Fiche
N° 8 bis Liberté de soi et dépendance, maîtrise de sa vie
Pourquoi
Cette fiche est pensée
en fonction de la population des séniors (actuellement les plus de
soixante ans).
Celle-ci est loin d’être uniforme puisqu’elle s’étend aujourd’hui sur quarante
ans et comporte donc
deux générations de citoyens bien différenciées. On ne peut plus
seulement penser cette
population en terme de « prolongation de la vieillesse » mais tout
autant en terme de
prolongement de la maturité et même de son renouvellement dans les
premières années de la
retraite. Un changement d’image sociale doit se faire pour que les
séniors puissent
trouver et garder leur place de citoyen et d’acteur social en avançant en
âge.
La deuxième génération
doit être traitée en fonction des nouveaux savoirs qui la
concernent en
particulier le rapport étroit aujourd’hui établi entre l’ état physique, mental
et
moral des plus de
soixante-dix-huit ans et la vie qu’ils ont vécue dans les premières
années de la retraite.
Lorsqu’ils lâchent alors leurs activités sociales, c’est pour eux une
seconde retraite dont
on ne comprend pas encore les conséquences humaines, civiques
et sociales pour le
grand âge. Rester un(e) citoyen(ne) actif(ve) éviterait souvent de
tomber dans la
dépendance.
-Objectifs
porteurs de sens pour un Pacte Civique qui porte aussi sur la vie des séniors
( liberté de soi,
dépendance, maîtrise de sa vie) Les objectifs soulignés ici s’adressent
autant aux séniors
eux-mêmes qu’à ceux qu’ils fréquentent des autres générations afin
qu’ils acquièrent un
autre regard sur leurs aînés.
-Vivre sa retraite
comme le moment enfin venu de consacrer du temps à la vie civique et
non comme le moment de
« bouffer du loisir » quelles qu’en soient la qualité et les
conséquences pour les
autochtones.
-Avoir une vigilance
soutenue sur les choix de vie, les comportements, les actes posés qui
expriment un souci de
citoyen qui se prend en charge.
-Maintenir les liens
du passé mais avoir le souci de nouveaux liens avec des gens
différents dans son
environnement, au cours des voyages à l’étranger et apprendre de
nouvelles langues-
-Considérer que le
sénior a un rôle de « veilleur », avec un regard critique affiné, une
bonne distance et une
éthique sans compromission.
-Engagements personnels
Le développement de sa
propre personne et sa capacité de changer en lien avec les
autres sont des
conditions essentielles pour jouer un rôle de citoyen en démocratie, d’où :
-Acquérir peu à peu la
liberté que la retraite offre pour se libérer de contraintes inutiles et
de vieilles habitudes,
savoir dire non et choisir ses activités, chercher en soi ce qui pourrait
nous rendre créatif et
innovant pour nous-même et pour les autres.
-Transformer nos
dépendances subies en dépendances voulues, choisies, sinon retrouver
notre liberté en les
refusant et en les remplaçant par une activité désirée. Les
dépendances dûes à la
maladie ne sont évidemment pas choisies, elles peuvent se vivre à
l’intérieur d’une
liberté qui y consent dans la réciprocité d’attention avec le soignant
reconnu et respecté.
-Prendre en charge nos
propres vies et aider les autres à le faire pour éviter la
consommation passive
(T.V. magazines, rituels de repas , médicaments ) et le transfert
sur autrui de tout ce
que l’on ne fait plus l’effort de résoudre ou de comprendre
(assistantes sociales,
enfants adultes, amis dévoués, oeuvres caritatives , médecins, etc ).
Le rapport aux autres,
la participation à la vie civique grâce au partage de tâches,
incombent aux séniors
qui garderont ainsi en mains leur existence parce qu’ils devront
répondre de leurs
actes aux yeux d’autrui.
-Echanger avec les
enfants et les petits-enfants sur l’actualité civique et politique, oser
donner un point de vue
et l’argumenter, témoigner de ses choix et de ses actes, engager à
réfléchir et à agir.
Eviter le plus longtemps possible de « se dire en dehors du coup » mais
rester modeste,
écouter les opinions, demander des explications.
-Engagements collectifs
-S’engager au sein des
associations et des institutions intéressées par et pour les séniors
à militer pour que les
deux générations de séniors se retrouvent sur des tâches civiques
communes et découvrent
qu’elles ont beaucoup à s’apporter mutuellement. Les plus
jeunes séniors
permettent aux plus âgé ( les séniors plus) de rester au maximum
dans le
coup, les plus âgés
pouvant faire découvrir que la vieillesse est un achèvement qui
dépasse et transcende
la dégradation.
-S’engager au sein des
familles, des associations et des institutions à agir pour faire
évoluer les idées
reçues sur la dépendance : faire entendre que garder le plus longtemps
possible de petites
responsabilités permet à la personne de sauvegarder un peu de
mémoire et de
conscience d’elle-même. Le souci social excessif de sécurité, la peur
entretenue par les
institutions, les familles amenuisent souvent fortement la liberté de soi
et la maîtrise de sa
vie de ceux qui commencent seulement à avoir quelques problèmes
(on ne sort plus le
soir pour des réunions de quartier par exemple). D’où la perte
d’appartenance et du
souci des autres qui conduit à l’isolement.
-S’engager à militer
auprès des médecins et soignants pour qu’ils favorisent l’autonomie
des malades en leur
donnant patiemment les informations nécessaires et les explications
adaptées à la prise en
charge personnelle de leurs problèmes de santé. Ils auront à coeur
d’en contrôler l’acquisition
au fil du temps.
-Interpellation des structures
-La dépendance est
actuellement l’objet d’une réforme importante, toujours à l’étude. Elle
semble être
essentiellement d’ordre technique et médical. Va-t-elle s’accompagner d’une
étude des causes
autres que médicales ? Nous les avons évoquées précédemment. A
partir du moment où la
personne âgée est mise dans une institution, « elle entre en
dépendance » et la
dépendance des résidents convient hélas mieux à l’organisation que
la liberté de soi.
Cette dernière n’est pas du tout pensée généralement. La réforme devrait
prendre en compte
cette dimension humaine.
-La formation des
personnels soignants et accompagnants est assurée par l’institution
dans les maisons
médicalisées mais elle semble souvent très sommaire. La marche par
exemple n’est pas du
tout encouragée : les personnes marchent lentement et il est plus
vite fait de les
embarquer en chaise roulante…
- La maltraitance est
souvent liée à la dépendance, elle existe aussi bien à domicile de la
part de la famille ou
d’aides auxiliaires qu’en institutions de la part des personnels, elle est
difficile à repérer
car les sujets maltraitées n’osent pas le faire savoir, craignant les
représailles. Des
réseaux de proximité pourraient jouer un rôle efficace dans ce domaine.
- Les problèmes de
tutelle et de curatelle sont souvent inextricables. Il y aurait lieu d’en
clarifier et d’en
simplifier la règlementation
-