Autour de Jean Charbonnier


Ecrits de Jean 2

Fables expresses 89 2

Fables expresses 1990 3

FABLES EXPRESSES 1996 4

Pour les cinquante ans de Marc Bitterlin 5

Pour la fête prévue par Marc à l’occasion des 50 ans de Marie-jo, 5

Autres 6

Adieu à Jean Charbonnier par Marc en 97 7


Ecrits de Jean

Fables expresses 89

Poux folâtres

De joyeux petits poux riaient et folâtraient

Sur le cuir chevelu d’un jeune blondinet

L a Fontaine édifiant

Un saint homme un jour s’enferma

Par humilité, dans la niche

D’un labrador – ou d’un caniche

Et, mon Dieu, il prospéra

Moralité

Dieu prodigue ses biens

A ceux qui font vœux d’être chiens

Plus de grives, les souris dansent

Les souris, bas, dansent devant,

En rêvant de repas splendides

De mets délicats et savants

Moralité

Faute de grives les souris dansent

Venez donc, criaient-ils à ceux d’une brunette

Venez, nous jouerons bien et nous ferons la fête !

Moralité

Plus on est de poux plus on rit

Epoux folâtres

Venez, venez, disait ce couple

Aux couples de leur voisinage

Ayons la moralité souple

A quoi ça sert d’être sage ?

Plus on est d’époux plus on rit

Ce lionceau bagarreur m’a volé ma noisette

Petit lionceau tu n’es pas chouette

Moralité

My nut, baby lion !

On a bien fait la fête, et on a fait les fous

Maintenant il faut ranger tout

Depuis ce matin je n’ai pas arrêté

Je suis fourbu et affamé

Moralité

L’appétit vient en rangeant

Un pauvre petit rat, hôte d’un grenier vide

Rongeait. Son estomac d’en faisait plus avide

L’appétit vient en rongeant


Fables expresses 1990

Bestiaire humain

Ce couple par ses mœurs effraie :

Ils hurlent comme des chacals,

Ils poussent des cris d’orfraie

Que de bruit ! C’en est un scandale.

Hélas la foi du début est partie,

Ils ne font plus bonne ménagerie !

Froidure

Ce courageux explorateur de l’Antarctique

S’est laissé tomber dans l’eau glacée d’une crique

Hélas le pauvre hère !

Culotte glaciaire

Xénophobie pas morte

Attila et sa troupe immonde

Faisait la guerre à tout le monde

Les Huns haïssait les autres-

Leurs sentiments sont les nôtres !

Un principe de physique élémentaire

« Cet Archimède est fou » disaient les Athéniens

« Il sort de sa baignoire en criant Euréka !

Il nous a plutôt l’air de n’avoir trouvé rien

Nu, il laissa une trace humide où il passa

»

Le principe d’Archimède

Tout corps plongé dans un liquide en ressort mouillé

Une occasion manquée



Moment historique

“Plus d’alcool! c’est fini »cria le Tiers Etat

Le clergé, la Noblesse en rechignant suivirent

Et tous, ivres de joies par s’entendre finirent :

Rien que de l’eau, des jus de fruits et du cédrat ! »

Tous prêtèrent, comme un seul homme,

Le » grand serment du jus de pomme »

Ou

Ce fut, ce jour-là, en somme,

Le serment du jus de pomme.

(Serment du Jeu de Paume 1789)


Jadis je rencontrai à Nantes

Une toute charmante dame

Anglaise et aux manières gentes

Et aristocratiques Dame,

Je l’aurais bien choisie pour femme,

Moi, mais elle me révoqua

Et à tout jamais s’en alla

Révocation de lady de Nantes

(Louis XIV 1685).

FABLES EXPRESSES 1996

Une fillette russe était fort indolente.

Chute à Ormoy

Il tomba du toit du séchoir

Sa vie ne tenait qu’à un fil.

Pourquoi pourtant s’en sortit-il ?

Parcequ’un bon couvreur sait choir.

L’Egypte ?

Il détestait, ce vieux juif solitaire,

Bien qu’exerçant son métier d’antiquaire

Il était aussi anti-Caire.

Rêve d’enfant

Je voudrais ètre ramasseur de balle

Sur terre battue à Rolland Garosse

Je mépriserais le prince de Galles

Toute la cour. La reine en son carrosse

Ne serait pas croyez-moi ma cousine

J’approcherais des champions, des surhommes

Ne les fais pas trébucher, viens, coquine

Je t’attraperai, je te materai

Valère, je traverserai le cours

Sous les yeux du public enthousiasmé

En plein soleil, dans la chaleur d’un four

Oui, mais mon imagination s’emballe

Je ne serai jamais, hélas, qu’un gosse

Qui ne sera pas ramasseur

Un triste alexandrin

Sans famille et sans frères

Rageait en se voyant

Obligé de se taire

Moralité

Le vers solitaire

Sa mère la grondait, lui disant « Mon enfant,

Ne va pas te glisser sur cette pente.

Secoue-toi ! cesse donc de flâner en rêvant ! »

« Maman », disait l’enfant », cela s’arrangera

Lorsque je grandirai, mais « Moscou pas comm’çà »

Le rugbyman devenant professionnel

L’entraîneur lui dit « Mon enfant

Abandonne l’amateurisme

Vive le professionnalisme

Tu pourras avoir soin de te ongles

Tu gagne ras des tas d’argent »

Mais lui, plissant son vaste front :

Sera-t-on à me payer prompt ?

L’idée me donne des furoncles.

Mais oui, voyons, rugby sur l’ongle

La Chine veut briser Formose

Sans un délai, sans une pause

Moralité

Tie-break à Taiwan

Noël

Afin que la fête entre eux fut complète

Il fit d’un beau foulard de soie l’emplette

Moralité

Soyeux Noël

Crème glacée

Comme il avait mangé goulûment de la glace,

Cet enfant trop gourmand eut un hoquet tenace

Moralité

Hockey sur glace

Pour construire les pyramides, nous dit-on,

Les fellahs affamés consommaient force oignons

Moralité

L’oignon fait la force

Pour les cinquante ans de Marc Bitterlin

8-3-86

La vie commence à cinquante ans

On le dit, c’est vrai, je l’atteste

Si les aquilons, les autans

Si les vents d’Est et les vents d’Ouest,

Les tourbillons et les orages,

N’ont jamais fait changer de cap

A l’homme qui sait être sage,

Qui toujours pur et franc se drape.

Sans que jamais il ne dévie.

Dans sa sereine probité.

Marc, la moitié est accomplie,

Tous nos vœux pour l’autre moitié

Pour la fête prévue par Marc à l’occasion des 50 ans de Marie-jo,

avec un bouquet

5-4-90

Dons du ciel à Marie-Jo

La cinquantaine épanouie…

Les années qui l’ont embellie…

Tant de choses et ouies…

Les fruits de la psychologie…

Féminité, mais énergie…

Et de fleurs toute sa vie…


Autres


Adieu à Jean Charbonnier par Marc en 97

18 11 97

Quelques instants avant sa mort physique,

j'ai eu le grand honneur d'avoir accompagné Geneviève .

Introduit dans la salle de réanimation, je me suis trouvé

devant un sujet apparemment inconscient,

totalement dépendant d'appareils sophistiqués.

"Bonsoir Jean ! Tu m'entends ? C'est Marc !

Je viens te dire Au Revoir !

Je suis tellement content que tu m'aies attendu !

Te souviens-tu, en 1991 ? J'ai accompagné Philippe. Maintenant c'est ton tour.

Tu as eu une bonne alerte début 95, un sursis,

le temps de mettre en ordre tes affaires. Tout est accompli.

Je sais : tu as accepté qu'on t'endorme ; tu voulais encore lutter.

Mais ta famille est prête, tu vas pouvoir partir tranquille.

Geneviève va venir, derrière moi. Elle a enregistré, pour toi,

l'adieu de tes petits enfants. C'est beau, comme la belle musique.

Et puis, on va se quitter."

Je lui ai tenu la main bien fort. Geneviève a pris la suite.

Il s'est éteint quelques instants plus tard.



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