L'atelier du 16 mars

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Consignes

1.    Ecrivez un premier paragraphe (une quinzaine de lignes) :
"Comment vous imaginiez votre vie d’adulte quand vous étiez petit."
2.    Ecrivez une succession de phrases commençant par :
« Je suis un homme (ou une femme) qui … »
3.    Un paragraphe sur : « Une fois dans ma vie j’ai failli devenir… »
4.    Un autre sur « J’aurais pu devenir… »
5.    Un autre sur : « Ce que je ne veux absolument pas devenir »
6.    Enfin vous aménagez l’ordre des paragraphes en replaçant une ou plusieurs phrases du paragraphe 2.



Les textes : de Nicole, de Marc, de Emmanuelle,




Je suis un homme qui ...

Encore un peu et j’étais « prof de gym » pour la vie !
J’adorais le tennis, l’athlétisme, le basket et le ping-pong. Pas trop les Mathématiques et je perdais tous mes moyens dès qu’il fallait répondre à des  questions. Les examens, je m’arrangeais pour les rater.
Finalement, peu de goût pour les études et beaucoup pour les exercices physiques.
« Oui c’est bien beau mais sans le Bac et un bon métier, on n’arrive à rien ! » C’est ce que j’entendais de tous les côtés. Donc une solution : faire le professorat d’Education physique.
Avec le Bac en poche après plusieurs essais, je découvre la vie universitaire pendant une année d’internat au CREPS de Strasbourg. C’était merveilleux !
Je prends du goût au travail et accompli des performances physiques incroyables grâce à un entraînement intense.
Rentré à Paris, M. Magnin me propose  un poste de prof de gym et maître d’internat au Moncel tout en suivant des cours pendant trois années pour passer le professorat.
Quelle déception ! il ne s’agissait plus de faire du sport mais en faire faire à des voyous qui n’en avaient aucune envie. De quoi détruire une vocation !
Alors une dispense bienvenue pour les étudiants en EP de ne faire qu’une année de préparation pour obtenir le diplome d’état de kiné me garantit un métier et me permet de me lancer un peu plus tard dans le monde du yoga.

J’aurais pu devenir... médecin, ostéopathe, tennisman professionnel, horticulteur, député, général des armées...
Je suis devenu, masseur, kinési (ne pas confondre avec le précédent...), jardinier, responsable syndical pendant quelques mois et sous lieutenant de réserve pour sauver la France en temps de paix.
Je suis un homme qui... déteste les conflits et fera tout pour assurer une bonne entente.

Je redoute par dessus tout de devenir un vieux pantouflard, dépendant et obéissant.
Je suis un homme qui...a peur de vieillir mais qui ne cherche pas à paraître jeune.

Je suis un homme qui...est vexé quand il tombe malade car il est fier de sa forme physique.
Je suis un homme qui...  pratique le yoga

Je suis un homme qui... apprécie les relations affectueuses avec les hommes ou les femmes.
Que dieu me préserve de n’être plus regardé par les filles !
Je suis un homme qui...cherche à se faire apprécier des dames et pas seulement mais de toute personne du sexe féminin.

Le "ptit Marc" se retrouve dans sa chambre, la haut au deuxième étage de la maison, juste au dessus de celle de ses soeurs. Il s’assoit sur son lit en ruminant ses déceptions de la journée.
Dans le dernier tiroir de sa table de nuit une boite de crème de marron est entr’ouverte, il s’en octroie une dose, un doigt, comme chaque soir.
« Quand je serai grand, j’aurai un grand jardin avec des châtaigniers.
Je ferai moi même des marrons glacés et des conserves de purée de châtaignes pour toute la famille.
Ah oui, j’aurai une femme et des enfants. Ils seront contents de jouer avec leur vélo. Nous irons faire des belles balades tous ensemble en campant dans les bois.
Je serai chef de la famille mais aussi chef de troupe scoute, médecin et pourquoi pas  président de la République ? Ce ne doit pas être très compliqué et c’est sûrement bien payé ! »
Je suis un homme qui...ne parle pas beaucoup mais qui rêve.
Je suis un homme qui... aime bien le chocolat mais plus beaucoup la crème de marron.

Je suis un homme qui vit aussi avec son ordinateur.
(Marc)


Je suis une femme qui ...
Je suis une femme qui ne s’est jamais mariée.
Je suis une femme qui n’a jamais été la première femme de quelqu’un.
Je suis une femme qui appelle ses parents par leur prénom.

A cette époque là j’aimais encore l’école ; je connaissais tous les arbres de toutes les forêts autour du jas. Chaque animal de la ferme avait un prénom et partout j’avais des cachettes.
Dans mes rêves pour plus tard, il n’y avait pas de mari merveilleux et d’enfants délicieux. Il n’y avait pas de mariage qui serait le plus beau jour de ma vie, pas de jolie maison, pas de princesse. Dans mes rêves pour plus tard, il y avait des milliers d’ailleurs ; de grandes histoires d’amour violentes et passionnées. Oui, il y avait de l’amour beaucoup et un travail passionnant, sûrement chanteuse ou chauffeur de bus. Mais pas de mari et surtout pas d’enfant ; et surtout plus d’enfance.

Et maintenant,
Je suis une femme qui fait du théâtre.
Je suis une femme qui n’a jamais le temps.
Je suis une femme qui parle avec un chien.

A un moment de ma vie, j’ai failli devenir expert comptable. Oui, expert comptable. Expert, con et stable. Je commençais à avoir le physique comptable à savoir un gros cul plat et mou à force de rester assise à une table.
Je me passionnais pour les nouvelles lois des finances ; j’avais des collègues, un plan de carrière, des congés payés, un contrat de travail, des réunions le lundi matin, un porte feuille de clients, une secrétaire, une agrafeuse dans mon tiroir ; j’étais stressée et j’avais des crises d’angoisse qui commençaient le dimanche midi et finissaient le vendredi soir.
Heureusement j’ai failli en crever, ça m’a permis de vivre.

Je suis une femme qui ne comprend pas tout.
Je suis une femme qui est souvent en colère
Je suis une femme qui voudrait savoir se taire parfois.
Je suis une femme qui croit en Dieu.

Car,
   je ne voudrais pas, un jour, passer dans une allée d’un grand magasin, au rayon « album photo » et penser avec remord à toutes les photos que je n’ai pas pu faire : celle de mes enfants, de leur anniversaire, celle de mon mari, celle de notre mariage, celle de nos vacances durant lesquelles nos enfants auraient vu la mer pour la première fois. Je ne voudrais pas, un jour, regretter d’avoir eu une vie stable, de ne pas avoir suivi un plan de carrière, de ne pas avoir fait ce qu’il aurait fallu faire pour devenir quelqu’un de bien.

Je suis une femme qui cherche et qui ne sait pas si elle trouve.
Je suis une femme qui pleure en dedans et sourit en dehors.
(Nicole)