Il me paraît utile de rappeler la structure de ce chapitre et du discours de Jésus à Capharnaüm pour saisir la logique interne du récit de Jean : Jean construit son récit de manière à révéler progressivement aux Juifs ( et à nous ses lecteurs) l’identité de Jésus fils de Dieu, pain de Vie pour le monde.
On peut distinguer plusieurs séquences.
V..26 -31 : la nécessité de la Foi: « l’Oeuvre de Dieu c’est que vous croyiez en celui qui m’a envoyé »
V. 32-46 : Jésus pain de Vie, envoyé par le Père pour donner la Vie au Monde.
Malentendu avec les Juifs qui résistent à ce message.
V. 47-52 La révélation progresse en reprenant les mêmes motifs et en les approfondissant : « le pain que je donnerai c’est ma chair pour la vie du monde. »
On retrouve des idées émises dès le Prologue : le Verbe s’est fait chair, cette chair s’est faite pain de Vie = Parole : sont évoqués l’Incarnation, la mort de Jésus ainsi que le
temps de l’Eglise avec l’Eucharistie. Au fond les mystères mêmes qui fondent le christianisme.
Mêmes réactions incrédules des Juifs.
V. 53-59 : annonce de la pratique eucharistique dans la prolongation de la manne reçue au moment de l’Exode, l’Eucharistie comme gage de la vie éternelle et temps de
rencontre avec Jésus.
V.60-71 : La plupart de ses disciplines ne peuvent pas croire à ses paroles et beaucoup se retirent.
Parmi les Douze, Pierre confesse : « tu as les paroles de la vie éternelle"  Mais Jésus, lui, sait, la trahison à venir.
Dans ce chapitre, on note le contraste voulu par Jean entre une révélation de plus en plus explicite et un désenchantement progressif des Juifs et de certains disciples.
Ce chapitre VI est complexe : enraciné dans la tradition biblique ( Exode), la vie publique de Jésus et la relecture chrétienne qu’en fait Jean avec le message fort qu’il veut
transmettre : Jésus fils de Dieu, venu pour donner la vie éternelle au monde.
Ce long discours de Jésus sur les vérités essentielles du christianisme rapportées par Jean laisse sans voix notre groupe ou presque.
Comment recevons -nous ce message ?
Alors que les Juifs attendent des signes, un Messie triomphant, Jésus leur annonce qu’il leur enverra une manne impérissable.
Les Juifs résistent, rationalisent, ont du mal à croire à cette révélation. Ne sommes - nous pas un peu comme eux ?
Pourtant seule la médiation de Jésus peut nous dire l’indicible de Dieu.
Ce discours de Jésus est en continuité – nous l’avons dit avec le Prologue de Jean : la Parole, Le Verbe s’est fait chair pour le monde. Jésus, seule voie qui mène à Dieu.

La Parole faite chair est une nourriture spirituelle. Ce n’est pas un rite magique ou anthropophage qu’évoque Jésus malgré le réalisme des termes : manger ma chair :
« croquer » en grec.
V.63 Jésus dit : « c’est l’esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien, les paroles que je vous ai dites sont esprit. »
Ce chapitre témoigne aussi de la double nature de Jésus, homme et Dieu. Nous aussi sommes chair et esprit.
Pour certains de notre groupe, cette double identité de Jésus ne pose pas de problème.
D’autres comme les Juifs en doutent et butent toujours sur les mêmes questions : qui est ce Jésus ? vient-il au nom de Dieu ? Dieu existe-t-il ?
En conclusion, ce chapitre VI est une vraie christologie où Jean affirme à la fois la continuité de Jésus avec la figure de MoÏse et son dépassement ; au -delà d’un Jésus
historique, Jean montre un Jésus divin qui transgresse les lois de la nature ( cf : la multiplication des pains et la marche sur l’eau). Qui plus est, Jean annonce le temps de
l’Eglise par la pratique eucharistique pour demeurer en Jésus.
Mangez ma chair, buvez mon sang serait quelque chose d’inaudible pour les Juifs et même de scandaleux car le sang est le symbole de la vie. Ce qui expliquerait leur rejet.
Quelle signification a pour nous aujourd’hui cette révélation de Jean ? en quoi elle modifie notre comportement quotidien ? est-ce qu’elle nourrit notre vie spirituelle ?
Ce message nous concerne t-il de manière vitale ou sommes nous comme les Douze qui s’exclament : « à qui irons-nous ? »
Vers qui ou vers quoi nous tourner ? autrement dit, ce message évangélique donne t-il sens à notre vie.? Ou est-ce faute de mieux ?
Y-il d’autre moyen de trouver sens à notre vie ? questions ouvertes…
Nous nous demandons si ce travail sur l’évangile de Jean nous fait progresser dans notre vie spirituelle ou au contraire tourner en rond.
Ne faut-il pas revenir à des lectures profanes – des livres- qui nous ouvriraient à des questions existentielles et nous permettraient de nous impliquer ? Question ouverte
Pour l’instant nous continuons.
Prochaine réunion vendredi 16 décembre même heure même lieu
Travaillez le chapitre VII en entier

A.Dhers 24/11/2016

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