Atelier du 30 mars : « Elle parle. »

 

Consignes

Dans un lieu public quelqu’un parle et ne s’arrête pas de parler

et moi je suis là parce que…

 

1  Elle parle ...

2  Elle parle et répète  sans arrêt…

3 Elle parle et je…

4 Elle parle, elle parle et je réalise que

5 Elle parle, elle parle et je ne l’entends plus

Et puis elle part…  

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Les textes : celui de Marc   celui de Madeleine  




"Elle parle, elle parle..."


Elle parle ... Hou là ! Mais c’est pas vrai !  Elle n’arrête pas !

J’étais dans ce square pour faire la pause repas mais où vais je aller ? pas de havre de repos à l’horizon, tout le monde fait comme moi à cette heure. Je n’arrive pas à comprendre ce que cette personne me dit mais me parle t elle vraiment ?

Elle me rappelle cet animateur de l’atelier auquel je participe et qui nous soûle de ses bavardages incessants.

"Regardez mon chien ! Je ne sais pas ce qu’il a ?

Depuis hier il n’arrête pas de baver ! Il ne vous a pas mordu ? Ce matin il a agressé le facteur et je lui ai conseillé d’aller à l’hôpital. Pauvre bête il n’était pas méchant mais maintenant il ne faut pas s’en approcher."

Je sors mon sandwich et le pose à côté de moi. Le temps de fouiller dans mon sac pour chercher la banane et la bouteille de coca, ... son chien s’en accapare ; la sale bête !

Elle parle, elle parle...

« Surtout ne tentez pas de récupérer votre sandwich ! Soyez assez aimable pour aller lui chercher un peu d’eau dans cette gamelle ! Ne craignez rien je veille sur vos affaires ! »

 

 Elle parle et répète  sans arrêt que maintenant... il a sûrement la rage.

"Vous n’auriez pas du lui donner à manger ! Vous savez c’est interdit de nourrir les bêtes en dehors de leurs repas ! Vous le savez bien ! Au zoo c’est marqué sur les clôtures.

Regardez ! il montre les dents, il grogne, je vais lui mettre une muselière.

Il a sûrement la rage ! Que vais je faire ? Si on s’en aperçoit il va falloir le piquer. C’est très grave !"

 
 Elle parle et les autres passants se sont attroupés autour de nous.

J’abandonne l’idée de récupérer quoique ce soit ou de discuter. Je cherche à m’éclipser vers les places rendues libres pour trouver un peu le calme.

« Non mais regardez le ! » crie t’elle à tue tête !

Tout le monde se tourne vers le chien mais elle me désigne directement.

« Il veut se sauver !

C’est lui qui a mis mon chien dans cet état ! Il lui a donné quelque chose empoisonné !

Ne le laissez pas partir ! Appelez la police !

Surtout n’approchez pas ! »

 

 Elle parle, elle parle et je réalise que je suis dans une situation dont je me passerais bien.

Comment se fait il que c’est à moi que ça arrive ?

Je voudrais me concentrer un peu mais rien à faire, je suis interpellé maintenant par le gardien du jardin public.

Dans quelques minutes, je dois passer un entretien pour obtenir l’appartement que je convoite.

 

Elle parle, elle parle et je ne l’entends plus, je revois toutes ces raisons pour lesquelles je suis venu à Paris.

Il y a cinquante candidats pour cet appartement et j’avais réussi à obtenir un entretien avec le vendeur qui était intéressé par l’échange que je lui proposais. Si je rate cette occasion je peux faire un trait sur la vie à Paris car les logements sont hors de prix.

Et ce sera adieu la belle vie parisienne ! les promenades le long de la Seine, les vieilles pierres et tout leur passé, les concerts, les cinémas, les soirées culturelles à deux pas de chez vous, l’animation incessante des artères renommées, la possibilité de rencontrer tout un monde que la Province ignore.

 

Elle parle, elle parle et maintenant je voudrais vraiment qu’elle se taise.
Cette histoire de chien est dérisoire. Qu’elle aille au diable !

 

Et puis elle part, poussée dehors gentiment par le gardien qui semble avoir l’habitude du personnage.

Hélas l’heure de mon rendez vous est passée...
Je vais pouvoir rentrer à la maison et tranquillement m’occuper de mon jardin en rêvant à la vie parisienne.