Le 2 mai à Bonneveine


détails : clic
programme de la réunion

articles sur l'Europe
 "Votons pour l'Europe" par G Larcher
Voter et s'informer par René Valette (Lyon)
L'Europe, une présentation d'André Fauquet

















  détails des photos








clic pour agrandir la photo



















Point de vue
Votons vraiment pour l'Europe le 7 juin !, par Gérard Larcher et Hubert Haenel
LE MONDE | 30.04.09 | 13h03  •  Mis à jour le 01.05.09 | 07h48

Cela fait trente ans que le Parlement européen est élu au suffrage universel direct. En près d'un tiers de siècle, son rôle a fondamentalement changé : en 1979, il était essentiellement consultatif ; aujourd'hui, il est l'institution-clé de l'Union européenne.

Pourtant, en France, les électeurs ne semblent pas avoir perçu cette évolution. L'élection européenne paraît, pour nombre d'entre eux, un scrutin sans grande conséquence.

Au mieux, il leur permet de punir le gouvernement en place, voire de se défouler en votant pour des partis extrêmes. Au pire, pour beaucoup d'autres, c'est un scrutin sans enjeu qui ne mérite pas qu'on s'y intéresse : lors des élections de 2004, moins de la moitié des électeurs avaient jugé utile de se déplacer.

Est-ce raisonnable que les citoyens français se privent du droit qui leur est donné d'agir sur la marche de l'Europe ? Nous ne le croyons pas.

Ceux qui critiquent la Commission européenne doivent savoir qu'elle agit sous le contrôle du Parlement européen. Celui-ci investit le président de la Commission, auditionne chacun des commissaires pressentis, puis investit l'ensemble du collège des commissaires ; il peut à tout moment renverser la Commission.

Et ces pouvoirs ne sont pas théoriques. En 2004, le Parlement européen a récusé deux commissaires pressentis. En 1999, il a provoqué la chute de la Commission présidée par Jacques Santer. Est-il cohérent de se plaindre, comme on aime à le faire dans notre pays, d'une Commission européenne trop "lointaine", trop "bureaucratique" et de se désintéresser en même temps des élections européennes, qui donnent aux citoyens le moyen de la contrôler par l'intermédiaire de leurs représentants ?

Ceux qui critiquent la législation européenne ou le budget européen doivent savoir que, depuis les changements apportés par les traités de Maastricht, d'Amsterdam et de Nice, aucune décision essentielle en Europe ne peut être prise sans l'accord du Parlement européen. Avec le traité de Lisbonne, ce pouvoir de codécision ne connaîtra pratiquement plus d'exceptions. Qu'on se souvienne, par exemple, de la "directive Bolkestein", qui a été si souvent mise en avant lors du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel : si ce texte a cessé de susciter la controverse, c'est parce qu'il a été complètement réécrit par le Parlement européen, qui a pris en compte les inquiétudes qui s'étaient exprimées. Là également, est-il cohérent de se plaindre de la "législation imposée par Bruxelles", et de rester chez soi quand il s'agit de choisir ceux qui la font ?

La construction européenne demeure la grande affaire politique de notre temps. C'est elle qui permet aux pays qui constituent l'Union européenne d'avoir, ensemble, un poids dans un monde de géants.

Et qu'on ne dise pas que l'Europe est incapable d'utiliser ce poids : durant la présidence française, l'Union a montré qu'elle était capable d'être réactive et d'avoir un grand rôle dans la concertation mondiale pour lutter contre la crise financière et économique. Grâce à la construction européenne, nos pays qui, après deux guerres mondiales, avaient cessé d'être des acteurs de l'histoire, sont en train de reconstituer, ensemble, un pôle d'influence. N'est-ce pas un débat majeur que de savoir dans quel sens cette influence va s'exercer ?

Le choix des députés européens est un des plus importants de ceux que doivent faire les citoyens. Céder à la tentation du vote protestataire, c'est prendre le risque que l'influence des représentants français soit réduite à presque rien ! Au sein du Parlement européen, l'extrême gauche comme l'extrême droite sont là pour entretenir une agitation purement négative : ce n'est pas sur elles qu'on peut compter lorsque les intérêts et les valeurs de notre pays sont en jeu.

Or le Parlement européen, qui sera élu le 7 juin, aura à se prononcer sur ces questions essentielles : faut-il conserver une politique agricole commune ? L'Europe doit-elle se doter d'une politique industrielle ? Faut-il aller plus loin dans la libéralisation ou mettre en place de nouvelles régulations du commerce mondial ? Comment réorienter nos économies et nos sociétés vers le développement durable ? Faut-il aller vers plus d'harmonisation sociale en Europe ?

Lorsque ces questions capitales seront abordées, ne serait-il pas consternant que la plupart de nos représentants incarnent un folklore politique dérisoire au lieu d'être des élus responsables, capables de peser sur l'issue des débats ?

La construction européenne est une affaire sérieuse. Nous avons besoin de députés européens - qu'ils soient de droite, de gauche ou du centre - se reconnaissant dans les valeurs européennes et décidés à agir efficacement pour sortir l'Europe d'une crise économique et sociale sans précédent.

C'est dans la construction européenne que se joue une part déterminante de notre avenir. Il est temps que tous ceux qui en sont conscients s'emparent du scrutin du 7 juin pour participer au choix de cet avenir. Il faut se saisir de ce scrutin comme d'une chance !

 

Gérard Larcher est président du Sénat ;

Hubert Haenel est président de la Commission des affaires européennes du Sénat.

 


Article paru dans l'édition du 02.05.09

Antenne sociale de Lyon - René Valette
« Voter est un droit
S’informer est un devoir »


Le 7 juin nous allons élire nos députés au Parlement européen. Les 496 millions d’habitants qui peuplent les 27 pays de l’Union Européenne (U.E.) choisiront simultanément leurs 736 représentants, la France ayant droit à 78 députés.

Chez nous, traditionnellement les élections européennes ne mobilisent pas les électeurs,  Il est possible qu’il n’en soit pas ainsi cette fois car un nombre de plus en plus élevé de nos compatriotes considèrent que la dimension planétaire de la crise actuelle exclut des politiques et des initiatives strictement nationales. Cependant il n’est pas impossible que les difficultés des temps provoquent un repli identitaire et protectionniste sur l’hexagone et fassent flamber le nombre des abstentionnistes.


Les défis à relever, les enjeux de l’élection


L’avenir du traité simplifié

Les spécialistes s’accordent à considérer que le traité constitutionnel dit simplifié finira par être ratifié par l’ensemble des Etats dans l’année qui vient. Dans ce cas il sera progressivement mis en œuvre au cours de la prochaine législature. Les prérogatives du Parlement seront sensiblement élargies même s’il ne bénéficiera pas encore de toutes les attributions d’un véritable Parlement et le fonctionnement des institutions européennes, rendu difficile par le passage de 6 à 27 pays membres, sera facilité. En parlera-t-on pendant la campagne électorale ?

La question de l’élargissement

La Croatie (pays en majorité catholique) devrait assez rapidement devenir le 28ème pays membre, son adhésion ne suscitant pas d’opposition majeure. Il n’en est pas de même pour la Turquie, pays pour lequel, il faut le rappeler, les négociations d’adhésion aujourd’hui bien avancées mais non achevées ont commencé en 1963. Trois pays disent leur hostilité à une adhésion rapide, la France, l’Allemagne et l’Autriche, le Vatican longtemps opposé  est aujourd’hui favorable. Il est souhaitable qu’un débat sérieux, documenté et dépassionné ait lieu sur ce sujet à l’occasion de la campagne électorale. Par ailleurs devrons-nous accueillir favorablement les demandes d’adhésion à venir, émanant de pays de la péninsule balkanique ?

Quel avenir pour la zone euro ?

 Sur les 10 pays qui sont devenus membre de U.E. en 2004 seules la Slovénie et la Slovaquie ont rejoint la zone euro (Euroland) mais les 3 pays baltes, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont aujourd’hui dans l’antichambre du groupe des 16 Etats constituant l’Euroland.

La crise a secoué et secoue encore la zone mais tous les experts s’accordent à dire que sans l’euro la tempête aurait provoqué de lourdes dévaluations des monnaies nationales des pays les plus fragiles. Il n’est pas exclu que paradoxalement cette crise accélère l’entrée de nouveaux pays jusque là peu pressés comme la Pologne par exemple. Pour cela il faudrait sans doute que les procédures d’adhésion soient simplifiées et les conditions d’admission adoucies. En tout cas nul ne conteste que l’euro constitue un bouclier solide… au moins pour le moment. Durant la campagne le débat pour ou contre l’euro devrait s’en trouver apaisé.

Quel avenir pour la Politique Agricole Commune (P.A.C.) ?

Dans la période qui a suivi la signature du traité de Rome en mars 1957, la P.A..C. avait pour objectif essentiel d’assurer la sécurité alimentaire des pays membres. Objectif atteint.

La deuxième période celle des années 70 et 80 a eu à gérer des excédents de plus en plus coûteux, rançon de la réussite. Les prix à la production ont chuté ce qui a conduit les producteurs à évoluer vers une  agriculture de plus en plus intensive, certains disent productiviste pour compenser la baisse des cours. Il en est résulté une modification rapide des paysages, des menaces sur la diversité biologique, une pollution croissante des eaux, la standardisation des produits, parfois au détriment de la qualité, une accentuation des écarts entre les revenus agricoles selon les productions et une concurrence déloyale vis-à-vis des  pays de l’hémisphère sud, Bruxelles subventionnant largement les exportations.

Aujourd’hui la P.A.C. vit un moment vraiment historique. Sont ainsi à prendre en considération le type d’agriculture à privilégier si l’Europe fait le choix du développement durable, la place que l’on veut donner à l’agriculture familiale, la nécessaire solidarité dans l’hexagone, entre les régions et entre les diverses productions, la solidarité intra-européenne et la prise en compte de la montée récente de la sous-alimentation dans le monde et des émeutes de la faim qui en ont résulté.

L’agriculture occupe encore la première place dans le budget de l’U.E.,  près de 50 % des dépenses totales après avoir atteint 75 % il est vrai. Les moyens financiers existant pour une réforme profonde de la P.A.C.,  le débat devrait porter sur son contenu et sur les conséquences à court et à long terme des choix proposés.

L’Europe sociale

On dit souvent que l’U.E. souffre d’un déficit de social. Aujourd’hui, avec la crise, on reconnaît que le modèle social européen si vilipendé depuis les années 80 avec les politiques très libérales contagieuses initiées par M. Reagan et par Mme Thatcher, a finalement bien des vertus !
 
 La campagne électorale devrait être un moment privilégié pour définir une politique européenne coordonnée sinon unique pour sortir de la crise au moindre coût humain particulièrement pour les populations les plus fragiles et pour élaborer un nouveau modèle social européen si important pour le lien social. Il devra tenir compte des mutations en cours en s’inspirant des valeurs qui ont largement fait leurs preuves : solidarité intergénérationnelle, protection sociale, soins de santé de qualité pour tous, protection des personnes les plus vulnérables, accès à un logement décent  etc… Malmenées et dégradées depuis  2 ou 3 décennies, ces conditions d’un vivre ensemble sans trop de tensions sont sans aucun doute à restaurer. Toute campagne électorale est un bon moment pour le faire.

La question de la sécurité, les relations avec les Etats-Unis

Jusqu’à ce jour, tous les Etats de l’U.E. ont accepté le leadership des Etats-Unis pour assurer leur propre sécurité, cela sans réserve de la part des Pays de l’ancien bloc de l’Est mais aussi du Royaume Uni allié inconditionnel des U.S.A. et d’autres encore. La France, quant à elle, sans remettre en cause son adhésion à l’Alliance Atlantique était plus réservée. Cependant la décision récente du Président Sarkozy de rejoindre le commandement intégré de l’OTAN qu’avait quitté le Général  de Gaulle en 1963 indique sans doute un changement significatif en la matière.

   L’Europe devra déterminer la nature et  l’origine des éventuelles menaces auxquelles elle pourrait avoir à faire face. Peuvent-elles venir de la Russie à nouveau très présente sur la scène internationale ? de pays susceptibles de posséder à court terme l’arme nucléaire, comme l’Iran ou la Corée du Nord ?  du terrorisme plus ou moins toléré sinon encouragé par certains Etats ? Mais ne faudrait-il pas aussi considérer que les sentiments d’injustice, d’humiliation et de désespérance qu’éprouvent des populations constituent une des principales causes de tension dans le monde ? Or ce n’est pas avec un bouclier nucléaire, si sophistiqué soit-il qu’on traite ce type de problème.

Depuis l’élection de Barak OBAMA, la politique étrangère des Etats-Unis prend incontestablement une  autre direction. Dans les principales zones de tension ou de conflit, Russie, Syrie, Iran, Afghanistan, une nouvelle politique se dessine peu à peu. Il semble aussi que le soutien inconditionnel que les U.S.A. ont apporté jusqu’à ce jour à la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens soit reconsidéré.
Manifestement la donne globale change. Quelle sera alors la politique de l’U.E. si tant est qu’elle ait la volonté de parler d’une seule voix ? Dans ce contexte, le couple franco-allemand, aux liens aujourd’hui distendus va-t-il à nouveau jouer un rôle moteur comme il l’a fait pendant des décennies ?

Les relations avec « les » Sud

La convention que l’U.E. avait signée puis reconduite avec 77 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (A.C.P.)  a été sans aucun doute l’accord le plus original conclu entre le Nord et le Sud depuis la fin de l’ère coloniale. Les règles de fonctionnement de l’O.M.C., la montée d’une pensée strictement libérale pour régler les échanges entre pays et l’attention prioritaire portée aux pays d’Europe Centrale et Orientale après la fin du communisme ont peu à peu vidé la convention de ses aspects les plus originaux et les plus intéressants pour les pays A.C.P.

Il est probable que les relations renouvelées que les 27 auront à établir avec les divers Sud ne soient pas la première préoccupation des candidats. On parlera de la Chine, de l’Inde, du Brésil, des pays du Golfe, des pays émergents mais il est à craindre que les plus pauvres ne suscitent que peu d’intérêt et pourtant ils constituent la majorité des Etats. Qui, dans la société civile soulèvera cette question ?
Les ONG sans doute mais il ne faudrait pas qu’elles soient les seules.

Et si on parlait d’éthique

La crise actuelle a montré combien les bases de fonctionnement de l’économie mondiale sont à repenser. Le désengagement des Etats, les dérégulations, l’absence de contrôle réel des principaux acteurs de l’économie, le déplacement progressif du revenu du travail vers le capital, les abus en tous genres, la croissance des inégalités au Sud mais aussi en France et en Europe avec l’apparition de travailleurs pauvres devenus des précaires, ont créé des situations éthiquement inacceptables et politiquement dangereuses. Si on juge la qualité d’une organisation sociale à l’attention qu’elle porte à ses éléments les plus fragiles, l’U.E. a du pain sur la planche. Mais la crise est si profonde, si planétaire, car les économies sont devenues largement interdépendantes, qu’aucune entité régionale ne peut imposer seule de nouvelles règles du jeu, l’U.E. pas plus que les autres, mais elle a la capacité  de jouer un rôle important en ce domaine. Encore faudrait-il qu’elle en ait la volonté.

Plus largement, le moment est venu de penser ce que pourrait être une autre mondialisation, une mondialisation plus respectueuse de l’environnement, plus soucieuse de laisser une terre accueillante aux générations à venir, une mondialisation qui ne confond pas l’être avec l’avoir, les chrétiens pourraient dire une mondialisation qui soit moins Babel et plus Pentecôte.

Les experts prévoient que les flux migratoires devraient s’intensifier dans les décennies à venir, des réfugiés climatiques s’ajoutant aux personnes qui quittent déjà leur pays parce qu’elles sont persécutées ou parce que leurs conditions économiques de vie sont trop difficiles. Les élections européennes ne sont-elles pas un bon moment pour débattre sereinement de cette question des migrations ? Les chrétiens doivent se souvenir que la Bible, Ancien et Nouveau testaments rappellent fréquemment que l’accueil de l’étranger est une exigence voulue par Dieu pour son peuple.

La prochaine campagne des élections européennes doit être un moment privilégié pour un débat vraiment démocratique non seulement pour sortir de la crise mais aussi pour définir quelle conception on a du développement durable, quel sens on veut donner à la croissance, quelles solidarités à tous niveaux on veut mettre en œuvre et pour dire ce qu’on attend de l’Europe en la matière.

Cette attente risque d’être largement déçue mais il n’est pas interdit de rêver… avec lucidité !
Et puis Don Helder Camara, l’ancien grand évêque de Recife au Brésil ne disait-il pas : «  Quand on rêve à plusieurs c’est déjà un début de réalité » et aussi « L’utopie partagée est le ressort de l’Histoire »

Antenne Sociale de Lyon
 Rédigé par René Valette
                                                                                                                               Lyon, mars 2009