu’elle feuillette sans vraiment s’arrêter sur un sujet en attendant l’heure de son émission télé favorite « C dans l’air ».
C’était un 31 décembre. Pour moi, Jean, c’est un jour qui a correspondu, par hasard, avec la fin de l’année 2… Je venais de passer quelques heures avec Adèle avec qui j’entretenais une relation affectueuse, parfois difficile mais sans passion.
Avec F. nous avions rendez vous sur le quai de la gare de Rouen ; j’arrivais donc de Paris.
En nous séparant trente ans auparavant, nous avions programmé de faire le point tous les dix ans puis nous avons fait notre vie chacun de notre coté. En fait nous nous étions revus deux fois à diverses occasions mais n’avions pas eu le temps de faire cette fameuse mise au point. Qu’allait-il se passer dans ces retrouvailles ?
Nous avons fait comme si la vie ne nous avait pas séparés mais tout était contre nous. Nous avions changé, bien sur et dans l’immédiat nous ne trouvions pas de coin tranquille pour nous arrêter. J’ai écouté le récit de ses aventures et nous avons décidé de renouer quelque chose mais, pour moi, sans y croire vraiment.
Les stériles regrets dévorent l’avenir.
On ne m’a pas écouté quand j’ai dit qu’il valait mieux vivre seul que mal accompagné.
Le mythe du « Je t’aimerai toujours » ne survit pas à l’épreuve de la vie quotidienne.
On fait comme si tout allait bien pendant quelques temps puis on se rend à l’évidence.
On organise alors la séparation en espérant conserver une bonne entente
mais la complicité ne survit pas et c’est le désastre.
Les stériles regrets dévorent l’avenir.
Adèle n’en peut plus, rien ne l’intéresse. Elle ne peut pas s’empêcher de penser à Jean qui n’a pas daigné revenir sur la conversation qui avait si mal tourné.
Elle est furieuse, elle ne comprend pas ce qui se passe, elle sent sa gorge se serrer. Ce n’est pas son genre non plus de faire la démarche pour tenter un rapprochement. Elle voudrait qu’il l’appelle mais évidemment, se dit-elle, il a d’autres chats à fouetter.
Elle ne peut pas tenir en place ; elle se lève, se rassoit pour se remettre debout tout de suite après. Elle va dans le cabinet de toilettes, se soulage et rencontre son image dans la glace. Elle s’exerce à faire des grimaces comme si Jean pouvait la voir. Après avoir fermé la porte pour ne pas affoler le voisinage, elle se met à crier, à jurer, à interpeller Jean : « Espèce ce vieux con !»
Elle n’ose pas aller plus loin, s’il l’entendait… Elle tient à lui et sans doute l’aime t il malgré tout …
Pour continuer à vivre, vaut-il mieux s’exprimer ou ravaler sa colère ?
Ni la colère ni les regrets n’éviteront la solitude.
(Marc)