Je suis tout imprégné du dernier livre de Clément Osé et Noémie Calais « Plutôt nourrir, l’appel d’une éleveuse ». J’admire la vitalité et l’esprit d’entreprise de ces jeunes qui n’hésitent pas, tout en gardant les pieds sur terre, à se lancer dans des projets audacieux sans promesse de profit.
On dit souvent que les hommes sont des cochons mais que les femmes aiment les cochons, c’est le cas ici : Noémie a du caractère. Elle n’est pas la petite bourgeoise, fille à Papa, qui veut tuer le temps en vivant son caprice, elle a décidé de nourrir la planète avec ses cochons et accessoirement ses poules.
Elle sort de Sciences Po, de la même cuvée que Clément et souhaitant vivre paisiblement son accès à la vie naturelle en se lançant seule dans son entreprise, découvre les turpitudes de l’élevage industriel qui détient le pouvoir et fait la loi dans notre société de consommation. On la voit s’investir avec hardiesse pendant quatre ans mais évoluer aussi pour s’adapter aux durs impératifs de l’économie. De faire tout toute seule, élevage, abattage, préparation, vente, elle en rabattra progressivement pour diminuer son cheptel, vivre en communauté, s’associer et même envisager un autre choix de vie.
Clément a trouvé une jolie façon de nous présenter Noémie. Elle se livre elle-même avec sensibilité et précision, nous sommes tentés de l’encourager et de lui donner raison.

Pour moi, l’élevage des pigeons paons blancs, noirs et arlequins est un hobby qui dure depuis cinquante ans. Tous les jours, j’ouvre la porte de la volière et leur donne la ration de grains et de pain dur écrasé. La même dose qu’ils soient dix vingt ou trente, sans oublier l’eau  à changer en propre. Comme Noémie, je les admire, les soigne, leur parle, les caresse. Ils font partie des lieux, dans l’espace, sur terre et dans les airs, aussi bien chacun sa place dans la volière que dans un vol commun entre la pelouse, le toit de la maison et les arbres voisins. Ils sont en liberté et on ne leur demande rien d’autre que d’être un décor vivant. Ils se reproduisent à volonté, je leur laisse leurs œufs qu’ils défendent quelques temps. Ils naissent après une couvée de vingt jours et ils meurent quand leur temps est écoulé. Certes sur le plan économique ce n’est pas rentable mais je fais des sacrifices et vis sobrement pour compenser les frais occasionnés ... J’ai eu des mauvaises surprises, en mars 2017, la volière a eu la visite d’un prédateur inconnu qui en a tué 25. Il y a quelques jours, d’une trentaine un soir je n’en ai retrouvé que 20 le lendemain matin, une disparition sans explication dont ma pigeonne préférée qui avait droit de manger la première, directement dans le pot plein. Que se passera t il demain ? Aujourd’hui ils sont beaux et c’est bien.

Clément répond :
Cher Marc, c'est drôle comme j'entends ta voix en te lisant. (Nous avons fait, ensemble, un atelier de Lecture à haute voix)
 Merci pour ton texte que j'ai partagé à Noémie qui se retrouvera dans ta sensibilité et ta poésie. Merci pour tes mots sur le livre !