vers l'atelier 2013
La ligne du temps





Consignes :

  • Passé lointain, récent,
        A a une petite vie simple et une idole
        C fait une révélation terrible sur … l’idole
       
    Présent : La vie d’A est bouleversée
    Futur : A prend des décisions pour réhabiliter son idole, rejoindre son idole ou se libérer de son idole.



Lorsque Jean fit la connaissance d’Anna, celle-ci menait une « petite vie simple » et par cette phrase tout était dit. Elle était comme transparente Anna mais pourtant elle existait pour Vincent chez qui Jean venait souvent.
Quand on sonnait chez elle, enfin chez Vincent, après vous avoir fait entrer,
elle s’effaçait rapidement car évidemment ce n’était pas elle qui était intéressante mais Vincent. Elle était garde malade, infirmière, dame de compagnie, cuisinière, secrétaire et bien d’autres fonctions peut être. Vincent, lui était paraplégique.
Il avait 26 ans quand il a eu un accident un soir de balade avec ses copains. Il dormait à l’arrière de la voiture qui après avoir dérapé est tombée dans un ravin près de Manosque.
Elle était mignonne Anna et Jean l’avait bien repérée mais il ne savait pas comment attirer son attention jusqu’au jour où il apporta un disque de Jacques Brel pour le faire écouter à Vincent.
A peine les premiers accents du chanteur ont-ils résonnés qu’Anna apparut dans l’entrebâillement de la porte, l’air passionné. « Vous permettez ? » dit-elle en se jetant sur l’enveloppe du CD et en épluchant tous les détails.
    « Dans le port d’Amsterdam, y a des marins qui … »

Il n’était plus question de parler d’autre chose. Anna subjuguée demande le silence.
A la fin du disque la vie reprend son cours et Anna retourne à la cuisine sans rien dire. Jean croit alors pouvoir profiter de l’occasion et n’écoutant que son désir frappe à la porte de l’office pour avoir quelques explications. Anna lui expose son admiration sans bornes pour Jacques Brel. Jean tout émoustillé d’avoir accroché l’attention d’Anna se branche sur le sujet et bientôt lui raconte tout ce qu’il savait sur le chanteur. Et puis pour se faire valoir sans doute ou montrer la solidité de ses informations il glisse le détail invraisemblable que Brel avait eu une aventure qui lui avait valu d’être le père  naturel de Vincent.

Quoi ! Est-ce possible ?
Anna semble bouleversée. Elle reste stupéfaite, prostrée, hagarde, n’osant plus entrer dans la pièce où Vincent écoutait les autres chansons enregistrées. Son adoration pour Jacques Brel prenait un sens nouveau. « Je suis sure que c’est lui qui m’a conduite ici. J’ai trouvé la mission qui doit être la mienne. » Alors, comme illuminée, Anna se remet au travail, elle tire le tiroir de la table et en tire un épluche légume, s’assoit et pèle les pommes de terre.
Jean s’est éclipsé, ne comprenant rien à ce qui se passait et déçu qu’Anna ne porte aucune attention à lui.

Dans la pièce à côté, Vincent appelle, il voudrait soulager un besoin pressant. Anna ne bouge pas. Elle se voit en train de prendre un grand tournant dans sa vie, il faut qu’elle se décide, qu’elle intervienne. Elle ne supporte pas de savoir cet horrible secret qui ternit l’image de son idole. Il lui vient l’idée de supprimer Vincent. Non, elle va se marier avec lui et peut être aura-t-elle un enfant qui sera, grâce à elle, un prolongement de Brel.
Et, à quelques mètres, dans une inondation désagréable : « Les bourgeois, c’est comme des cochons, plus ça devient vieux …. »

(Marc)