Cinéma du 6 juin : « le gamin au vélo » des frères Dardenne

 

Quand on connaît les films précédents des frères Dardenne : depuis « la Promesse », « Rosetta », « le fils », « l’enfant » jusqu’au dernier le ténébreux «le silence de Lorna », celui-ci « le gamin au vélo » est lumineux et nous laisse un espoir sur la possibilité pour Cyril se s’insérer dans une société et une famille, lui le » sans père ».

Nous étions huit bien assis au bistrot et, pour une fois, en cercle ce qui nous a permis de débattre tranquillement. Une des premières questions évidemment a porté sur les motivations de Samantha pour garder cet enfant bagarreur et rebelle : c’est une sainte ! Mais ce n’est pas une bonne sœur ! Mais qu’est –ce qui la fait tenir face à cet enfant qui lui en fait voir de toutes les couleurs ? Justement les Dardenne ne donnent aucune explication sur les raisons qui lui font choisir Cyril contre son compagnon.

On peut répondre c’est de la fiction mais aussi on peut dire que Samantha est, au delà de la charité, dans une posture éthique tout simplement humaine : elle est celle qui empêche Cyril de sortir définitivement de la société des hommes.

L’autre débat : s’agit-il d’un milieu misérable ou pas ? On sait que les Dardenne filment toujours dans la ville de Seraing, ville belge francophone, près de Liège : au 19°siècle, c’était une ville d’industrie sidérurgique qui a eu un haut fourneau de coke ; « cette ville, dit Luc Dardenne, on l’a vue se décomposer, se vider, on a vu les usines et les gares se fermer avec la crise de la sidérurgie ». Maints détails montrent dans le film la précarité des individus dont témoigne le père de Cyril. On parle des exclus dit encore Luc Dardenne, des gens sans père ni mère, de la trahison entre générations. Nous avons sans doute du mal à comprendre ce père qui ne veut plus revoir son fils pour se refaire une vie.

Ce gamin rebelle, qui ne renonce jamais, un vrai sauvageon qui n’arrive plus à pleurer et qui pédale comme pour lutter contre le découragement, nous émeut sans que les Dardenne n’utilise ni pathos ni psychologie. Quel acteur ! Il faut savoir que ces réalisateurs utilisent toujours des inconnus dans leurs films.

Derrière le désespoir de l’enfant, on veut croire à la fin du film à l’espoir de la rédemption.

Aline