textes de Marc

L’objet : souvenir de l’Inde

« Bonjour Madame ! »

Quelqu’un vient d’entrer dans la boutique où je suis exposé « en posture ».

« Voilà, je suis intrigué et intéressé par cette merveille qui trône là.

Je ne vous dérange pas ? Vous avez un moment pour m’écouter ou je reviendrai …

Bon, je vous remercie de votre accueil. C’est vraiment très important pour moi.

Depuis très longtemps, j’étais attiré par l’Inde et je ne trouvais aucune bonne raison d’y aller quand l’idée d’y réaliser une opération humanitaire m’a accroché. Par Kiné du monde, j’ai rejoint une association qui se proposait de construire un dispensaire pour des lépreux à Jaïpur, à trois cent kilomètres de Dehli.

Arrivé sur place, j’ai vite été désillusionné. Les lépreux, tous en voie de guérison d’ailleurs, les Indiens en général, n’avaient nul besoin de l’aide charismatique et infime d’occidentaux dont personne ou presque ne connaissait ni le pays ni la langue. J’ai donc pris le parti d’entrer dans la culture du pays, de me faire inviter par les lépreux que je venais soigner d’une façon illusoire. Et, même si je ne comprenais pas leur langue, à faire connaissance des gens humbles et pauvres, profondément respectueux des traditions. Ils avaient la simplicité de leur condition et nous échangions, autour d’un « chaï » et quelques « sweets » gentiment offerts, des sourires et quelques mots baraguouinés dans un anglais plus qu’élémentaire.

J’ai donc passé trois mois à me faire des amis, avec un vélo acquis sur place, en allant chez les uns et les autres. Je reste en contact, par mail maintenant ou Facebook, avec certains en particulier chez qui je suis retourné il y a quatre ans.

Ceci pour vous dire que l’Inde m’a donné bien plus que ce que j'y allais chercher. D’autant plus que quelques jours avant de repartir j’ai eu l’opportunité de faire une cure de six jours de silence et méditation dans un centre à l’écart de la ville grouillante de vie. Je n'ai pas entièrement intégré l'enseignement qui était donné en anglais et à partir d'une culture qui n'était pas la mienne mais ces heures passées assises à me concentrer sur la circulation de l'énergie à l'intérieur de moi même restent le souvenir le plus marquant que j’ai rapporté de mon séjour.»

 

  Et là, tournant la tête, le regard du visiteur s’arrête sur moi.

 « Dites moi, Madame, vous le vendez combien ? » dit il en me montrant du doigt.

 

Pourtant c’est une autre personne, Geneviève, qui m’acquit et me plaça sur la commode…

 

Tous les matins Geneviève s’installait devant moi et assise sur son safu elle consacrait quelques temps à sa pratique méditative…

 

Geneviève crut bon m’abandonner à un antiquaire qui me plaça au milieu d’objets plus ou moins hétéroclites…

Ma compagne la plus proche était une pendule dont le balancier rond et horizontal tournait inlassablement dans un sens et dans l’autre. Ce mouvement perpétuel contrastait et complétait admirablement mon attitude immobile de bouddha serein.


 

Pour l’atelier la consigne était de décrire un objet et de le faire parler des différents personnages qui l’ont approché ou acquis.