Dans le cadre du thème " Longévité et vieillissement ", notre groupe a décidé pour sa dernière réunion avant l’été de travailler comment nous abordons la dernière période de notre vie de la manière la plus sereine possible en ce qui concerne notre relation aux autres et avec nous-mêmes ainsi que les moyens que nous nous accordons.
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L’échange
L’échange avec les autres revêt pour nous une grande importance. Nous avons abordé le thème général de la communication à plusieurs reprises et en particulier lors de notre réunion du 15 Mars dernier " Transmission-Passeurs de mémoire ".Nous examinons maintenant ce qui freine l’échange, une nécessité vitale pour quelques uns, souvent le symbole d’une relation idéalisée, toujours un véritable moteur de notre vie. Ces freins sont pratiquement toujours créés par la propre appréciation que nous avons de nous-mêmes .Pour n’en citer que quelques-uns :
A contrario et sans aller jusqu’à n’avoir aucun souci de sa propre image (l’un d’entre nous se revendique " être préhistorique "), il est admis que toute relation met face à face des personnes au passé, à l’éducation, au caractère différents et que les peurs que nous avons sont donc plutôt infondées.
La paresse, le confort de la routine font que nous privilégions l’échange sans risque de heurts. Combien ont intégré ce conseil d’éviter les sujets touchant à la religion, à la politique !
Situations souvent rencontrées
Devant les grosses difficultés liées à la santé, nous pouvons aussi bien nous replier sur nous-mêmes ou au contraire chercher à tout prix le maintien des contacts. Ces deux attitudes ne sont pas en elles-mêmes bonnes ou mauvaises et révèlent plutôt un caractère ou une personnalité. Dans les deux cas elles sont la marque d’un souci de l’autre : ne pas déranger en s’effaçant ou en mettant la maladie au rang d’une préoccupation triviale. Mais d’une manière générale,en cas de deuil,de maladie grave ou de soucis importants, le réconfort ne vient pas tant des paroles que de la sensation d’être entourés de groupes amicaux ou familiaux silencieux mais bien présents par la transmission de pensées ou de petits gestes. La solitude où l’on se trouve plongé est ainsi moins prégnante.
Nous avons des difficultés, d’un autre ordre bien sûr dans les relations avec nos enfants du fait que nous avons du mal à les considérer comme adultes et autonomes. Pourtant, il arrive qu’ils nous maintiennent dans une position de parents, que je pourrais qualifier de hiérarchique. La plupart du temps les échanges restent classiques et considérés comme superficiels, même si nous ressentons le besoin d’échanges plus intimes. Il est intéressant de noter que la relation grands-parents/petits-enfants, et tout particulièrement grand-mère/petite-fille, est plus spontanée. Lorsqu’il n’y a pas de relation de parentalité, les échanges sont facilités. Le caractère spécifique de cette relation est ressenti comme un frein à l’échange, alors que par son universalité il est somme toute naturel.
Toutefois et c’est valable pour toute relation, familiale ou non éventuellement marquée de rancoeurs d’oppositions ; l’acceptation de l’autre différent, la générosité, la tolérance, l’accomplissement de gestes simples contribuent à l’établissement de relations sereines et par là à notre bien-être mental et physique.
Nos comportements
Les incidents de la vie courante liés à notre avancée en âge peuvent être source d’enseignements non seulement pour analyser nos stratégies de compensation de l’amoindrissement de nos capacités, mais aussi, pour peu d’être enclin à l’introspection, pour fouiller et comprendre des situations conflictuelles ou dérangeantes. Ceci nous est d’autant plus facile que nous avons du temps disponible et que nous bénéficions de l’expérience.
L’angoisse de la mort, les menaces sur notre santé, les ruptures dans notre vie, l’instabilité du monde sont l’occasion de remises en question et d’approfondissement de la réflexion. Cela va d’une confiance totale en l’avenir jusqu’à nos recettes largement répandues et quelquefois paradoxales pour bannir l’inquiétude plus faciles à lister qu’à mettre en œuvre : prendre du recul, se considérer en survie permanente, lever le pied, agir avec philosophie, amour, humour, objectivité, pratiquer l’altruisme, l’égocentrisme, la tolérance, la résilience. Ce cocktail d’ingrédients, chacun peut en mettre la dose qu’il veut suivant son tempérament ou son humeur du moment
Plus sérieusement, il est de grands invariants en chacun de nous qui sous-tendent et commandent notre " senior attitude " : la volonté de lever nos inhibitions, se faire confiance pour avoir le courage de rester soi sans " la ramener " ni se dévaloriser, relativiser ses difficultés et problèmes, faire confiance aux jeunes générations, le besoin de transmettre et de donner.
Nos moyens
Ces moyens dépendent beaucoup des compétences et des goûts développés au cours de notre vie. Ils dépendent aussi des priorités que l’on se donne maintenant ; mais le but essentiel recherché est de se sentir bien en cohérence avec soi et les autres. Cela passe naturellement par le maintien actif et volontaire de réseaux familiaux, amicaux, d’échange de partage et d’entre aide. En général nous préférons que les activités correspondantes se déroulent régulièrement avec des gens de nos âges et dans un cadre organisé.
Je donne une liste de ces activités du physique au cérébral sans aucune échelle de valeurs. Elles présentent d’ailleurs pour certains d’entre nous un signe de reconnaissance envers Dieu :
A cela il ne faut pas oublier de mentionner le rôle de l’informatique individuelle (internet) qui met (trop ?)d’huile dans les rouages de nos transmission.
Alain Schwartz