2017 Septembre

Barbara
Une actrice va jouer Barbara, le tournage va commencer bientôt. Elle travaille son personnage, la voix, les chansons, les partitions , les gestes, le tricot, les scènes à apprendre, ça va, ça avance, ça grandit, ça l'envahit même. Le réalisateur aussi travaille, par ses rencontres, par les archives, la musique, il se laisse submerger, envahir comme elle, par elle.

Le Monde matinal en ligne du 06-06-17
Le premier plan de Barbara montre le reflet d’un visage de femme sur le couvercle d’un piano. Un peu flou mais immédiatement reconnaissable. Ce jeu d’images ouvre les portes d’un palais des miroirs que Mathieu Amalric et Jeanne Balibar ont construit autour de la figure de la chanteuse, morte il y a vingt ans. Le réalisateur et l’interprète font mine de se perdre eux-mêmes entre la fiction d’une biographie filmée et la réalité du tournage de celle-ci, alors qu’en réalité ils conduisent d’une main très sûre le spectateur à travers la vie et l’art de Barbara. Le signe le plus évident de cette réussite faite de virtuosité et d’amour est d’emporter l’adhésion d’un spectateur généralement indifférent à l’artiste et à ses chansons, ce qui est le cas du signataire. Jeanne Balibar est à la fois la Dame en noir et Brigitte, une diva exilée qui revient à Paris le temps de jouer le personnage pour un film dont Mathieu Amalric interprète le réalisateur, confit en dévotion face à son sujet. Barbara est un éloge de la diva, une démonstration qu’il est nécessaire qu’existent des êtres pour qui l’extravagance et l’affectation sont les chemins de la vérité. A rebours de la pédagogie souvent étouffante des biographies filmées, Barbara force à fouiller dans ses souvenirs (si l’on est assez vieux) et ses connaissances. L’occasion de découvrir une artiste dont la plus belle création pourrait être ce personnage fantastique ici ressuscité, Barbara.

(clic sur les images pour les agrandir)

Commentaires

Jacqueline M.
Je vais me cantonner à résumer les critiques des spectateurs du groupe après la séance. L'une d'entre nous n'a pas aimé le film et a préféré quitter le groupe immédiatement après la séance.
La qualité d'actrice de Jeanne Balibar et son excellente imitation, scrupuleuse dans les moindres détails de Barbara,  de sa présence sur scène, a été saluée. Le timbre de voix de l'actrice-interprète rendait reconnaissable partiellement celui de la chanteuse malgré les efforts déployés, mais peut-il en être autrement ?
 Le réalisateur, par les superpositions des deux femmes et les fondus-enchaînées "confond" les deux femmes qu'il a aimées, l'une platoniquement puisqu'il n'a pas connu la chanteuse et l'autre son ancienne compagne. Que veut nous montrer Amalric en créant son film par l'entremise du metteur en scène de la fiction : son amour de Jeanne Balibar dans la vie vraie ou celui d'une femme de souvenir, voire "onirique"pour lui ? Beau film sur l'identification : Jeanne Balibar pour Barbara ; Jean Amalric pour les amants de Barbara par l'intermédiaire de Yves, le metteur en scène du film. [En fait le tournage d'un film est le prétexte de la narration d' histoires d'amours qui se confondent]
Notre réserve est en accord de celle de Critikat.com : "Yves [le cinéaste de la fiction] ... dépeint comme un cinéaste qui aurait la nostalgie de ce qu'il n'a jamais vécu (assister aux concerts de Barbara, être aux premières loges de telle ou telle conversation), il se retrouve progressivement cantonné, une fois le secret de sa passion révélé, à incarner la fascination que provoque la fantasque interprète. Cette déférence un brin raide, ce fétichisme pour les traits et la voix de Barbara, finit par vider le film de l'intérieur, jusqu'aux dix dernière minutes où Amalric semble rajouter sans réelle nécessité un appendice à son exercice, pour le plaisir de filmer encore un peu plus Brigitte [l'actrice de la fiction], Jeanne et Barbara".
Impression générale du groupe : film intéressant mais pas un grand film noté 6/10, avec quelques déceptions. 
A ne pas manquer si possible une interprétation remarquable qui fait revivre le répertoire de Barbara, signalée par Philippe :  Carole TIMOTEO accompagnée d'Antoine ROOSFELDER. On peut en écouter  des extraits sur Youtube.

Marc :
J'ai trouvé ce film bien fait. Il m'a fait rêvè ! Une présentation originale de Barbara, une idole que je ne connaissais pas bien. A savoir si les fans de Barbara s'y retrouvent, c'est une autre affaire

La Voix du Nord
 par Philippe Lagouche
La fiction et la réalité s’enchâssent au gré des déclarations amoureuses que semble prodiguer le réalisateur à son ex-épouse qui ne démérite pas devant un micro. Malgré les images d’archives s’évertuant à restituer l’aura de Barbara, pas sûr que les fans purs et durs s’y retrouvent !

Première
 par Christophe Narbonne
Le procédé est raté : la gêne l’emporte sur le trouble, la confusion sur la clarté. Heureusement qu’il y a les textes et les mélodies de Barbara. Ils fournissent à ce film pêle-mêle un semblant de fil directeur.

Bande à part
 par Jo Fishley
Les images de Barbara et de Balibar la jouant se confondent et nous confondent, dans une illusion parfaite et troublante. Mathieu Amalric et son actrice jouent avec elle aussi bien qu’avec nous, qui ne savons plus très bien qui est qui, de la vraie Barbara ou de son avatar de cinéma. Quelle magie heureuse, qui nous possède !