Mémoires 2019 (clic)
& 2020 (clic)

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Memoires 2019

En ce dimanche 20 janvier 2019, grâce à la précieuse aide de notre fille Céline, je peux enfin mettre en ligne les quelques événements de ces derniers temps qui me semblent dignes d'intérêt.
     Fin décembre 2018 une agréable surprise vient agrémenter ces jours de fin d'année. En effet, dans la soirée du mercredi 26 décembre Fabien Becquet, un arrière petit neveu, petit fils de mon frère Denis, m'annonce par téléphone qu'il se propose de venir me voir en compagnie de son amie Elea. Je suis bien étonné, car Fabien demeure dans le nord près de Lille. Le lendemain, Ils passent me prendre. C'est Elea qui conduit la voiture de ses parents, qui habitent à Port-de-Bouc où ils sont venus passer la fête de Noël. D'un commun accord nous décidons d'aller rendre visite à notre Bonne Mère Notre Dame de la Garde. Panorama splendide, courte prière dans ce monument merveilleux. Petit goûter à la cafètéria durant lequel ils m'expliquent qu'ils travaillent tous les deux dans la même entreprise, l'usine de fabrique de tracteurs et de tractopelles de la marque "Kubota" dans le Pas de Calais. Ils ont eu la gentillesse de me ramener chez moi. Celà m'a fait bien plaisir de les voir tous les deux en si bonne forme.  
     Quelques jours plus tard, le samedi 5 janvier, c'est ma petite nièce  Adelise Gobillot, petite fille de mon frère Roland, qui se pointe en compagnie de son ami. Nous passons un après-midi bien agréable en allant visiter le musée de la Légion Etrangère à Aubagne. Dans la salle d'entrée, sur le mur qui fait face, se détache en grand caractère ce nom "Blaise Cendrars".  En dessous se trouve un commentaire. J'apprends que Blaise Cendrars, écrivain d'origine suisse qui se trouvait en France quand commença la guerre en 1914, s'engagea dans la Légion Etrangère. En 1915, le 28 Septembre lors de l'offensive allemande en Champagne, il fut sérieusement blessé au bras droit au dessus du coude par une décharge de mitrailleuse, à la ferme de Navarin. On dut lui couper le bras. Rapidement il apprit à écrire de la main gauche. Il sera désormais le manchot des lettres françaises. Maintenant, sur cette hauteur à la place de la ferme a été édifié un monument ossuaire où reposent 10 000 soldats ainsi que le Général Gouraud qui commandait les troupes lors des combats.

    Souvent, j’ai eu l’occasion de passer près de ce monument de Navarin car la famille de  notre maman, Marie-Louise Bertus, habitait à Sainte-Marie à Py, petit village  situé à 2 kilomètres en bordure de la petite rivière qui prend sa source à Somme-Py. Quand j’étais enfant chaque année nous allions récolter les noix. Maman nous racontait toutes les souffrances que sa famille a endurées durant l a guerre 14-18. Son père  Gustave Bertus, mobilisé meurt en 1915. Leur ferme est détruite lors des combats de Champagne. Leur maman Pia, veuve de guerre, quitte  le village, emmenant dans une brouette un minimum de choses, accompagnée de ses 4 enfants, Raphaël, elle  Marie-Louise, sa sœur Gisèle, et la toute  petite Agnès, âgée de seulement quelques mois, pour revenir dans son village d’origine, Somme-Suippe, près de sa famille Mauclert,  à plus de 20 km. Quand je repense à tout cela je me dis qu’il n’y a rien de plus horrible qu’une guerre. Faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour maintenir la paix entre les nations.  « Heureux les artisans de Paix, car ils seront appelés fils de Dieu ». évangile de St Matthieu chap.5


            Nota-béné : A propos de la récolte des noix, un dicton     champenois nos donne ce conseil : « A la Sante-Croix (18 septembre) gaule tes noix, rentre tes binois ». Les binois sont les binettes, outils de jardinage.



Memoires 2020
                                  
UNE  LETTRE  OUBLIEE                                                                 
Ces jours ci  (novembre 2019) en mettant un peu d’ordre dans les affaires d’Odile (clic), je trouve  une lettre de Jeanine Séve-Puel écrite à St Régis, près de St Etienne, le 30-12-2007 :

     Cher Michel et chère Odile, sa muse et son épouse,
Après avoir donné des nouvelles de toute sa famille en première page, elle écrit en deuxième page :
Michel, nous te disons de tout cœur un grand bravo pour ton autobiographie que j’ai trouvée bien écrite, très bien faite et très intéressante à plusieurs points de vue.
   En te lisant j’ai pu revivre à quelques années près de façon très vivante, toutes ces périodes de la grande histoire et de la petite histoire quotidienne, bourrée d’anecdotes plaisantes que nous avons-nous aussi traversées et vécues de façon à la fois analogues et différentes.
     Tu as eu le courage de nous expliquer « le pourquoi et le comment » de décisions qui ont à plusieurs reprises , orienté et réorienté ta vie si riche, variée et engagée qui nous étaient restées floues ou mal connues. C’est très sympathique de l’avoir fait, car maintenant nous te connaissons et t’apprécions davantage…
     Pour toi, le grand tournant me semble bien avoir été  cette malheureuse histoire des prêtres-ouvriers qui a mon avis l’Eglise a encore plus mal gérée que celle de la démocratisation bâclée et ratée de l’enseignement  à peu près dans les mêmes années, et cette histoire là tu l’as vécue de l’intérieur et à fond  jusqu’à te trouver dans une impasse à  la fois personnelle et collective. En essayant de me mettre à ta place, je ne sais pas trop bien  quel choix l’aurait emporté, je l’avoue. Dans chaque choix, il y avait à se battre, et tu l’as fait.
     Ensemble avec Odile vous avez vécu des années difficiles mais bien riches et vous avez pu rester debout en vers et contre tout, grâce à votre amour de la vie et de la solidarité et avec l’aide de vos nombreux amis .

     Cette lecture m’a aussi permis  d’un peu mieux  te comprendre , Odile.  Bravo pour tes beaux alexandrins pleins d’humour où je retrouve la jeune sœur de mes 20 ans. Cette association « POURSUIVRE » et ses démarches  est une  très  belle et très bonne idée….


            Un grand merci  Jeannine  pour ce beau témoignage ! Voici les beaux alexandrins  pleins d’humour écrits par Odile :

Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !
 Ai-je donc tout perdu jusqu’au goût de la vie ?
Ne me suis-je blanchi par des combats humains
Que pour voir en moi-même « un qu’est plus bon à rien » ?
 Mon bras qui tant de fois a montré sa vigueur,
 Mon bras qui entraînait vers le but les meilleurs,
 Trahit donc ma confiance et ne sait que faiblir !
                                                               Mon pied qui sut jadis arpenter la planète,                                                                     
  Ne peut plus me mener que vers la supérette !             
  Ma tête qui planifiait des programmes immenses
 A grand peine à garder, des faits, la souvenance !
Mon bras ! mon pied ! ma tête ! J’en passe et des meilleurs.
               Sois sage, ô ma Douleur ! Et tiens toi plus tranquille !
                Examine les faits ; vois ; comment se fait il    
                 Que certains des Seniors aient un moral d’acier   
                  Marchent en conquérants, sachent bénéficier
                   Du tonus des débuts, de l’expérience de l’âge,
               De la lucidité et du goût des voyages ?
                Ouvre les yeux, regarde : C’est leur Association
                Qui éclaire leur vie d’un regard humaniste,
                 D’une ouverture au monde, d’un choix personnaliste,
                 D’une recherche éclairée pour me trouver le sens
                  D’une grande sérénité fondée sur l’espérance !
                  Cette élite rassemblée au nom de la personne,
                  Ces hommes et ces femmes « Poursuivants » on les nomme. »


Cette philosophie du personnalisme communautaire est l’œuvre du philosophe Emmanuel Mounier (1905-1950)  fondateur de revue Esprit.



                   DES   SOUVENIRS

Pour éviter la propagation du virus Covid-19,  en cette fin d’année 2020 il nous est conseillé de nous « confiner » c'est-à-dire de rester le plus longtemps enfermé chez soi. Comment utiliser sagement tout ce temps disponible ? L’idée m’est venue de relire des lettres anciennes que j’avais sagement conservées selon mon habitude conservatrice. J’ai retrouvé avec plaisir plusieurs lettres et photos de l’heureux temps où je fus, dans les années 1960-63, curé à Somsois et annexes près de Vitry-le-François. Je me suis lié d’amitié avec la famille du docteur Jean Loilier, médecin de campagne très apprécié.

     Voici quelques extraits de ses lettres. L’une des premières fut écrite le 22-12-1063 et me fut adressée à Bobo-Dioullasso en Haute-Volta (maintenant Burkina-Faso) où j’étais prête Fidei Donum (don de la foi) depuis quelques mois.

     « Mon Père et cher ami,  Que Somsois doit vous paraître loin ! Et cependant, combien de regrets vous y avez laissés….Dites vous bien que vous avez laissé, au cours  de votre trop cours séjour à Somsois, le souvenir d’un prêtre et d’un ami irremplaçable.   Hier Yolande Thienot s’est mariée…à l’église. Et sa sœur me disait : « Il n’y avait que l’abbé Galichet pour parvenir à la convaincre et à lui faire faire sa première communion » … « Vous avez fait à Somsois un coin de ciel bleu dans un ciel d’hiver - - - Et tous,  sans la moindre exception, car j’ai souvent parlé de vous avec vos anciens paroissiens vous regrettent à un point que vous ne sauriez imaginer Y compris René Marx qui me disait encore hier matin : « mes enfants seront baptisés à l’église catholique dès qu’ils seront capables de comprendre le catéchisme, et ce sera à cause de l’abbé Galichet ».  Vous voyez donc que votre passage, trop court, a laissé des empreintes. … A la réunion des anciens prisonniers de guerre tous ceux qui étaient présents m’ont chargé de vous transmettre leurs vœux, et ils ont ajouté «  c’était un vrai curé et un brave homme ».

Merci infiniment.
Encore un petit mot de mon ami Jean qui m’écrit le 11-04-2010 de Jonchery-sur-Vesle, près de Reims où il a pris sa retraite avec son épouse Marcelle:

«  J’ai lu les 25 pages qui font suite à « Je ne regrette rien ». Vous avez une plume facile et êtes agréable à lire ».

Encore une fois Merci cher ami Jean.  Nous avons passé bien des bons moments ensemble avec sa famille à Somsois. Je me souviens spécialement qu’il avait deux chevaux et qu’il ma initié au plaisir de l’art équestre. Que de bons souvenirs !  



                    UN  PEU  D’HISTOIRE  DE  FRANCE
Permettez un petit complément à mon histoire personnelle en y ajoutant quelques notes d’histoire de France, glanées dans un livre qui m’a beaucoup plu, intitulé «  REMONTER LA MARNE » dont l’auteur est Jean-Paul  Kauffmann, prix des  lecteurs  sélection 2014.  Jean-Paul a décidé de se lancer dans une aventure peu ordinaire. Partir à pied de l’endroit où la Marne  se jette dans la Seine à Charenton-le-Pont, près de Paris, pour parcourir les 525 km qui lui permettront de découvrir la source sur le plateau de Langres, à Balesmes-sur-Marne (Haute-Marne).

La Marne est la plus longue rivière française, elle dépasse même la Seine au point de confluence de Charenton  et pourrait briguer le titre de fleuve. Ce livre de plus de 300 pages évoque tellement de souvenirs historiques au moment de son passage dans les nombreuses agglomérations, que je me limiterai à en relever quelques unes dans la ville de Vitry-le-François que j’ai bien connue lorsque j’étais curé à Somsois, village peu éloigné. ---
Cette ville géométrique a été imaginée au 16ème siècle par un architecte de Bologne, Girolamo Marini.-----
Que s’il passé dans la tête de ce Girolamo Marini, homme de la Renaissance lorsqu’il s’est avisé de dessiner en rase campagne ce quadrilatère disposé en damiers ? Tout de suite, il a pensé à la présence de l’eau, alors indispensable à la construction d’une ville fortifiée.  Marini pensa aussitôt à la Marne et au petit village de Maucourt en bordure de la rivière. De cette dernière il se servit comme d’un fossé.-----
La capitale du Perthois a été détruite à cinq reprises. Pas une ou deux fois, comme il convient à une cité qui possède une légitimité historique, non, cinq fois : en 1142, 1420, 1544, 1940 et 1944.-----
Peu de villes ont autant souffert, elle n’en fait cependant pas une histoire. Toujours aux avant-   postes, dévouée à la cause nationale, rarement dédommagée. En 1544, Charles Quint, venu du Luxembourg, plonge sur Vitry et s’en empare. Il lui suffit alors de suivre la Marne, le chemin des nations, pour prendre Paris. Inexplicablement, il rebrousse chemin aux portes de la capitale. Napoléon ne s’y est pas trompé en s’établissant ici pendant la campagne de France. Après un raid sur les arrières ennemis, il fut à deux doigts de capturer à Vitry, le tsar Alexandre, le roi de Prusse et le généralissime autrichien Schwarzenberg. Lorsque le 1er août 1914, l’ordre de mobilisation est placardé dans toute les mairies, Joffre choisit aussitôt d’installer son état major à Vitry. Il sait que cette place fortifiée   vient de la Marne, c’est invariablement à Vitry-le-François que l’ennemi surgira pour tenter de crocheter la porte qui lui ouvrira cette « maison France » chère  à Braudel. ----
C’est ici, dans le collège de garçons de Vitry, où Joffre avait établi le grand quartier général que le généralissime a reçu toutes les mauvaises nouvelles : l’échec de la bataille des frontières, le reflux des armées françaises et la progression des armées du Kaiser vers la capitale. En toute hâte, le grand quartier général doit déménager le 1erseptembre. Le 5, les Allemands font leur entrée dans une ville presque déserte. Le 6, les troupes françaises passent à l’offensive : la bataille de la Marne a commencé. Vitry connaîtra d’âpres combats, principalement sur le mont  Moret, au sud-ouest de la ville, colline stratégique haute de 160 mètres qui surplombe la plaine champenoise.  Autre événement historique ; à quelques km de Vitry à Frignicourt, le 22 mars 1814 Napoléon a franchi le fleuve à gué après avoir battu en retraite à Arcis-sur-Aube. La Marne ne va pas le sauver. Il pense écraser l’adversaire à Saint-Dizier. Il est fini, mais il ne le sait pas encore. Dans deux semaines, il abdiquera à Fontainebleau. …        

    



            DE  SOLIDES  AMITIES  QUI  DURENT  ET  SE PROLONGENT

Ces jours ci, ce lundi 12 octobre 2020, j’ai la joie d’accueillir Claire Feur-Alause que j’ai connue en 1964 à Bobo-Dioulasso. Dans les différents  endroits où je fus appelé à exercer mon ministère de prêtre, j’ai toujours eu la joie d’être accueilli dans une famille sympa. A Soudron, ce fut la famille de Robert et Rosa Clément, commerçant. À Somsois , la famille du docteur Jean et Marcelle Loilier et à Bobo, la famille du médecin militaire Pierre et Mylène Alause.                  
 Claire Alause, leur fille aînée avait 16 ans et désirait me rende visite dans mon bureau pour obtenir des conseils, afin de bien pouvoir mener  à bien sa vie spirituelle. C’était en 1964 ; 56 ans au compteur. Et ces jours ci, du fait que je ne peux plus aller chez elle à Aniane, dans l’Hérault, passer un week-end, c’est elle qui est venue, en compagnie de Delphine, une de ses amies d’Aniane, qui en tant qu’infirmière, s’apprête à venir prodiguer ses soins près des patients de la clinique Sainte Elisabeth, où pendant six ans, tous les lundis, je suis allé rendre visite à des personnes en soins palliatifs et à des handicapés à la MAS (maison d’accueil spécialisée).  Tous mes souhaits à Delphine. Et merci Claire pour cette visite, en espérant que nous aurons encore l’occasion de nous rencontrer.


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vers les pages de Michel