IDA
film de Pawel Pawlowski (3 mars 2014)
Film en noir et blanc, aux dialogues intenses et
retenus, aux plages de silence, au sujet austère
dans la Pologne des années 60.
Anna, orpheline, a été élevée dans un couvent.
Jeune novice, elle doit prononcer
prochainement ses voeux.
Avant la cérémonie, la mère supérieure l’envoie
rencontrer la seule famille qui lui reste!: sa
tante Wanda qui n’est jamais venue la voir
Tout sépare ces deux femmes!: l’une, catholique fervente, n’a connu
que son couvent!; l’autre
a cru en la Révolution qui lui a permis de devenir procureur dans
la Pologne communiste.
Wanda a l’allure d’une femme libre, elle fume, elle boit, elle conduit .
Ces deux femmes
n’ont en commun qu’un lien de. parenté et un passé tenu secret
. Wanda apprend à sa nièce
qu’elle s’appelle Ida Libenstein, qu’elle est juive et que ses parents ont
été exterminés.
Ida a quelque de chose des héroïnes de Robert Bresson une innocence
et une pureté dont elle
n’a pas conscience et qui a peut-être touché Wanda. Elle, blasée
et tourmentée, va accepter de
partir avec sa nièce à la recherche des dernières traces
de leur famille pour enterrer leurs
corps.
Voyage irréel dans la campagne polonaise déserte!, à
travers des champs de neige, des arbres
défilent, elles arrivent dans un village et un sous-bois où
elles découvrent l’horreur
absolue! : les restes de leurs parents assassinés par un fermier
polonais.! «!Et si en allant là-bas,
tu découvrais que Dieu n’existait pas!»!? avait demandé
Wanda à Ida… Peut-on croire encore
en Dieu!? en l’homme!devant l’innommable?
Ida découvre l’existence du mal, de crimes froidement perpétrés
et enfouis dans la mémoire
collective polonaise.
Plans fixes en noir et blanc, beauté des paysages, vie et souffrance
intimement liées.
Ce voyage initiatique ouvre Ida à la complexité de la vie
et du monde grâce à la rencontre
d’un jeune saxophoniste qui lui propose de partir avec lui. Ida va t-elle
se laisser séduire par
l’amour humain et suivre le jeune musicien!?
Ida, lumineuse mais pensive après l’amour!: et après ?demande-
t-elle.
Le matin, elle se lève en silence, enfouit sagement ses cheveux sous
son voile, empoigne sa
valise et soudain libre - elle sait qui elle est et ce qu’elle veut enfin
- marche d’un pas alerte
sur la route qui mène au couvent. Un prélude de Bach l’accompagne.
Elle marche vers son
destin.
Ce film évoque bien sûr l’histoire polonaise entre occupation
allemande, régime communiste
et forte identité catholique. Les deux actrices Agata Kulesza ( Wanda)
et Agata
Trzebuchowska (Ida), aussi excellentes l’une que l’autre, sont comme des
symboles de tous
les juifs polonais disparus en Pologne.
Le réalisateur Pawel Pawilowski aborde sans pathos mais avec finesse
la question du mal sans
y répondre directement. Peut- être n’y a t -il pas de réponse
si ce n’est assumer son histoire
comme Ida avec la force de l’innocence.
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