les textes de Marc Qui ? Moi ?



Qui ? Moi ?

J’émerge de la nuit des temps. J’étais un ange et je serai de nouveau un ange.
Oui je suis né, il y a bien longtemps. Je suis un ancien jeune sorti de ne sais où et qui y retournera. Enfant, j’étais, macchabé, je serai.
J’ai utilisé ma jeunesse à me construire progressivement. Une identité physique d’abord qui a roulé comme une Volkswagen, sans mauvaise surprise et avec de bonnes performances. La mécanique est satisfaisante et peut tenir encore. Mais un jour ou l’autre…
Je serai un champion du fauteuil roulant qui rejoindra le monde de tout ceux qu’il a aimés.

Quand, enfants, nous passions nos vacances ensemble, Cath disait que j’étais son cousin préféré. Aujourd’hui, s’appuyant sur sa situation de psychothérapeute elle avance que je me suis fait avoir par les différentes femmes que j’ai rencontrées.

J’ai, joué au ping pong et au tennis ; abusé de la crème de marrons ; rendu visite régulièrement à Mme Cardot au 2 de la rue Pasteur ; couché sous la tente, une tente de huit qu’il fallait installer avec des fossés autour pour drainer l’eau de pluie ; appris à nager le crawl et à lancer le javelot ; flirter avec ma cousine alors que je n’avais pas dix ans ; rencontré et aimé de jolies dames avec qui j’ai passé des moments inoubliables et qui sont restées mes amies pour la plupart.

Quand j’ai préparé le professorat d’Education Physique, Monsieur Raquin tonitruait contre moi pour, sur la cendrée du stade Lacretelle, me faire sortir les réserves que je ne soupçonnais pas avoir. Aujourd’hui, son âme rejoint sûrement la mienne pour louer les bienfaits de l’effort en vue de la maîtrise de soi.

Il y aura des petits et des grands aux différents patronymes qui seront bien contents de relire le Journal et consulter les page web du vieil amateur de soupe aux légumes qui ne pouvait plus trinquer à la santé des amis sans avoir la colique peu après.
Il y aura des bonnes âmes qui viendront rendre visite à l’ancien champion du fauteuil roulant et qui feront bien attention de ne pas vexer l’ancêtre grincheux qui aura perdu le sens de l’humour.
Il y aura des larmes qui sécheront vite quand le grand père que l’on aimait bien passera de l’autre côté…

Recroquevillée au pied d’un pilier de la gare de Lyon, Anne attendait que sa dernière âme sœur descende du train. Elle savait que au-delà de son désir de se fondre en lui, il l’accompagnerait, de près ou de loin. Il n’était pas l’amour de sa vie mais sa vie restait liée à lui.
Aujourd’hui elle erre d’un pays à l’autre sans se soucier où elle sera demain. Elle sait bien que l’important est qu’elle retournera d’où elle vient dans la nuit des temps.

(Marc, janvier 2011)