. Le thème : les aspirations d'une adolescente dans une
petite ville californienne pour sortir de l'ennui.
D'autres choix auraient pu être possibles : le plus ovationné qui
passe "aux Variétés" à 13h40 "Call me by your name/Luca Guadamino
sur l'attirance de l'homosexualité ; au "César" "Phantom Thread/
Paul
Nous n'étions pas nombreuses à la dernière séance, celle du 2 mars. Nous
avons toutes apprécié le film "Lady Bird", le premier de l'actrice Greta
Gerwig. Comme d'habitude je vous en envoie en PJ le compte rendu. Je vous
souhaite sans soucis d'ici là. Amicalement. Jacqueline Moulin
Christine « Lady Bird » McPherson se bat désespérément
pour ne pas ressembler à sa mère, aimante mais butée et au fort caractère,
qui travaille sans relâche en tant qu’infirmière pour garder sa famille
à flot après que le père de Lady Bird ait perdu son emploi.
LADY BIRD/Greta Gerwig
Christine McPherson qui se fait appeler Lady Bird, identité moins banale
à ses yeux, est une lycéenne qui vit avec sa mère généreuse mais autoritaire
à Sacramento. Elle tente de quitter sa ville qui, dit-elle, est une ville
« palindrome », ainsi que sa mère et ses proches, pour étudier à New York.
Dès les premières scènes nous assistons à une dispute dans la voiture entre
sa mère et elle qui, furieuse des arguments décourageants de sa mère à propos
de ses aspirations, ouvre la portière de la voiture et se jette sur la route.
Conséquence sans grande gravité, nous la verrons une grande partie du film
avec un plâtre rose au bras. Elle vit dans une famille de la classe moyenne
(mère assistante de psychiatre, père informaticien), d’origine irlandaise,
catholique, elle étudie dans un lycée catholique. Elle étouffe dans son milieu
banal et n’aspire qu’à fuir sa ville natale pour s’offrir un avenir plus
brillant dans l’art, attirée par les lumières de New York voire de Paris.
Lady Bird est une comédie inspirée par les souvenirs d’adolescence de Greta
Grewig, de sa dernière année de lycée, avant son départ pour l’université.
Par sa finesse, son inscription dans un lieu vécu, une ville californienne
monotone à l’ombre de San Francisco, dans les années 2000, sa crédibilité
par sa sincérité est touchante et procure un sentiment de sympathie.
Non seulement ce film raconte une crise de l’adolescente dans laquelle peuvent
se reconnaître bien des spectateurs, d’où son succès, mais il décrit à travers
la protagoniste un difficile changement de classe sociale (contrairement
aux poncifs que l’Europe peut avoir sur les EU). A plusieurs reprises nous
entendons la phrase « j’habite le mauvais côté du rail » qui marque le clivage
entre deux classes sociales, placées de chaque côté de la voie de chemin
de fer qui partage la ville. La mère rappelle et témoigne par ses longues
journées de travail la dureté des rapports de forces économiques : le chômage
des seniors (le père), l’endettement des étudiants dont il est fait mention
à plusieurs reprises (le frère) et à propos des frais à prévoir pour la poursuite
des études dans l’enseignement supérieur de Christine. Dureté de la réalité
économique qui atteint ici des cadres, une main d’œuvre qualifiée, à laquelle
la famille s’adapte comme elle peut. De ces souvenirs, le contexte social
montre bien également et c’est là aussi l’intérêt du film « toute la distance
qui existe entre Lady Bird et le milieu intellectuel et branché qu’elle aspire
à intégrer » [La Croix].
Le groupe (cinq personnes) a bien aimé l’humour des répliques
aussi bien celles venant des adolescents que celles de la mère supérieure
ou du prêtre, à la tête de l’institution qui semblent proposer une variété
d’activités artistiques et de loisirs (par exemple les comédies musicales,
les soirées dansantes sous leur œil vigilant…).
L’adolescente un brin « bovarienne » avant l’âge, n’est pas révolutionnaire,
élevée dans une famille aimante. Bien qu’arrogante nous la voyons à la recherche
de sa personnalité, entre l’enfance qu’elle quitte et la femme qu’elle devient
: pour plaire à son premier amour elle essaie et hésite entre une robe érotique
noire plutôt destinée à des professionnelles du sexe et celle romantique
rose revêtue par les belles princesses de contes de fée. Elle opte finalement
pour la seconde.
Pour conclure : le film a été apprécié de nous cinq. Nous avons passé un
bon moment.