Atelier Ecriture avec Nicole Bossy    le 19 janvier 09 : "Ballades"

Ballade (chanson)  Balade (promenade)

Consignes :

La ballade de Nicolas, de Barak, de Balthazar, du colporteur, du bonimenteur

Etablir une liste de mots,( jolis que j’aime bien)
Evidemment, vent, chuchoter, ruisseau, apercevoir, regretter, ressentir
Pâturages, miniature ; cigale, soleil, symbole, marcher
Se souvenir, humer, ruisseau, respirer, bassin, troubadour, clairière silence, charivari
Vagabonder, compter fleurette, rêver sourire, souvent, jamais, pourquoi, savoir
Egarer intriguer  borner, palabres, cyclone, rouge

Texte (on distingue les verbes et les mots)

1.    le personnage  plus un des verbes

2.    un verbe utilisé deux fois

3.    un mot repris trois fois

4.    un verbe utilisé 4 fois plus deux mots

5.    trois verbes utilisés au futur

6.    le narrateur apparaît (ou il parle au lecteur : « et moi » ou « et toi »)


La ballade de Barak (Marc)
Barak sourit ! Il marche, il arrive ! il est là !
A lui seul c’est le monde qui s’avance vers un nouvel avenir !
Allez savoir pourquoi un tel charivari !

Jamais les peuples n’auront humé un tel espoir de changement !
Il s’égare ! oui il s’égare !
Près d’un ruisseau il va compter fleurette aux Palestiniens.
Dans un cyclone il parle aux Israéliens.


Des palabres ? des mots qui n’aboutissent à rien.
Des palabres ? non pas !  des négociations qui engagent la vie des nations  !
Des palabres ? oui, des traités qui définissent l’avenir de l’humanité.

Barak hume le parfum des salles de conférences. Il hume les trahisons qui se préparent. Il hume les espoirs que les troubadours de la paix transportent avec eux. Il hume les odeurs de mort qui surviendront inévitablement.

Allez ! Barak se souviendra dans la douleur du jour où il a accepté de se porter candidat.
Pressé de toutes parts il respirera l’air qui lui sera proposé sans se poser de questions. Il se bornera à exposer les problèmes sans changer le cours des événements.

Halte ! toi qui te moques ! ne continue pas sur ce ton !
Prend conscience de la catastrophe qui se prépare si une fausse note est introduite !
L’espoir, que la terre entière a placé sur cet événement doit être porté par tous !

Le soleil, les pâturages, les cigales, les silences, les symboles.
Barak sourit, il marche, il arrive, il est là !

Le colporteur (Nicole)
Le colporteur ne dort jamais, il vit à l’affût, à l’affût des autres, tous ces autres aux milles visages, avec leurs yeux qui méprisent, avec leurs mains qui étranglent et leurs rires qui tuent.

Le colporteur sait qu’il n’est l’ami de personne, que ses voisins se moquent de lui, que les enfants voudraient lui jeter des pierres. Il sait ce que c’est que d’être seul, d’être le méchant dans le regard du passant, être celui qu’on évite, celui qu’on déteste.

Evidemment, le colporteur n’est pas celui que les gens croient.
Evidemment, le colporteur est comme tout le monde, pas si cruel, pas si méchant, pas que méchant.
Evidemment, le colporteur, même s’il est laid, traîne un cœur et une âme qui vibrent, aiment et s’envolent parfois.

Mais le colporteur ne chuchote jamais les paroles douces que les filles aiment entendre, il ne chuchote jamais dans le vent le prénom de celle qu’il aime en secret. Il ne chuchote jamais car le silence ne lui appartient pas ; il ne chuchote jamais, car parler doucement au creux d’une oreille, cela ne le concerne pas.


Dans les rêves fragiles que le colporteur fait parfois une voix douce promet qu’un jour celle dont il ne dit jamais le prénom s’apercevra qu’elle l’aime, elle marchera à sa rencontre et lui sourira, lui sourira, lui sourira infiniment.

Le colporteur sait qu’il n’est l’ami de personne, mais il sait que si un jour son rêve se réalise tout ça changera car la fille est si belle et tous l’aiment, tous l’aiment infiniment.

Et toi qui ne sais rien de l’amour et ne sais rien du colporteur, tu crois qu’un cœur se commande, que l’on choisit d’aimer ou de ne pas aimer, que l’on choisit de vivre ou bien de laisser vivre.

Près du village, il y a un ruisseau, une clairière, des pâturages, un bassin où parfois des enfants se baignent et des cigales l’été. Il n’en faut pas plus, pas plus parfois pour que naissent les drames.

Désormais, les jeunes du village ne feront plus leur charivari, les filles n’humeront plus le printemps, les garçons ne vagabonderont plus dans leurs corsages entrouverts.

Et toi souviens toi bien « le colporteur ne dort jamais, il vit à l’affût, à l’affût des autres ».
Alors ne chante pas sa chanson et laisse passer le temps, il guérit les blessures dit-on, peut-être enterrera-t-il le souvenir du colporteur.


Le bonimenteur (Gérard)
Le bonimenteur marchait sur les routes sinueuses en quête de spectateurs, d’auditeurs attentifs et curieux.
Il vagabondait de ville en ville, de village en village. Nul ne savait- même les vrais amateurs de cette histoire habillement ficelée- depuis quand il vagabondait ainsi, humant de loin les foules à haranguer.
Son sourire éclairé, illuminait son visage buriné par le vent ; son sourire rayonnant attirait tout de suite l’attention de ceux qu’il rencontrait, comme par une sorte de magnétisme ; son sourire ajouté à la belle tessiture de sa voix grave et chaude semblait envoûter son public.
Il ne regrettait jamais le temps passé, la douceur ouatée de l’enfance, les visages des proches, des amis sur les photos jaunies, un peu effacées par le temps, les amours adolescentes, les plaisirs en allés, un premier travail monotone et répétitif aux P et T.
Il ne regrettait jamais son exil loin de la Provence natale ; il avait emporté en lui le chant strident des cigales et cette mélodie brute et sauvage lui donnait l’enthousiasme et enflammait son verbe abondant.
Il ne regrettait jamais les ruisseaux sauvages et imprévisibles qui bondissaient impétueusement parfois au printemps du côté de la montagne de Lurs.
Il ne regrettera jamais Naïs, la première à qui il avait osé conter fleurette à l’ombre bleue d’un figuier et qui avait provoqué un vrai charivari dans son cœur et dans son corps.
Longtemps encore, tel un troubadour il chuchotera à nos oreilles les fables les plus drôles, les recettes les plus rares et introuvables.
Longtemps encore, comme un nuage posé silencieusement sur la colline par le vent, il chuchotera à nos oreilles, la bouche et les yeux grand ouvert, les mains aux doigts longs et expressifs, les histoires les plus extravagantes et les remèdes de bonnes femmes trouvés on ne sait où.
Longtemps encore, il chuchotera dans nos rêves, il bercera notre attention, il nous emportera dans le tourbillon – le charivari – de ses boniments et de son art accompli de comédien et d’équilibriste des mots.
Mais jamais, il ne regrettera Naïs, la petite fermière provençale aux couettes, au gentil petit tablier bleu et au sourire angélique. Depuis, il en avait ébloui des Margot, des Suzon, des Fernande… Combien de cœurs, il avait fait chavirer sous le charme enjôleur des ses phrases joliment tournées. Combien de diablesses, femmes de notables, avaient succombé corps et âmes et ailleurs que sous un figuier !
C’est, en plein midi de juillet sur une grande place de marché bruyant, que j’avais aperçu de loin son immense stature.
Sa voix de stentor, bien posée, attirait les badauds mêmes les plus éloignés.
J’avais surtout observé la longueur de ses doigts qui prolongeait la main comme si ils n’allaient pas finir et qui étaient animés constamment et traduisaient –sans excès, juste ce qu’il faut- l’émotion, l’emphase, bref la tonalité du discours et de l’attitude.
Il pouvait comme Jacques Brel, incarner, habiter une bigote…que l’Ami de Jeff… que la Vieille de ces gens là.
Je fus comme tant d’autres pendant toutes ces années, ébloui par son aura et sa grâce.
De cette rencontre inoubliable, il me prend à rêver d’errances folles et bavardes. De cette apparition fulgurante comme celle d’un soleil rouge dans un ciel tourmenté du mois d’août, il me prend à rêver de palabres entraînantes,  interminables et de récits plein d’ivresse sur les bancs publics.
De ce coup de foudre d’un juillet à la flèche implacable, il me prend à rêver et à chanter tout ce que je sais des histoires des hommes et des femmes, enfants dans un petit recoin de leur cœur.
Et toujours, tant qu’il y aura des mots à dire, à polir, des mots à inventer, des mots à écouter, des mots à transmettre et à partager, le bonimenteur marchera sur les routes sinueuses de l’imagination, vagabondera au hasard de sa fantaisie, attentif à notre soif de rêve, de douceur et d’insolite.