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REUNION 27 FEVRIER 2015 ATELIER VIE SPIRITUELLE

Chapitre 12 Geffré l’émergence d’un Islam européen à l’épreuve de la modernité, chapitre d’une actualité brûlante et à ce titre tout à fait intéressant.
Dans ce chapitre 12, Geffré constate l’émergence d’un Islam européen ( 16 millions de musulmans dans l’Union Européenne) . Outre la rivalité entre sunnites et chiites ; l’Islam est divisé entre un Islam radical et un Islam modéré.
Du fait de la mondialisation, il est confronté aux valeurs de l’Occident. Cette confrontation parfois violente entre Occident chrétien et monde musulman a existé à plusieurs périodes de l’histoire.
La thèse de Geffré : le rejet de la modernité par l’Islam est lié à la substance même de la Modernité en Europe : le refus de toute transcendance.
L’Eglise catholique et la Modernité
D’un point de vue sociologique, la modernité est définie par deux évènements majeurs : la révolution démocratique et la révolution industrielle mais aussi par l’émergence du sujet humain conscient de son autonomie et le rejet de toute hétéronomie que ce soit celle de la religion, d’une Eglise ou de Dieu lui-même et par l’émergence de la raison critique c’est –à –dire l’approche rationnelle de tous les phénomènes de la nature et de la société. On admet pour vrai que ce que l’on est capable de comprendre soi-même. Les Lumières ont rejeté l’autorité d’une Révélation, l’autorité
d’une Eglise infaillible et l‘autorité même de Dieu.
L’Eglise catholique a condamné d’emblée la modernité en particulier la liberté religieuse et la liberté de conscience.
Seulement dans les années 60, Vatican II a reconnu la liberté religieuse en estimant qu’elle ne compromettait pas la vérité révélée et a accepté la séparation de l’Eglise et de l’Etat (renoncement à l’idéologie de la vérité obligatoire - liberté religieuse affirmée Geffré p. 213)
Les acquis de la modernité entre autres liberté de conscience et liberté religieuse, risquent de favoriser un nihilisme ou un néo paganisme. Serions- nous aller trop loin dans le rejet de la religion ?
Question qui mériterait un débat.
Pourtant le sens du sacré n’est-il pas inhérent à tout homme ?
L’Islam et la modernité
Avec ses différents courants, son histoire, les différentes formes qu’il prend dans les pays arabes, en Asie et en Afrique, l’Islam nous apparaît complexe, mal connu de nous.
Geffré parle d’un Islam européen et surtout français, semble t–il.
A ce titre, tout le passage qui traite de la naissance de ce troisième monothéisme nous paraît intéressant.. Il a surgi 600 ans après la venue de Jésus et il affirme avec force l’unicité de Dieu en récusant L’incarnation et la Trinité.
Il pense que les Chrétiens ont falsifié le message de Jésus.
La rivalité entre christianisme et Islam est une rivalité mimétique, dit Geffré :on trouve des ressemblances entre ces deux monothéismes :
- La même ambition eschatologique
- La même prétention à l’universel :à la différence du judaïsme, elles sont missionnaires et se disent détentrices du salut
.- Elles se réclament d’une vérité absolue contenue dans une Ecriture
La Révélation a été considérée comme une vérité immuable par les théologiens chrétiens et musulmans pendant des siècles.
Mais l’Eglise catholique a entrepris un travail critique et herméneutique des textes bibliques et évangéliques alors que le Coran est considéré par les musulmans comme la Parole même de Dieu.
Il y a donc une différence essentielle entre le christianisme et l’Islam qui est une différence culturelle qui se situe à plusieurs niveaux :
- la conception des rapports entre la religion et la société civile
- l’autonomie des personnes et la liberté religieuse
- la raison critique à l’égard des dogmes.
En ce sens, les acquis de la démocratie et de la laïcité sont en contradiction avec l’Islam.
Qu’en est-il de l’Islam de France ?
L ‘Islam n’a pas un clergé organisé, hiérarchisé et institutionnalisé comme l’Eglise catholique avec un Chef le Pape.
Pourtant L’Islam a connu un âge d’or qui a été suivi d’une période de décadence. Un courant réformiste a émergé au 19ième siècle avec un effort de recherche et d’interprétation et la pratique de l’ijihad. Mais les Frères Musulmans avec Hasan El Banna ont pris le dessus avec la volonté d’islamiser toute la société. Cet Islam politique instaure une confusion entre le politique et le religieux qui ne sont pas séparés.
L’Etat de droit fondé sur le Droit social, l’égalité des citoyens, la laïcité de l’Etat, la liberté religieuse sont des valeurs démocratiques qui fondent l’Union Européenne.
Mais il y a un décalage entre cet idéal démocratique des sociétés européennes et la plupart des sociétés musulmanes.
L’Islam peut-il évoluer, se demande-t-on ?
Qu’est-ce l’Islam de France ?
L’Etat doit- il intervenir pour « faire entrer » l’Islam dans la République ?
Comment concilier l’appartenance à la communauté musulmane et l’appartenance à la société civile ? entre assimilation et communautarisme, quelle citoyenneté promouvoir ?
En conclusion, l’obstacle fondamental au dialogue entre christianisme et Islam est d’ordre théologique. Chrétiens et musulmans n’ont pas la même conception de la Révélation. Pour les
musulmans, Mahomet n’est « qu’ un transmetteur » de la Parole de Dieu qui est lui-même auteur et Prophète.
Les Chrétiens eux, se réfèrent aux Evangiles qui, en dehors de quelques paroles de Jésus, sont le produit de la tradition interprétative de la première communauté chrétienne.
Enfin, ils ont une tradition herméneutique qui estime que l’on ne peut accéder à un texte du passé en dehors d’un contexte historique et culturel. Certains penseurs de l’Islam cherchent à le faire évoluer aussi dans ce sens.
Par ailleurs il ne faut pas négliger le poids des représentations dominantes que chaque communauté - les Chrétiens et les Musulmans -ont l’une de l’autre qui ne facilite pas le dialogue. Ces représentations sont d’autant plus exacerbées par les récents évènements terroristes qui entraînent des confusions entre Islam et Islamisme.

NB : J’ai essayé de retrouver le fil de l’argumentation de Geffré tout en insérant les éléments de notre débat. J’espère que vous vous y retrouverez.
Pour la prochaine fois, nous avons décidé de terminer le chapitre 12 (p. 217 à 224) et pour ceux qui le veulent de réfléchir plus personnellement aux nombreuses questions soulevées par ce chapitre. Aline.
PROCHAIN ATELIER 27 MARS 2015

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