Le sentier de Callelongue -

 

Connais-tu ce sentier qui longe les calanques vers Marseilleveyre ?

Callelongue, la « calle », c’est à dire le long, étroit, petit port, qui au bout de la route goudronnée des voitures, s’enfonce un peu dans le vallon pédestre de la colline voisine.

Une dizaine de bateaux de petite taille sont hissés sur les rochers pentus, le nez au bord des terrasses ou des escaliers des petites maisons qui longent en petite hauteur le « port ». Bateaux au repos.

C’est l’hiver et la pêche des riverains, ici, maintenant, en résidence secondaire, est suspendue……..surtout avec le très fort Mistral de ce jour.

A l’été, les barques, seront dans l’eau, nez accroché au bord du petit quai et se dandinerons sous l’effet des vaguelettes poussées par la brise de mer.

D’autres bateaux sont au bout de l’eau, posés sur des dalles qui parsèment ce fond de petit vallon. Quelques maisons, des « cabanons d’été » se pressent sur le peu de terrain horizontal.

Les souliers solides au bout des jambes (assez musclées ?...) commencent la grimpette dans les sentiers aux formes si diverses. Les pierres roulent sur la pente et leur forme sont devenue ovale ou ronde du fait du frottement actif de tant de promeneurs.

Une voie étroite, dure, droite et très raide permet d’accéder au sommet de la colline vers la vigie ancienne qui domine le piton et la mer, et permettait, avant, de surveiller les navires en route.

Mais nous tournons vers la droite afin de contourner, plus paisiblement, cet énorme bloc rocheux. Les pierres roulantes, les roches, les lisses plats de calcaires montants vers le sentier un peu tracé sont glissantes, encombrées, bougeantes, difformes. Le choix des poses de pieds au sol n’est pas réfléchi, logique, c’est le hasard qui commande, avec les trébuchements qui en résultent. La nature vagabonde en tous sens au hasard du vent, de la pente, de la consistance du sol…….

Nous dominons, d’un peu haut, le long et étroit plan d’eau, du petit « port », et le bleu de la mer et ici inséré dans le blanc de la roche calcaire et le vert de la végétation courte en hauteur, solide dans ses branches feuillus, qui parsème le sol quand la rare terre le permet.

Vers le haut de ce parcours de courageux membres d’associations de marcheurs ont avec beaucoup de peine et de courage persévérant, creusés la roche en de courts endroits afin de créer ce rugueux moyen d’accès au pourtour de la colline.

Déjà, sans avoir atteint le plus haut du sentier quand, pour souffler un peu, l’on fait une courte pause, le regard découvre déjà la beauté des alentours, des environs.

Vers les rugueuses pentes des collines voisines d’énormes parois striées de fissures et de formes bosselées s’élèvent dans le bleu du ciel parcouru par de rares blancs nuages. C’est du haut de ces sommets entourant Marseille que l’on voit Marseille : …………Marseilleveyre !

Vers le long de la côte, au loin, devant, l’ile Maïre est posée dans l’eau avec ses immenses découpes pointues des hauts de l’énorme massif rocheux. Le bleu de la mer, en harmonie avec le bleu clair du ciel s’agite de nombreuses franges blanches soulevées par le fort mistral de ce jour. Ses vagues à la crête blanche d’écume que les plaisanciers marseillais appellent des « moutons » (et les météorologues « des vagues force 3 ») parcourent à vive allure tout l’espace visible de la mer. Et souvent des poignées d’écumes blanches s’échappent de la mer pour parcourir de libres survols. Est-ce la laine des troupeaux de « moutons » qui s’envole au vent…. ?

Nous poursuivons notre montée pentue et trébuchante. Puis une pente moins raide permet de trouver un court espace de marche un peu plus plat, qui repose, un peu, un moment, genoux ……..et le reste du corps.

Mais la montée reprend car il faut aller vers la mer du large et une grande et haute entaille dans la colline est à surmonter car elle est devant nous. Chemin, montant, encore un peu paisible que longe des petits pins, arbres résineux entièrement courbés vers le sol et, vers nous, par le vent du Nord.

Puis c’est, sur la face mer de notre très pentu piton rocheux, qu’existe une trace sinueuse, glissante, désordonnés, avec de petites montées, de petites descentes, un sol rocheux et lisse, bosselé de toutes formes ……..Lisse car des années et des années de hardis promeneurs nous ont devancés et leurs chaussures, qui, avant, étaient cloutées, ont agit comme une râpe brutale. C’est le parcours le plus hasardeux sur cette très verticale pente. Hasardeux car sommes-nous sur la piste…….. ? Ou dans une déviante qui ne mènera à rien………. ?....... C’est la partie de la colline qui est en parallèle avec la côte de la mer.

Nous avons contourné difficilement l’amas de roches. L’on voit bien plus bas, aux pieds zigzaguant de notre colline, la mer si agitée que c’est un très large trottoir blanc d’écume mouvante, montante et descendante, qui dessine sans cesse la jonction incertaine et fluctueuse de la terre et de la mer !

Et au loin de la mer, ce sont les iles côtières qui à quelques kilomètres de nous meublent l’horizon. Archipel et ile de Riou, Plane, Congloué, Jarre …….… Habitées de goélands et de …….… rats !……… Et, vers le plus loin, se dessine le fameux Bec de l’Aigle, après Cassis. Les noms sont dans ma mémoire car notre voilier les a si souvent longés, accosté, pour un bref repos ou une nuit de délice, avec les appels des goélands (« gabians » à Marseille !)….et des protections sur nos amarres pour éviter, si possible, la montée nocturne des rats aventureux car affamés……..

C’est le moment de se dire, maintenant, si l’on arrête là, nôtre parcours si accidenté, ou bien si l’on poursuit notre aventure vers une voie lointaine, plus reposante, après ces sinueuses voies ou le brillant de la roche usée est parfois la seule trace du passage à tenter. Il est vrai que les hardis pionniers de cette trace ont posé quelques courtes larmes de peinture blanche et rouge nous permettant parfois de se dire « c’est bien là ». Mais aller encore plus loin, c’est s’éloigner encore plus de la douceur de notre appartement du Vieux Port!

Mais le Mistral est fort, très fort. Il malmène notre équilibre en permanence et nos mains et nos bras sont souvent accrochés à la roche sur cette raide pente pour ne pas être en déséquilibre quasi permanent. Et, encore, nouveau problème dans cette partie du parcours, car le vent était dans notre dos avec ses secousses soudaines et sa force brutale. Mais, en revenant, il faudra, en plus lutter contre lui pour revenir sur notre parcours, et avoir nos yeux pleurant devant cette force si brutale ! Et avec les mêmes problèmes d’un sol instable, souvent fuyant, avec des montées et des descentes désordonnées en tous sens. Ah, que la nature est passionnante, surprenante et belle quand on peut, encore la parcourir avec hardiesse ! Belle aventure !

Je suis là avec une de nos « petites » filles venant de son travail à Paris et voulant recevoir les rayons de « notre » soleil, toucher nos collines sauvages, rugueuses, si diverses, et admirer la mouvance de notre mer aux formes et couleurs si changeantes, avec une douce pose d’un miroir merveilleux, ou une très brutale agitation ou les vagues et leur écume semblent nous quitter pour courir vers des lointains inconnus !

Nous rentrons.

Contente Alix ?........

 

Saint Modeste, 24 février 2015

André FAUQUET

Nota = Ce saint était bien du jour !