Le courage citoyen-  

 Comment produire de la citoyenneté ? – cette question invite à réinvestir la notion de courage, entendu comme ce qui fait passer un individu de l’intelligence d’un problème  (insupportable pour la dignité  humaine) à la volonté de le résoudre. Le sujet politique fait preuve de courage en sortant des coulisses pour venir s’exposer sur la scène politique. Mais force est de constater que la notion n’est pas monolithique. En effet, la modernité politique, tant au niveau de la pratique que des idées, nous permet de dresser une typologie tripartite des différentes formes de courage : le courage de la vérité, ( voir Foucault : le courage de dire le vrai dans un monde de mensonges et de « faire de sa vie un témoignage de vérité ») ; le courage de la liberté, (voir Arendt sur l’ héroïsme : L’héroïsme est le courage de préférer la mort à la servitude, au sens où, comme le disait le révolutionnaire mexicain Emiliano Zapata, « mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux !) et le courage de la non-violence (cf Gandhi : le courage de « combattre le mal tout en refusant d’imiter sa violence »). Les nouveaux désobéissants citoyens et hors la loi,Essai 2016, ed Le bord de l’eau, Manuel Cervera-Marzal-

 

La mort de socrate- C’est selon Guyard,  l’acte philosophique par excellence dans ce contexte particulier derrière les murs de la prison. C’est y déplacer son corps qui se frotte à des corps, des invisibles, des parias de la société mis à l’ombre. Ce philosophe aime se frotter aux marges, aux bannis de l’espace géographique. J’ai appris que Socrate mis en examen, incarcéré et condamné à mort a inventé la philo au zonzon. Un potos lui propose de se faire la belle, d’autant que la porte de sa geôle est ouverte et l’air libre. Il ouvre ses poumons. Il y a un bateau qui l’attend ainsi qu’une planque sûre où il pourra faire venir l’une de ses deux femmes et ses enfants. La condition idéale en quelque sorte de la cavale ! Sauf que Socrate refuse. A nom de son sens de l’honneur et de sa haute image de lui-même selon un code moral. Il conclue son discours à son ami salvateur. Si dans le monde il n’y a plus de lois, alors nous ne pouvons plus établir entre les uns et les autres des relations basées sur la confiance et le respect et de fait nous ne pouvons plus construire l’entraide et la solidarité du politique. Ce sera la guerre de chacun contre chacun et je ne pourrai jamais me parachever dans l’humanité. Face à l’injustice il vaut mieux subir une injustice que la commettre. Il décide de rester et mourir.Cf Guyard , You tube, la philosophie vagabonde

 

Le choix d’Antigone

Antigone est la fille d’Œdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes.  Oedipe a épousé sa propre mère sans le savoir  ( destin-malediction)!  Après le suicide de Jocaste et l’exil d’Œdipe, les deux frères d’Antigone, Etéocle et Polynice se sont tués l’un, l’autre, pour le trône de Thèbes. Créon, frère de Jocaste, est le nouveau roi, il décide d’inhumer avec les honneurs Eteocle mais de ne pas offrir de sépulture à Polynice considéré comme traître, car il a attaqué sa patrie avec une aide étrangère. Créon  proclame par un édit que quiconque osera  enterrer le corps de Polynice sera mis à mort. Personne n’ose braver l’interdiction et le cadavre de Polynice est laissé exposé à la chaleur et aux  charognards. Antigone refuse cela au nom d’une justice qu’elle considère comme supérieure à celle des hommes, celle de la loi non écrite qu’elle a dans son coeur et qui est divine. Malgré l’interdiction de son oncle, elle va  plusieurs fois voir le corps de son frère et le recouvre de terre….Comme annoncé, Créon lui applique la peine de mort. ...Suicides en série  marquent la malédiction frappant cette famille, le destin !  Sophocle

 

 « Penser, c’est dire non. Remarquez que le signe du oui est d’un homme qui s’endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n’est que l’apparence. En tous ces cas-là, c’est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l’heureux acquiescement. Elle se sépare d’elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n’y a pas au monde d’autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c’est que je respecte au lieu d’examiner. Même une doctrine vraie, elle tombe au faux par cette somnolence. C’est par croire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c’est nier ce que l’on croit. Qui croit ne sait même plus ce qu’il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien. »Alain, Propos sur les pouvoirs, § 139.David Hume