L’usage veut, entre
gentlemen randonneurs, que lorsqu’on se croise sur un sentier, on se
salue. Un simple « bonjour ! » suffit, cordial et convivial,
qui signe notre appartenance commune à la confrérie des
marcheurs civilisés. Évidemment, il arrive que l’on tombe
sur des pignoufs ignorants de l’usage qui, bougons et pressés, poursuivent
leur route sans même vous regarder. Mais habituellement ce rite
est respecté, pour le bonheur de tous. Bizarrement, les choses
se compliquent un peu quand le hasard fait qu’au retour de la marche on
se recroise dans l’autre sens. On se reconnaît de loin, on se dit
: « Tiens, on les a vus tout à l’heure » , et comme on
s’est déjà dit bonjour, on se dit qu’on aura l’air idiot
si on recommence. En même temps, le code du gentleman randonneur
se doit d’être respecté. L’une des solutions consiste à
lancer un sonore « re ! » , qui signifie à la fois
qu’on se revoit, qu’on se reconnaît et qu’on se resalue. Mais la
plupart du temps un simple sourire suffit, un sourire de connivence et de
complicité. Le sourire est le passeport des marcheurs sans frontières.