Ballade (chanson) Balade (promenade)
Consignes :
La ballade de Nicolas, de Barak, de Balthazar, du colporteur, du bonimenteur
Etablir une liste de mots,( jolis que j’aime bien)
Evidemment, vent, chuchoter, ruisseau, apercevoir, regretter,
ressentir
Pâturages, miniature ; cigale, soleil, symbole, marcher
Se souvenir, humer, ruisseau, respirer, bassin, troubadour, clairière
silence, charivari
Vagabonder, compter fleurette, rêver sourire, souvent, jamais, pourquoi,
savoir
Egarer intriguer borner, palabres, cyclone, rouge
Texte (on distingue les verbes et les mots)
1. le personnage plus un des verbes
2. un verbe utilisé deux fois
3. un mot repris trois fois
4. un verbe utilisé 4 fois plus deux mots
5. trois verbes utilisés au futur
6. le narrateur apparaît (ou il parle au lecteur
: « et moi » ou « et toi »)
La ballade de Barak (Marc)
Barak sourit ! Il marche, il arrive ! il est là
!
A lui seul c’est le monde qui s’avance vers un nouvel avenir !
Allez savoir pourquoi un tel charivari !
Jamais les peuples n’auront humé un tel espoir de changement !
Il s’égare ! oui il s’égare !
Près d’un ruisseau il va compter fleurette aux Palestiniens.
Dans un cyclone il parle aux Israéliens.
Des palabres ? des mots qui n’aboutissent à rien.
Des palabres ? non pas ! des négociations qui engagent la
vie des nations !
Des palabres ? oui, des traités qui définissent l’avenir
de l’humanité.
Barak hume le parfum des salles de conférences. Il hume les trahisons
qui se préparent. Il hume les espoirs que les troubadours de la paix
transportent avec eux. Il hume les odeurs de mort qui surviendront inévitablement.
Allez ! Barak se souviendra dans la douleur du jour où il a accepté
de se porter candidat.
Pressé de toutes parts il respirera l’air qui lui sera proposé
sans se poser de questions. Il se bornera à exposer les problèmes
sans changer le cours des événements.
Halte ! toi qui te moques ! ne continue pas sur ce ton !
Prend conscience de la catastrophe qui se prépare si une fausse
note est introduite !
L’espoir, que la terre entière a placé sur cet événement
doit être porté par tous !
Le soleil, les pâturages, les cigales, les silences, les symboles.
Barak sourit, il marche, il arrive, il est là !
Le colporteur (Nicole)
Le colporteur ne dort
jamais, il vit à l’affût, à l’affût des autres,
tous ces autres aux milles visages, avec leurs yeux qui méprisent,
avec leurs mains qui étranglent et leurs rires qui tuent.
Le colporteur sait qu’il n’est l’ami
de personne, que ses voisins se moquent de lui, que les enfants voudraient
lui jeter des pierres. Il sait ce que c’est que d’être seul, d’être
le méchant dans le regard du passant, être celui qu’on évite,
celui qu’on déteste.
Evidemment, le colporteur n’est pas celui
que les gens croient.
Evidemment, le colporteur est comme tout
le monde, pas si cruel, pas si méchant, pas que méchant.
Evidemment, le colporteur, même
s’il est laid, traîne un cœur et une âme qui vibrent, aiment et
s’envolent parfois.
Mais le colporteur ne chuchote jamais les paroles douces que les filles
aiment entendre, il ne chuchote jamais dans le vent le prénom de celle
qu’il aime en secret. Il ne chuchote jamais car le silence ne lui appartient
pas ; il ne chuchote jamais, car parler doucement au creux d’une oreille,
cela ne le concerne pas.
Dans les rêves fragiles que le colporteur fait parfois une voix douce
promet qu’un jour celle dont il ne dit jamais le prénom s’apercevra
qu’elle l’aime, elle marchera à sa rencontre et lui sourira, lui sourira,
lui sourira infiniment.
Le colporteur sait qu’il n’est l’ami
de personne, mais il sait que si un jour son rêve se réalise
tout ça changera car la fille est si belle et tous l’aiment, tous
l’aiment infiniment.
Et toi qui ne sais rien de l’amour et ne sais rien du colporteur, tu crois
qu’un cœur se commande, que l’on choisit d’aimer ou de ne pas aimer, que l’on
choisit de vivre ou bien de laisser vivre.
Près du village, il y a un ruisseau,
une clairière, des pâturages, un bassin où parfois des
enfants se baignent et des cigales l’été. Il n’en faut pas plus,
pas plus parfois pour que naissent les drames.
Désormais, les jeunes du village ne feront plus leur charivari, les
filles n’humeront plus le printemps, les garçons ne vagabonderont plus
dans leurs corsages entrouverts.
Et toi souviens toi bien « le colporteur
ne dort jamais, il vit à l’affût, à l’affût des
autres ».
Alors ne chante pas sa chanson et laisse
passer le temps, il guérit les blessures dit-on, peut-être enterrera-t-il
le souvenir du colporteur.
Le bonimenteur (Gérard)
Le bonimenteur marchait sur les routes
sinueuses en quête de spectateurs, d’auditeurs attentifs et curieux.
Il vagabondait de ville en ville, de village en village. Nul ne savait-
même les vrais amateurs de cette histoire habillement ficelée-
depuis quand il vagabondait ainsi, humant de loin les foules à haranguer.
Son sourire éclairé, illuminait son visage buriné par
le vent ; son sourire rayonnant attirait tout de suite l’attention de ceux
qu’il rencontrait, comme par une sorte de magnétisme ; son sourire
ajouté à la belle tessiture de sa voix grave et chaude semblait
envoûter son public.
Il ne regrettait jamais le temps passé, la douceur ouatée
de l’enfance, les visages des proches, des amis sur les photos jaunies, un
peu effacées par le temps, les amours adolescentes, les plaisirs en
allés, un premier travail monotone et répétitif aux
P et T.
Il ne regrettait jamais son exil loin de la Provence natale ; il avait emporté
en lui le chant strident des cigales et cette mélodie brute et sauvage
lui donnait l’enthousiasme et enflammait son verbe abondant.
Il ne regrettait jamais les ruisseaux sauvages et imprévisibles qui
bondissaient impétueusement parfois au printemps du côté
de la montagne de Lurs.
Il ne regrettera jamais Naïs, la première à qui il avait
osé conter fleurette à l’ombre bleue d’un figuier et qui avait
provoqué un vrai charivari dans son cœur et dans son corps.
Longtemps encore, tel un troubadour il chuchotera à nos oreilles
les fables les plus drôles, les recettes les plus rares et introuvables.
Longtemps encore, comme un nuage posé silencieusement sur la colline
par le vent, il chuchotera à nos oreilles, la bouche et les yeux grand
ouvert, les mains aux doigts longs et expressifs, les histoires les plus extravagantes
et les remèdes de bonnes femmes trouvés on ne sait où.
Longtemps encore, il chuchotera dans nos rêves, il bercera notre attention,
il nous emportera dans le tourbillon – le charivari – de ses boniments et
de son art accompli de comédien et d’équilibriste des mots.
Mais jamais, il ne regrettera Naïs, la petite fermière provençale
aux couettes, au gentil petit tablier bleu et au sourire angélique.
Depuis, il en avait ébloui des Margot, des Suzon, des Fernande… Combien
de cœurs, il avait fait chavirer sous le charme enjôleur des ses phrases
joliment tournées. Combien de diablesses, femmes de notables, avaient
succombé corps et âmes et ailleurs que sous un figuier !
C’est, en plein midi de juillet sur une grande place de marché bruyant,
que j’avais aperçu de loin son immense stature.
Sa voix de stentor, bien posée, attirait les badauds mêmes
les plus éloignés.
J’avais surtout observé la longueur de ses doigts qui prolongeait
la main comme si ils n’allaient pas finir et qui étaient animés
constamment et traduisaient –sans excès, juste ce qu’il faut- l’émotion,
l’emphase, bref la tonalité du discours et de l’attitude.
Il pouvait comme Jacques Brel, incarner, habiter une bigote…que l’Ami de
Jeff… que la Vieille de ces gens là.
Je fus comme tant d’autres pendant toutes ces années, ébloui
par son aura et sa grâce.
De cette rencontre inoubliable, il me prend à rêver d’errances
folles et bavardes. De cette apparition fulgurante comme celle d’un soleil
rouge dans un ciel tourmenté du mois d’août, il me prend à
rêver de palabres entraînantes, interminables et de récits
plein d’ivresse sur les bancs publics.
De ce coup de foudre d’un juillet à la flèche implacable,
il me prend à rêver et à chanter tout ce que je sais
des histoires des hommes et des femmes, enfants dans un petit recoin de leur
cœur.
Et toujours, tant qu’il y aura des mots à dire, à polir, des
mots à inventer, des mots à écouter, des mots à
transmettre et à partager, le bonimenteur marchera sur les routes sinueuses
de l’imagination, vagabondera au hasard de sa fantaisie, attentif à
notre soif de rêve, de douceur et d’insolite.
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