2017 Mars

CERTAINES FEMMES/Kelly Richardt
Séance du 13 Mars 2016

Le film brosse le portrait de trois femmes dans leur vie quotidienne, inspirées de trois nouvelles de l’écrivaine du Montana, Maile Meloy. Les trois histoires se succèdent indépendamment, sans transition ce qui a pu être un peu déroutant. Il y a une unité de lieu dans le Montana, dans une même petite ville rurale. Au loin nous voyons les montagnes enneigées. Le film commence par l’arrivée d’un train qui crève l’espace que nous ne reverrons plus. Il semble être là comme pour mieux planter un décor de western, décor que nous retrouverons quand dans le dernier récit deux femmes se font face, respectant une certaine distance, non pas pour s’affronter mais pour l’une, contre le désir de l’autre, marquer un terme à une ébauche d’amitié.
Comme dans le western, les personnages évoluent dans un paysage hostile, mais ici il est morose. Le ciel est gris, lourd, l’herbe est sèche, c’est l’hiver autour d’une la ville laide. Ce décor ne nous permet pas de penser à un avenir prometteur. La musique discrète (il nous a semblé qu’elle était absente) dépouillait un peu plus des narrations et des dialogues peu loquaces. Le film évolue trop lentement, ce qui ajoute de l’ennui.  Finie la grande épopée de la conquête de l’Ouest ! Il y a bien quelques indiens, qui, devenus exotiques, sont affublés de leur costume, font des démonstrations dans une galerie marchande.
Les femmes dont il est question ont une forte personnalité, ce sont elles qui mènent les affaires. « Chacune de ces femmes mène sa barque » elles sont les héroïnes du quotidien, du banal, « loin des grands récits qui n’ont plus cours ».
Il y a d’abord Laura, avocate, confrontée à une prise d’otage effectuée par l’un de ses clients, Fuller, qui perd la raison avec ses droits. Elle perçoit alors, pendant cette assistance, les préjudices que des lois iniques procurent aux victimes sociales. Distante, professionnelle dans sa connaissance de la loi, elle évolue vers des gestes de compassion envers son client.
Vient Gina qui, semblable aux pionniers, décide sa famille à construire une maison en pleine nature avec les pierres d’une ancienne demeure. Elle doit négocier avec un vieil homme leur voisin, le déplacement de ce tas, leur acquisition.
Puis Jamie et Beth qui se rencontrent dans des cours sur les droits des enfants, par hasard. L’une est avocate, l’autre est paysanne. Un soir Jamie, tombée sous le charme de Beth, l’avocate professeure, propose à Beth fatiguée par les kilomètres qu’elle doit effectuer en voiture, de faire une virée à cheval sur la route goudronnée de la ville « comme un éphémère et improbable retour aux sources ». Lorsque Jamie retrouve Beth dans sa nouvelle ville d’emploi, après bien des efforts, alors qu’elle cherche l’amitié de Beth, elle se heurte à sa froideur, ses distances.
Le film est la critique d’un monde illusoire, souligné par des visages en reflet sur la vitre d’une automobile ou d’une maison, d’un état de droit qui ne défend pas les plus faibles, de l’impossible retour du passé et de ses rêves, et de l’abolition des classes sociales.
Tel que le film le montre, ni le mode de vie étatsunien ni sa modernité ne font pas rêver.
Le film n’a pas été aimé par le groupe sauf une voix favorable, la mienne, qui a aimé justement sa critique d’un avenir médiocre sans grandes aspirations.

Jacqueline