Oui, me voici déjà rentré !
Je pensais que je me lancerai dans le récit de ces 3 jours avec l'aide des photos que j'ai prises et qui me parlent bien mais je n'ose pas inonder mes correspondants d'infos qui n'en valent pas trop la peine et qui ne les intéressent pas à a priori !
A moins que j'arrive à les présenter avec suffisamment d'humour et de respect pour ceux qui prennent au sérieux cette aventure traditionnelle qu'est le pèlerinage à Compostelle.
Ce n'était pas une période favorable pour moi à cause des engagements professionnels que j'ai encore. Je ne pouvais décemment pas laisser mes cours de yoga et j'ai seulement fait une prolongation du week-end de la Pentecôte. Les libéraux ne sont jamais complètement en retraite.
Partis à sept heures d'Aix par des chemins que je ne connaissais pas encore, nous étions à la mi journée à peine à quelques lieues de la maison. Puis la garrigue, le terrain ingrat à perte de vue pour rejoindre Pélissanne...
Je n'ai donc fait qu'une tentative, un départ quelque peu maladroit à cause du premier jour qui s'est transformé rapidement en calvaire à cause des ampoules, mal aux articulations et aux muscles des jambes.
A la fin de l'étape, alors que nous n'avions plus que quelques kilomètres à effectuer, mais c'étaient les plus durs, c'est bien connu, Henri a eu pitié de ma faiblesse et a tenu à renouveller notre provision d'eau qui s'était épuisée comme moi. En renouvellant une tentative qui s'était trouvée infructueuse précédemment, les portes restant fermées, il a réussi à apitoyer une charmante jeune femme qui faisait la sieste aux côtés d'un monsieur. Elle nous a laissé, sans contre partie, deux bouteilles d'Evian toutes fraîches.
J'ai voulu faire l'expérience, je me suis confronté rapidement à mes points faibles et à mon amateurisme. J'ai lâché rapidement mon compagnon le deuxième jour pour le laisser faire sa route sérieusement, à son rythme et dans les temps prévus.
Je l'ai retrouvé ensuite mais j'avais goûté l'aventure d'être seul et bien plus proche des gens que je rencontrais. J'ai de très bons souvenirs de ces temps imprévus pendant lesquels j'ai été contacté par des personnes qui me trouvaient sans doute une bonne tête.Qu'ai je appris que je savais déjà ? Que la campagne est bien jolie en cette saison mais bien abandonnée par la faune. Les incendies, les pesticides, les chasseurs inconscients et irrespectueux en sont les causes accumulées.
Me prenant probablement pour un vagabond, on m'a proposé de m'embaucher comme ferrailleur, logé, nourri avec boissons et cigarettes à volonté (une aubaine pour moi qui ne fume pas et qui digère mal le vin... le salaire ne devait pas être mirobolant) ; et question retraite... ?
J'ai constaté aussi qu'on ne faisait pas trop de difficultés pour me prendre en voiture ; je devais faire pitié ou bien je pouvais avoir l'allure d'un jeune vieillard séduisant...
J'ai tout de même fait à pieds près de 80 km en 3 jours et parcouru une centaine !
Beaucoup d'eau aux pieds des Alpilles, des canaux partout pour irriguer la région que la sécheresse aurait rapidement transformée en désert.
Arrivés à Arles hier, nous avons apprécié le charme des vieilles pierres et la majesté du Rhône paisible à cette époque de l'année.
Ce matin j'ai refait toute la route en car jusqu'à Aix.
Je continuerai sans doute la route plus tard ?
Claudie :
Marc, vos petites filles avaient raison, plus vous recherchez la sagesse et plus vous redevenez adolescent. Mais c'est vrai qu'un tel voyage demande beaucoup d'entraînement, j'imagine que la horde déguenillée famélique et souffreteuse qui se lançait sur les routes de Compostelle n'avait pas d'autre choix, elle devait être composée de moines en rupture de contrat avec leur hiérarchie, de déserteurs enrôlés contre leur gré dans une guerre sanglante, de condamnés évadés de prison et autres pauvres hères composant la faune désespérée qui plus tard s'est entassée dans les grands bateaux qui voguaient vers le nouveau monde. Combien ont du mourir en route ... A notre époque nous n'avons plus besoin, par chance de nous engager dans de telles aventures....Ellle disait avant le départ :
"Mais que vont devenir tous vos petits enfants ? Qui va faire la nounou? Comment la famille va-t-elle pouvoir se passer de votre indispensable présence? Moi qui vous croyais gardien du foyer ?Effectivement j'ai eu l'occasion de me connecter le lundi soir et d'envoyer quelques messages malgré la stupeur de mon compagnon de route qui semblait penser que je ne comprenais rien à la démarche.
J'imagine que toute la famille va fêter votre départ en fanfare et qu'ils vont vous accompagner un bout de chemin en criant vive Grand-père !
J'espère que vous aurez l'occasion de vous connecter à internet en chemin pour nous donner de vos nouvelles."
Maurice (nous propose une lecture)
Quand il faut y aller .... Date : 31/05/04 21:19
JC Bourlès :
Passants de Compostelle (Payot)
Cath.
Très contente de tes nouvelles - brèves - de pélerinage. Et oui, c'est dur à notre âge ! Je t'écrirai plus longuement quand j'aurai plus de temps et te raconterai ma propre marche (et te donnerai des recettes pour éviter les ampoules !)Jean Phi.
Je suis impressionné par cette experience hors du commun !Ce qu'il me reste à faire ? A quoi penses tu ?
Je t´imagine bien en ferailleur avec vin et cigarettes à volonté !
Je dois avouer que ce doit être une bien belle aventure. Et je trouve que 80km, c´est déjà très bien. Maintenant, si tu veux te surpasser et faire plus la prochaine fois, tu sais ce qu´il te reste à faire...
Je suis très fier d'être le père d'un fils fier de son père ...
Mais n'en rajoute pas trop mon chéri, c'était une équipée qui n'avait rien d'héroïque ! (bM)
Suzanne
Je suis, bien de cet avis 80km c'est déjà beaucoup ton fils a raison. et tu n'aurais pas ce genre de relation chez toi .Marie Claude
Ainsi te voilà de retour, 80 km en 3 jours cela fait quand même une bonne moyenne et explique les ampoules.Micheline (confirme le manque de clarté signalé par Jean Phi dans un envoi précédent)
Je ne voudrais pas te décourager mais, à cette cadence ... Saint Jacques est encore loin devant....
Mais je suis une grosse vilaine et très mal venue de te taquiner moi qui n'ai même pas commencé.
Avez-vous vraiment fait TOUT le parcours jusqu'à Compostelle ? et mérité la coquille ?Jac (qui a fait un raid d'une semaine dans le désert de Lybie : http://sitalix.free.fr/libye/index.htm)
J'espère qu'on en lira les détails sur le site.
Je suis assez impressionné car 80 Km en trois jours je trouve ça énorme. Pour te donner une idée, c'est à peu près la distance que l'on parcours en 6 jours dans le désert. Apparement il faisait chaud aussi, ce qui ne facilite pas l'effort et oblige à bien s'hydrater tout au long de la journée.
J'ai bien aimé la photo 'partageons la route'. Bon humour!
Pour ce qui est du récit des trois jours, je suis pour ma part assez amateur des petites anecdotes de voyage.
C'est ce qui fait pour moi une bonne partie du charme des voyages. Ces rencontres parfois insolites, les petites galères qui une fois passées deviennent des anecdotes comiques (si l'on sait en rire), la magie de certains lieux ou paysages, se retrouver seul face à soi...