Tous les textes de Paul
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En 2010
Alice & Ecila
Pierre ....
Moi même
Oulaï Oulaï
Le funambule de l'espace
Aurore
Cent peurs et cent reproches
Mon intime transmission
J'ai vu tant et temps
La rumeur

          En 2011    

Paul 

Moi même

Comme d’habitude le réveil sonne,
Comme d’habitude, tu as oublié de prendre ton parapluie,
Comme d’habitude, je veux l’impossible ;
Comme d’habitude j’ai peur d’être abandonné,
Comme d’habitude j’écrierai ton nom sur les murs du salon.

                 … WOODSTOCK ….JIMMY HENDRIX…1969…

-Woodstock, cela reste pour moi un lieu, un moment, une découverte, un film mythique au slogan impérissable :

                    « 3 jours d’amour, de musique, et de paix  »

-Jimmy Hendrix c’était un guitariste black de génie ; au petit matin avec sa guitare  fender stratocaster blanche, de la main gauche, il réveilla par une interprétation psychédélique de l’hymne national américain, une assemblée de plus de 500 000 jeunes, endormie par une nuit de musique non-stop  cendrée de marijuana.
-1969, cela m’évoque : le mouvement hippie ; la non-violence ; une recherche spirituelle aux senteurs  venues de l’Inde ; Katmandou ; vers une paix au Viêt-Nam.

…WOODSTOCK…CASSIUS CLAY… LE PREMIER HOMME SUR LA LUNE…

J’ai aimé cette époque ; j’avais une douzaine d’années. J’ai encore en mémoire ces colliers de fleurs, dans une gamme chromatique de demi-tons orangés, sur des poitrines dénudées de jolies filles blondes aux sourires ensoleillés ; en quête de liberté, d’émancipation…
.
 Ô jolies fleurs épanouies parmi les fleurs …vous éveillâtes en mon corps d’adolescent pubère… des prémices érotiques nourrissant certaines de mes veines… d’une sève nouvelle …j’en rougissais.

J’ai aimé ce rassemblement de jeunes en toute fraternité.
J’ai aimé la Pop-music, d’Hendrix à Janis Joplin,de Richie Havens à Joan Baez, des Who aux Ten years after.
J’ai aimé le mouvement pacifiste contre la guerre au Viêt-Nam au leitmotiv « make love, no war »(faites l’amour, pas la guerre).
J’ai aimé le  beau Cassius Clay champion du monde de boxe ; à son apogée.
J’ai aimé  sa victoire à Kinshasa ; contre George Forman sous un tapis d’encouragement par un public en plein délire.(30.10.1974)
J’ai aimé l’année 1969… 69 année érotique, comme dirait Gainsbourg
J’ai aimé mon émerveillement, procuré par Neil Armstrong posant les premiers pas d’un homme sur la lune. Il était 3heures du matin environ, en ce 21 juillet 1969, encore excité par l’événement, je sortis sur le balcon accompagné de mon père et de mon frère, nous levions la tête  fixant le fameux satellite naturel de la terre . Nous  nous disions  : «  Il est tout la haut » …
J’ai aimé ces jeunes illuminés vénérant le culte de Krisna, de Rama.
J’ai aimé la comédie musicale « HAIR ».
J’ai aimé tout ceci et plus encore… mais j’étais trop jeune pour t’aimer… toi qui existais déjà…qui vivais déjà quelque part… dans ma plus grande ignorance en ces temps jadis…toi qui partage mon existence  en ce jour…

…                      …AIX-EN-PROVENCE…MOI-MEME…2010…

Aujourd’hui, le pré- ado que j’étais a laissé la place à une succession de personnages, de tranches de vie diverses, dont le seul point commun  reste, une seule et même âme. Une âme dans tout ses états ; quelquefois rassurée par des certitudes, d’autres humant certains bonheurs, ou encore d’autres dispersés dans la tristesse, le doute, la peur…pleurant les séparations de ceux qui m’ont donné la vie, ceux qui m’ont élevé, ceux qui m’ont aimé ou tout simplement ceux qui m’ont accompagné.

La guerre au Viêt-Nam a pris fin depuis bien longtemps ; laissant comme seuls souvenirs, la souffrance, le désarroi et les noms des victimes ; enfants et vieillards injustement assassinés.
Ils restent imprimés à tout jamais dans la mémoire de ceux qui ont connu cette tyrannie, cette barbarie honteuse provoquées par certains dictateurs, aux fantasmes belliqueux, au culte, démesuré, de la personnalité.
Bien d’autres guerres ont rejailli aux bruits effrayants des bottes… aux sons des canons…
Combien d’invasions ; combien de massacres ont été signés, ont été saignés au nom de l’intolérance, au nom du pouvoir, au grand nom de la liberté et de la vérité suprême !…

OUI ! Je l’affirme tout haut ; «  le progrès n’a pas amélioré la condition humaine dans son approche de l’amour du prochain ! ».

Seul l’apparat, l’amour à outrance du gain, au détriment des hommes et de la planète ont évolué à  grand pas.
Ils ont sonné le glas dans un fracassant crac- boum –Huu…un krach à la 1929 … juste avant l’ère de la grande dépression…

La planète affolée n’en finit pas de crier, de pleurer… un jour ; nous paierons nos oublis et nos indifférences devant tant d’impostures… mais, à quel prix ?… 
 
              “Manchester…England England…Manchester… England England
                                                au bout de l’avenue ;
                je suis un génie, génie…et je crois en D-ieu,et je crois que D-ieu… »
                       Laissez, laissez… rentrer le soleil…laissons rentrer le soleil
                                                                                        (laissons rentrer le soleil… HAIR1969)

                        …AIX-EN-PROVENCE… MOI-MEME… 2010…

je suis un homme  à l’automne de sa vie… je prie afin que les saisons à venir défilent au gré de mes envies… de nos désirs. Et mes souvenirs, comme  dans le fond d’une toile de maître…prendront place comme pour sublimer aux couleurs d’un feu ardent notre amour … En avant plan s’ajouteront, sur ce tableau de ma vie…les projets qu’il me reste encore à vivre et partager avec toi…

Comme d’habitude le réveil sonnera
Comme d’habitude, tu oublieras ton parapluie ;
Comme d’habitude je voudrai l’impossible
Comme d’habitude, j’aurai peur d’être abandonné ;
Comme d’habitude j’écrierai ton nom sur le mur du salon… un peu plus chaque jour…


                                                  Paul Dahan 18.01.2010




                                                           Alice & Ecila


Aujourd’hui c’est Noël. Jour sacré de la naissance du Christ… du  petit Jésus…
Fils de...de D-ieu sur terre … ( comme chacun sait…)… j’allais dire une insulte… un sacré blasphème puni… d’une lapidation, c’est certain…

Je reprends…  petit Jésus fils de D-ieu, soit, comme nous tous… si l’on est croyant … nous somme tous des fils de…ma langue a failli fourcher de nouveau ; je me reprends « TOUS DES FILLES ET FILS DE D-IEU », nom d’une…de D-IEU !!!
 
J’ai horreur de ce jour du «  25 DECEMBRE » !

Non, par rapport au fils du charpentier…j’ai encore dis une bêtise…je me reprends… non, par rapport… au petit Jésus… fils de D-ieu…du grand D-eus de l’AU-DELA…et non pas de ZEUS…  D-ieu suprême de l’O-LYMPE !

Je m’appelle Alice. Je suis une fille…. Fille de mes parents…fille de Martine, ma sainte mère… fille de Clément mon géniteur… fille de D-ieu mon saint père… ou un truc comme ça… (Un beau ménage à trois)…
.
je suis née un 25 décembre comme lui le barbu à la couronne de ronces…rempli d’amour… crucifié pour nos péchés…

Pourquoi petit Jésus n’es tu pas nait un autre jour…le premier Janvier par exemple…au moins plus de problème pour moi… et tous les natifs de ce sacré jour.

Nous pourrions fêter notre anniversaire sans encombre, avec tous nos amis enfin disponible.  Plus besoin de se sentir obligé de se retrouver en famille… à manger… à bouffer… à n’en plus finir… à échanger des cadeaux de convenance...des cadeaux souvent de mauvais gouts… tout juste bon à être de nouveau échangés… parce que ça nous ne plait pas…ou parce que c’est pas ce que l’on espérait…

L’année commencerait avec le jour de ta naissance et non pas par le jour de ta  circoncision.

Ainsi le Monde ferait une double fête…fête de ta venue sur terre et fête du nouvel an…

Des fêtes encore plus grandes…plus intenses…plus commerciales…plus stressantes !

Des fêtes avec, certes,  moins de foi en l’Homme et  plus de foie gras…accompagné de confiture de figues …de  figues de barbarie… avec de fines épines…dès, qu’elle vous effleurent  les doigts …ça vous démange tout le corps… le corps et le saint esprit…

Mes propos sont absurdes ; aucune chance de changer  ce jour.

L’inégalité est trop importante. Moi, la petite Alice, simple rebelle devant l’éternel, le trublion d’un moment, la révoltée de toujours.
 Lui, le messie, le D-ieu vivant sur terre venu prêcher la sainte parole et sauver l’Humanité !

 Mort après tout…comme mon Ernest, mon amoureux, disparu en pleine fleur de l’âge ; il n’y a pas si longtemps…

Je n’en veux pas à mes parents de s’être aimé, d’avoir semer la petite graine en ce début du printemps. D’après mes calculs, ma date de conception serait un 25 mars ; un Samedi exactement, le soir…je suppose…date anniversaire de maman ; comme par hasard… «  L’après-midi, on invite les copains, la famille, on souffle le gâteau ; puis le soir, on réserve le meilleur resto, en tête à tête, de la ville pour un diner aux chandelles en amoureux…puis de retour dans la chambre d’amour…BOUM BADABOUM…je t’aime, moi non plus… »

Neuf mois plus tard c’est ce fameux 25 décembre… le petit Jésus se retrouve dans la crèche…pauvre Alice…

C’est juste une révolte intérieure,  envers mes parents. Je les aime  et j’ai besoin de leur amour.

Par contre, notre voisin de palier ;je n’en dirai pas autant. Mr Tonipop est un vieux monsieur, sans âge, souvent grincheux et recroquevillé quand il marche, râlant dans sa barbe et ses vêtements négligés.

Une fois je l’ai croisé dans la cage d’escalier, lui montant, moi descendant. Il a relevé la tête  bien droite et m’a fixé profondément.
Il m’a esquissé un large sourire ; pour la première fois ; défroissant ses plis d’amertumes bien ancrés de chaque coté de ses lèvres, vers le haut.
Sur l’instant j’ai eu peur et j’ai dévalé les escaliers quatre par quatre, laissant Mr Tonipop dans ses interrogations.

En fait j’avais cru voir dans son regard, je ne sais pas pourquoi, une lueur, me rappelant un peu Ernest. Cette vision absurde venait  confirmer que les plaies en mon cœur étaient loin d’être pansées.
Quelques semaines plus tard Mr.Tonipop est mort dans son sommeil, dans la douceur de cette nuit là, laissant toutefois un grand vide dans l’immeuble.

Ecila, c’est le prénom de mon amie, mon intime, celle qui ne me quitte jamais ; mon double, mon «  verlan » : Alice-Ecila.
Elle s’est révélée à moi depuis mon plus jeune âge, comme une évidence pour moi.

Elle est ma confidente, ma conseillère, ma conscience complètement inconsciente et loufoque.

Depuis quelques temps, elle à cette drôle d’habitude de demander l’heure à chaque passant.
Les passants ne lui répondent pas car Ecila est invisible pour eux. D’ailleurs, j’étais obligé de lui dire « vois- tu quelqu’un d’autre que nous deux sur ce trottoir ? »…
Ce jeu a duré jusqu’au moment où elle a réalisé, qu’elle n’existait que pour moi….
Alors, confuse et honteuse : elle retourna en moi, se confondant en mon être…nous ne faisions plus qu’un seul et unique corps…

Je parle à ma solitude ; je la sens à chaque seconde et je lui parle…longuement…
Je lui parle de mes états d’âme…mon mal de vivre…ma difficulté à  ne pas vouloir grandir…à rejeter constamment mon père…à fusionner avec ma mère !
Je lui parle de mon envie d’aimer…à l’excès…d’être aimer de cette même intensité.

Alors comme ma demande est trop importante… j’aime passionnément… et toute seule…sans attendre une réciprocité…puis je souffre de ce non- partage absolu et je me fais larguer par mes mecs…

On me trouve trop envahissante, trop mièvre, décalée avec la réalité…

Dans un moment de survie, je m’accroche comme une ancre à un rocher. L’ancre casse, mon bateau va à la dérive…mon bateau coule …et je demande la mort… comme un besoin, que nous avons tous…quelquefois… pour une minute d’éternité…

Ecila, un jour dans un élan de mansuétude, de compassion extrême, m’a éveillée…

Elle m’a fait comprendre comment grandir, murir et aimer avec moins de souffrance…

Un soir, me sentant enfin prête, nous  avons diné ensemble en amoureuses dans le plus beau restaurant de la ville ; un brin de folie en somme ; comme par hasard c’était un 25 mars date anniversaire de ma mère. (Papa, pour l’occasion, avait fait la surprise à maman, de lui offrir un week- end , à Venise ).

Nous nous sommes assisses ; moi sur la banquette de cuir rouge ; galanterie oblige ; Ecila sur une chaise contemporaine, de bois laqué noire… en face de moi…
Avant le repas, qui semblait succulent ; nous avons commandé  deux coupes de champagne en introduction à cette soirée romantique…
Nous élevions nos verres de Crystal … nous fixions intensément nos regards, suivant le rituel consacré…
Nos coupes se sont entrechoquées tendrement, laissant diffuser un son aigu et continu ; nous lâchions «  un tchin-tchin… à tes amours… » Sincère et heureux.

Dans cet instant de plénitude…une larme à coulée sur la joue d’Ecila…puis sur la mienne… je voyais dans le  regard d’Ecila, une étincelle de l’âme de mon vieux voisin ; mélangée à celle de mon cher Ernest…

Ecila, petit à petit… je ne sais par qu’elle magie, se métamorphosait…elle prenait une autre forme… un autre visage…un autre corps… elle devenait un homme jeune et  charmant … il approcha son verre  vers mes lèvres toutes excitées … puis, lâcha d’une voix suave et virile :

« Je m’appelle ERNEST POPINOT… »


Paul Dahan           Janvier 2010


  Consignes : Dans la glace de la salle de bains, un matin, je vois... 
(Chaque participant donne des éléments qu'un autre membre du groupe va mettre en texte)
•    La maison
•    « Mon » visage
•    Le détail qui rappelle un passage difficile
•    Dans l’éclat du regard un bonheur

                                                            Pierre
                                                                ou
                              «   REQUIEM POUR UN LAIT DE GENISSE »



Il y a des matins comme celui-ci, où quand le jour se lève, on n’est plus personne…

As-tu vu Pierre ? As-tu vu le mur de pierre, de Pierre ? Le mur de  Pierre est il enfin mûr ?

Devant ton miroir, au dessus du lavabo, tu vois le mur, en fond derrière toi… d’une façon inhabituelle…un mur sans couleur… sans matière…suspendu… entre le sol et le plafond…un mur en lévitation…tu n’en crois pas tes yeux …les yeux écarquillés…tu observes…tu ne comprends pas cette étrange vision…

La lumière du matin, projette sur le mur des ombres de femmes dansantes, comme des moukhères de Ghardaïa venue spécialement du désert afin de t’offrir une danse du ventre orientale…en ombres chinoises.
Bouche bée, le rythme des delboukas s’installe dans ton esprit… dans ton corps.
Tu bouges ton postérieur… tu te déhanches également…puis tu danses…oui Pierre danse...Danse avec les ombres…

Pierre de lune ou œil de tigre ?...pierres, êtes vous donc de marbre ?
Pourquoi restez- vous de glace, insensibles aux élans de séductions de ses belles dames ?
Pierre, la Marie-Jeanne (marijuana) ne t’oublie pas quand tu l’allumes…quand tu l’attises…

Il y a des matins comme celui-ci où quand le jour se lève, on n’est plus personne…

Le son du clocher de l’église s’est tût…la messe a été dite tant de fois…D-ieu s’est mis en jachère et tes prières ont été balayées par la queue de Satan…

Qui es-tu en ce jour, Pierre ?...un étranger rejeté des nations ou un juif errant noyé dans ses utopies ?...

La ride creuse son sillon d’un travail aride sur ton front…la belle effrontée se dévoile un peu plus chaque jour…
L’âge qui est le tien…l’âge d’or… l’âge de pierre…la ride, cette insolente prépare ta mort à chaque instant…

Entre le laid et le beau, la Castafiore se révèle à toi comme une génisse assoiffée dans une beauté cachée…elle chante pour toi un requiem…

                        «   REQUIEM POUR UN LAIT DE GENISSE.. »

Il ya des matins comme celui-ci ou quand le jour se lève, on est plus personne…


                                                          Paul Dahan      février 2010



                                               Oulaï ; oulaï…*

-Jérusalem-14h30-

La lumière à ce moment du jour, se fait sentir lourdement sur les paupières closes de Yohan.
De la poche de son blouson de cuir, il sort une paire de RAY-BAN « style aviator large », qu’il enfile avec soulagement.
La Subaru 4x4 conduite par son frère Ilan, s’arrête devant l’hôpital Hadassa.
Yohan a rendez-vous avec un éminent ophtalmologue. Un espoir de retrouver la vue via une greffe peut être envisagé.

Deux ans déjà, de nuits sans jours… d’écran noir total… de barrière insolente et impitoyable… ignorant avec mépris la couleur de la vie extérieure.

Yohan se sent heureux et inquiet par un tel projet, ses lèvres esquissent un léger sourire tout en murmurant un oulaï  ;oulaï… (peut-être ; peut-être…)

-Jérusalem-18h30-

L’obscurité est déjà tombée dans la ville. C’est comme ça au Moyen-Orient. L’été garde la longueur de ses nuits  afin de mieux  projeter et d’orner  sur sa voûte céleste  des myriades d’étoiles, bien plus grosses qu’en occident,  sous l’œil bienveillant d’une lune teintée de miséricorde.

Ainsi rayonne Jérusalem la belle ; Jérusalem ville d’or et de lumière…

Ilan, dans un geste fraternel tient Yohan par l’épaule, en sortant de l’hôpital.
Yohan reste muet ; son expression semble figée, comme si cette possibilité extraordinaire de voir, l’oppressait en finalité…

Sur le chemin du retour, Ilan sort de la boîte à gants de son véhicule  un C.D de Matti Caspi, le chanteur israélien préféré de Johan. Dans une belle communion et d’une voix commune, ils chantent à haute voix le refrain de la chanson oulaï ;oulaï…

                                                         Deux ans plus tôt
                                               
-Tel-Aviv - 3h du matin

La fièvre du samedi soir.

La musique psychédélique aux rythmes techno, se déchaîne en vociférant, à travers les enceintes de la discothèque « THE END OF THE WORLD » de Tel-Aviv ; la ville qui ne dort jamais…
Yohan danse sur la piste de danse collé à Myriam sa petite amie. Ils ont la tête  qui tourne, le corps imbibé de T.G.V (boisson alcoolisée, mélange de Téquila, Gin et Vodka).
Ils déambulent au rythme déjanté d’une musique sans fin, au milieu d’un essaim d’abeille, parfumé d’alcool, d’ecstasy, et  de sexe débridé.
Myriam, ce soir là croise un autre regard. Des yeux d’un vert envoûtant  s’approchent de ses yeux, ils les fixent et détournent Myriam de Yohan.
Myriam disparait avec le beau jeune homme aux yeux d’un vert envoutant.

                                         
    
 -Jérusalem-23h45- retour deux ans plus tard

Yohan reste enfermé dans son mutisme. Ses parents n’osent pas l’interroger. Rien ne sera dit, ce soir là à la maison, concernant sa consultation avec le professeur de l’hôpital.
Yohan connait chaque centimètre carré de l’appartement familial. Cela le rend indépendant pour ses déplacements. Après  une bonne douche, il rejoint son lit prêt à méditer et à s’endormir.

« Ils ont des yeux et ne voient pas, ils ont des oreilles et n’entendent pas… »
Yohan se voit transformé en totem indien de bois, comme ceux qu’il voyait, à l’époque, dans les westerns télévisés de John Ford. Il se trouve au milieu de sioux dansant en pleine transe autour de lui. Ils l’implorent, ils le vénèrent. Yohan voit, Yohan entend, mais le totem le morceau de bois lui, ne voit pas, lui n’entend pas…les hommes, les idoles…
« Ils ont des yeux et ne voient pas, ils ont des oreilles et n’entendent pas… »
Cette phrase résonne de nouveau dans son esprit. Il fredonne quelques notes de la chanson oulaï ; oulaï… et s’endort.

L’exploration du monde intérieur, du corps subtil, n’a pas de limite pour celui qui veut bien voir. Yohan navigue dans cet océan loin d’être obscur, nourrit de discernements, de vibrations colorées, suivant les variations de ses émotions.

« Retrouver la vue ? Pourquoi faire ? » Se dit Yohan. « Tant de violence,  tant de brutalité, tant d’abus et de mensonges dans le monde des voyants… ces aveugles non-conscients …»

Yohan sent naître en lui une autre vision de la vie, une spiritualité grandissante nourrit d’empathie et de compassion pour son prochain. Il trouve enfin un véritable sens à sa vie, à l’existence.

Yohan, décide de refuser l’intervention chirurgicale et ses vingt pour cent de réussite.

                                                      Dix ans plus tard   

- Jérusalem -9h15-

Yohan tient dans ses bras un nouveau-né prénommé Yaniv, un garçon, son quatrième enfant.
Liraz , la maman et la femme de Yohan était son infirmière.
 L’amour profond et durable vient souvent de la connaissance de l’autre, dans un sentiment de donner et non pas de prendre uniquement de l’autre…ainsi ‘s’est construit la relation entre Liraz et Yohan…et ils se sont mariés…
Ils vivent encore aujourd’hui à mea chearim le quartier juif orthodoxe de Jérusalem.
Liraz est toujours infirmière, ménageant son travail et son foyer avec force et amour.
Yohan, lui a rejoint une yéchiva (lieu d’étude approfondit, de la torah).
Malgré sa cécité, ses connaissances s’agrandissent, découvrant certains secrets de la création du monde et la puissance des textes anciens du Zohar.( Livre de la splendeur et des lumières.)
Yohan évolue ainsi, en toute quiétude oubliant cette vision récurrente qui l'a fait souffrir toutes ces années…
                                       
                                                       Flash-back
 
-Tel-Aviv-5h30 du matin-retour à la discothèque THE END OF THE WORLD douze ans plus tôt.

La musique a été remplacée par les sirènes stridentes de voitures de police et d’ambulances.
Les infirmiers et les sauveteurs de la maguen David adom(service de soins d’urgence d’Israël,)secourent les victimes de cette nuit d’horreur.
Les yeux d’un vert envoûtant, ceux qui avaient détourné Myriam appartenaient à un  kamikaze.
Il a déclenché la bombe en embrassant Myriam sous le regard hagard et sidéré de Yohan… des éclats de grenade rouge sang… dans les yeux…

                                                              Fin

*oulaï : mot hébreu signifiant peut-être

                                                        Paul Dahan   mai2010



‘’ Pour vous, qui craignez mon nom, le soleil de
 justice se lèvera, portant la guérison dans ses rayons.’’
 (Malachie-4.2/3.2-)


Le funambule de l’espace


Un homme marche le long de la corniche. Marseille, dans la pénombre se sent prête à se réveiller. Le mistral est tombé, la mer et ses  embruns se sont calmés. Le soleil à l’horizon, pointe déjà le bout de son nez, lâchant ses premiers rayons embrasés de rêves amoureux.

Un homme marche…tel une sculpture de Giacometti « L’homme qui marche »… tout mince, élancé… il est vêtu d’une combinaison noire bien moulante à cagoule… elle recouvre sa tête ...il marche droit devant, d’un pas décidé au rythme cadencé… l’homme qui marche  sait qu’il marche d’une façon perpétuelle…

L’homme qui marche est un funambule sur un fil tendu autour de la terre suspendu dans le ciel, un balancier dans les mains. Il recherche l’équilibre absolu, l’enfer l’attend impatient, à la moindre défaillance…

L’homme qui marche, descend de son fil invisible, il rejoint la terre ferme. Il  revêt  ses habits de simple mortel et partage son quotidien avec sa femme Béatrix.
Béatrix, elle ne marche pas… .Elle sait qu’elle ne pourra plus marcher... qu’elle arrive en fin de vie…

Les maladies évolutives et incurables, ont quelque chose de terrifiant et de réconfortant à la fois.

Au début, on n’y croit pas, puis l’évidence est là. Les premiers signes de détériorations physiques s’installent. Plus de doute, la science encore une fois,  confirme honteusement, ses prédictions. Alors, on se révolte à coup de pourquoi ?...pourquoi moi ?...puis on se résigne devant la sentence au linceul imperturbable… on attend l’ultime moment… ce dernier souffle… celui que l’on a sassé et ressassé dans son esprit en toute ignorance…. à quoi ressemblera t il ?...et puis après ?... après quoi en finalité ?

Les maladies évolutives et incurables, ont quelques choses de terrifiant et de réconfortant à la fois.

Elles laissent aussi le temps de faire le bilan de sa vie…

L’homme qui marche sait que les heures de Béatrix sont comptées. Au delà de la souffrance de sa femme, au-delà de la séparation qui l’attend, il ressent cette journée, insoutenable, dans la force de son émotion. Béatrix, lui dévoile le récit de sa vie avec lui…. l’éclat de son amour…les moments forts et intenses…un inventaire du bonheur partagé avec lui, ne citant que les bons souvenirs…
Elle parle en lui offrant un sourire radieux, un sourire plein de vie, dans un dernier élan de vie, comme une flamme qui s’intensifie à la dernière goutte de combustible.

L’homme qui marche, marchera encore demain…

C’est un funambule sur un fil tendu autour de la terre... suspendu dans le ciel…il ne se pose pas la question de pied droit ou gauche, il marche d’un pas décidé… les yeux fixé vers l’horizon…perché sur les hauteurs, sa vie, comme toute les vies, ne tient qu’à un fil...
Il défie le temps sans jamais se retourner…



Au bout de la corniche ; entre les rochers du Roucas- Blanc et de la mer Méditerranée, se trouve une source d’eau douce au pouvoir purificateur.
Un lieu tenu secret par les initiés. Le soleil à l’horizon répand une lumière, nourrie de prières.  L’homme qui marche arrive à destination. Il se déshabille puis, s’immerge en profondeur dans les eaux limpides de la source.
Il pense à Béatrix… Purifier le corps afin de purifier l’âme, avant de la rendre à son créateur…deux âmes vagabondes…elles s’unissent et s’élèvent tel une oriflamme céleste…

Béatrix est morte ce matin, aux premiers rayons de soleil. On dira d’elle, qu’elle est morte d’une longue et cruelle maladie.
Certains savent, pourtant, que se sachant condamnée ; qu’elle attendait la mort, comme une femme qui attend un enfant…en toute sérénité…

A chaque siècle, l’homme qui marche se rend plusieurs fois à la source au pouvoir purificateur.
Il protège avec bienveillance les âmes humaines ;  comme celle de Béatrix, qu’il cueille au gré de ses improbables rencontres…

Une croyance populaire, raconte : « quand une âme  quitte son enveloppe charnelle, elle se transforme en goutte d’eau, puis quand il pleut, elle retombe dans la source au pouvoir purificateur. Quand un enfant naît, une goutte de la source s’évapore et se transforme en une âme imprégnées de milliers de vies, juste avant d’habiter le nouveau corps ».

L’homme qui marche suivant la sculpture de Giacometti  tient sur ses deux jambes, le buste incliné en avant, c’est un être fragile, une peau fine qui couvre ses os.

L’homme qui marche est un funambule sur un fil tendu  autour de la terre suspendu dans le ciel, un balancier dans les mains, il marche d’un pas décidé pour un monde meilleur…
Au dessus des dalles de caveaux noircies  par les pleurs et les regrets, naît un bonheur immense…son amour pour la vie…


Paul Dahan       Mai 2010



                         Aurore 

Ici et nulle part, sur le bout de ta langue
Emmitouflé dans nos sombres souvenirs,
Dame, lasse de cœur jette son dernier atout.

Ouvrir mes yeux, ne jamais oser te cueillir,
Libérer l’oiseau, et ne jamais t’asservir.
Tes cils battent de l’aile, rythmes inconnus.

Les nuits qui m’enivrent perdent leurs sommeils,
Amours déchus, nus au soleil de minuit.
Ma vie pleure dans l’écho de ton silence…


                                       Paul Dahan    mai 2010



Mon personnage : Antoine, la cinquantaine, à tendance paranoïaque, avocat, marié, un enfant,
Phrase à insérer : « tu ne trouverais même pas de l’eau à le Durance ».


Cent peurs et cent reproches
Je ne me souviens pas le  moment précis, où par trop de reproches à mon encontre, j’ai décidé de me protéger des injonctions parentales.
Alors je me réfugiais dans ma bulle ; plutôt j’allais m’isoler en haut d’un platane, en bas de l’immeuble de chez moi.
Je grimpais le long du tronc, puis j’enjambais les branches et je m’installais sur une petite
plateforme …elle acceptait confortablement mon corps de garçonnet d’une dizaine d’années.
J’entendais  dans ma tête ces phrases en boucle ; « Antoine  tu es bon à rien, Antoine que vas t’on faire de toi, Antoine tu n’es pas dégourdi,  Antoine tu te trompes tout le temps,  Antoine tu ne trouverais même pas de l’eau à la Durance ; Antoine, Antoine, Antouaaaaane…. » ; ces voix me tarabustaient avec une violence inouïe.

Mon arbre me protégeait. Je lui racontais mes propos ;  lui m’invitait au calme, à la détente, à la rêverie…

  - Marseille – La pointe rouge.
J’étais dans l’eau. Je nageais sans bouée, heureux et libre comme un poisson dans son élément de vie.
Un dauphin s’approchait de moi. Il lâchait un son aigu tout en me regardant et me tendait son aile dorsale en signe d’invitation. Je m’accrochais à elle et nous partions là-bas… tout là-bas, au bout de l’horizon... ‘’

Je me suis souvent demandé, bien des années plus tard, pourquoi j’avais choisi de faire des études de droit afin de devenir avocat.
Était-ce pour mes facilités de mémoire ?… par besoin d’équité et de justice?… ou pour lutter contre les peurs et les cent et un reproches que j’avais perçus, comme un lourd héritage?
Je trouvais souvent les remarques de mes proches, intolérables et injustifiées. Je n’osais pas  ni protester, ni me révolter… 
J’accumulais en mon for intérieur une grande colère.
L’amour des parents ; du moins ce que l’on pourrait définir comme de l’amour ; a ses maladresses…d’une part, il y a comme une obligation d’étiqueter, de juger, de condamner…d’ autre part, il y a comme une obligation de supporter, de se soumettre, de se dire que les parents ont sûrement et forcément raison.
« Injustice, injustice » j’avais envie de hurler  si j’avais pu, si seulement j’avais su à l’époque.
Je finissais par y croire, moi,  à ces influences, à ces mauvaises prédictions.
Il m’a fallu une sacrée dose de volonté pour me reconstruire, de me dire : « non, non, ce n’est pas vrai, vous me mentez, tu me mens maman…je ne suis pas uniquement celui que vous me décrivez…je suis peut-être cela… mais pas seulement… ».
J’aurai voulu leur dire d’une voix douce, sans violence : « je suis un garçon sensible, je pourrais  vous surprendre un jour ».
La peur m’envahissait,  ma gorge se resserrait, je susurrais ces propos si bas, qu’aucune oreilles ne les captaient. Alors, je rejoignais mon arbre et je m’endormais :

   ‘’J ‘étais dans l’eau. Je m’accrochais à l’aile dorsale d’un dauphin et nous partions là-bas, tout là-bas... en direction de l’horizon…là où les poissons s’envolent afin de rejoindre les oiseaux du jardin d’Eden…ceux qui dansent des arabesques, dorées par les louanges des sirènes du paradis terrestre, du paradis que l’on dit perdu… ‘’

Mes parents n’auront pas eu la fierté de me voir avec ma robe noire d’avocat, ni d’entendre la qualité de mes plaidoiries.

En fait, lors d’une balade un dimanche évidemment, suivant un rituel bien établi, mes parents longeaient un sentier dangereux en hauteur, le long de la Durance. Un geste inexpliqué leur a fait perdre l’équilibre. Comme ils marchaient toujours main dans la main, ils ont basculé et sont tombés vingt mètres plus bas.
Ironie du sort, ils sont morts noyés dans la Durance.

J’ai interprété leur brutale disparition, encore comme une injonction. C’était pour moi, un refus de me voir et de ne pas admettre qu’ils s’étaient trompés à mon sujet.

J’ai vécu un certain temps dans des méandres tourmentés. Je me voyais dans la peau et les pensées d’un autre homme. Je me révoltais contre la terre entière.
La paranoïa  s’était présentée dans mon imaginaire. Elle s’était déguisée en femme séductrice et vengeresse. Ce n’était plus moi qui guidais mes réflexions.
Elle m’incitait dans des pulsions de mort, à commettre des meurtres contre des pseudos ennemis, envieux et sans morale. Certaines personnes, disait-elle, me voulaient du mal.
Dans un élan de clairvoyance, j’ai compris qu’il s’agissait de visions autodestructrices, brèves  et violentes.
Un jour, j’ai sorti mon sabre mongol, j’ai décapité cette femme, ce monstre qui voulait gâcher ma vie. Elle continuait à se débattre un certain temps, à tournoyer comme une volaille étêtée et tomba finalement à terre. Elle était inerte et sans vie, vidée d’un grande partie de son sang. J’ai ouvert la cage aux lions, j’ai  porté son cadavre, puis je l’ai jeté à l’intérieur, telle une offrande afin de satisfaire le plaisir de je ne sais quel Dieu.

J’avais enfin vaincu la bête immonde, grâce à une efficace thérapie cognitive et comportementale 

Les années ont passé. Je me suis laissé bercer dans un foyer parfumé de bonheur, nourri  par les langoureuses caresses de Noa. Elle était mon épouse, mon amie, ma maîtresse, ma confidente, mais certainement pas ma mère.

Mon cabinet d’avocats s’était largement développé. Ma fille Judith était devenue magistrat pour enfants.

Rassasié de jours, j’ai vécu, vieux et  heureux.

Sur l’eau de la Durance à l’endroit où mes parents se sont noyés, Noa réalisa mon ultime vœu ;  celui d’y déverser  d’une urne mortuaire, les cendres de mon corps où résonnait encore en écho cette sempiternelle phrase :
                             « Tu ne trouverais même pas de l’eau à la Durance ».

                                                         Paul Dahan  Juin 2010


Mon intime transmission


L’amour- La mort- La culpabilité- L’instinct de survie.
La peur- la joie- La tristesse- La colère- L’existence- D-eu-Pourquoi ? Pour qui ?
L’injustice- La guerre- La violence…
Le commencement- Le ciel- Les étoiles- Les océans.
Les oiseaux- Les ruisseaux-Les roseaux...

Pourquoi les étoiles, plutôt que les oiseaux…pourquoi les étoiles plutôt que rien ?...

Rien…étoile

Rien qu’une étoile…un sourire qui se dessine sur la voûte céleste…
Sur la voûte de tes hanches…
Sur le creux de tes reins…ces petits riens…  tes petits seins…
Qui deviennent miens
Mamelons aux sommets rubis, loués au saint-béni-soit-il…créateur de toute choses…
De ta chair et des étoiles…étoiles qui luisent dans tes yeux noirs…
 
Ces trous noirs en  expansion permanente, dans la galaxie de mes désirs, de nos vies,

De tes envies…

Je me souviens d’une étoile, de deux étoiles, de millions d’étoiles aux éclats indécents…
De tes cris aux soupirs impudiques…
Même quand je ne serai plus là, Vénus continuera de briller, de te protéger des flots et des tempêtes. Elle couvrira ton cœur de compassion aux parfums bruts et interdits. Elle caressera tes joues, le bout de ton nez, tes lèvres incandescentes…Tes paupières se fermeront pareilles au soleil rougissant d’un plein d’amour avant de disparaître derrière les collines du Néguev…
Les chants de Vénus franchiront la distance…l’éternité… elle parlera de ta beauté et de mon implacable absence…

J’ai reçu la vie, dès ma naissance…à mon premier souffle, on sut que j’étais vivant…
Cette chair qui m’enfanta,…au-delà de tous sentiments et de fusion maternelle…
Ce ventre…cette matrice… ce laboratoire chimique et divin… aujourd’hui je l’exprime avec le recul nécessaire…sans aucune culpabilité,  servit en fait, en premier lieu inconscient, à la transmission de la vie, de l’instinct de survie de mon espèce…espèce de… espèce d’humain, d’amour de chair et de sang…de poussières d’étoiles décrochées d’un firmament…infime maman…

Filles et fils de la terre, l’amour n’a d’autre raison que celle d’aimer…de transmettre…l’amour, la vie, la justice en attendant celui qui est oint...Comme il est dit…Paroles de nos sages…                                                                                                                           
Transmettez votre amour,  transmettez votre savoir, transmettez la vie …c’est l’éternité qui s’offre à vous…

Auschwitz- La peine de mort-Hiroshima-La pédophilie-La méchanceté-La faim dans le monde-L’incommunicabilité- La déchéance-La tristesse-Le malheur…

Moi, j’ai voulu te transmettre l’histoire de nos pères, de mon père afin que tu saches… t’offrir cet héritage universel comme le  témoin d’une course effrénée à  travers l’espace et le temps…  jusqu’à l’aube du septième millénaire de l’humanité…



Paul  Dahan  septembre 2010


J’AI VU TANT ET TEMPS
J’ai vu une voyante, j’ai vu un O.V.N.I, j’ai vu une souris, j’ai vu ta sœur.
J’ai vu une silhouette, j’ai vu une salope, j’ai vue une salopette, j’ai vu ta sœur
J’ai vu un canon, j’ai vu une nonne, j’ai vu une conne, j’ai vu ta sœur.
J’ai vu un peu vite, j’ai vu où t’habites, j’ai vu ta chatte, j’ai vu ta sœur.
J’ai vu le roi Ubu, j’ai vu qu’t’ as trop bu, j’ai vu Honolulu, j’ai vu ta sœur.

J’ai entendu d’elle, qu’elle chantait les soirs d’été sous les peupliers des jardins d’Albertas.
Que les  silences se plaisaient à s’orner par ses douces mélodies, jusqu’à réconcilier les hommes ingrats et les femmes infidèles…

J’ai vu un indien, j’ai vu un canadien, j’ai vu un amérindien, j’ai vu ta mère.
J’ai vu un livre, j’ai vu un litre, j’ai un titre, j’ai vu ta mère.
J’ai vu un palace, j’ai vu une limace, j’ai vu un rapace, j’ai vu ta mère.
J’ai vu une histoire, j’ai vu une belle histoire, j’ai vu une grande histoire, j’ai vu ta mère.
J’ai vu comment, j’ai vu pourquoi, j’ai vu pour qui, j’ai vu ta mère.

Une de mes plus belles réussites, aura été d’éviter des conflits où il y aurait eu lieu d’en avoir.
De ne pas en avoir eu, là où il n’y avait pas lieu d’en avoir, non plus.
La vie a son mystère…la forêt sa bruyère…

J’ai vu une corde, j’ai vu un cou, j’ai vu une pendue, j’ai vu ta sœur.
J’ai vu ton pardessus, j’ai perdu deux petits sous, j’ai vu tes jolis dessous, j’ai vu ta sœur.
J’ai vu une misère, j’ai vu ma misère, j’ai vu la misère, j’ai vu ta sœur et ta mère.
J’ai vu un bonheur, j’ai vu la bonne heure, j’ai vu la bonne toute à l’heure, je n’ai pas vu ta sœur.

Je voulais car je ne savais pas. Je ne savais pas ce que je voulais. Je savais ce que je ne voulais pas. Puis à  trop vouloir savoir ce que je ne voulais pas, je savais encore moins et je n’en voulais plus. Alors je m’en voulais de ne pas savoir que faire. Je me cachais pendant des années dans ces longues réflexions ; pourtant les yeux de ma mère voyaient tout…

J’ai vu passer Mirza, j’ai vu passer ce chien, oh la la la lala.
J’ai vu Aline, j’ai vu crier Christophe, j’ai vu qu’il avait trop de peine.
J’ai vu les sucettes d’Annie, j’ai vu les sucettes à l’anis d’Annie, j’ai vu son sex-appeal.
J’ai vu son joujou extra, j’ai vu qu’il n’avait pas de piles. J’ai vu qu’il n’avait pas de poils.
J’ai vu les neiges du Kilimandjaro, j’ai vu les neiges du Fuji-Yama, j’ai vu les neiges éternelles.

Sur la dalle de marbre blanc qui me couvrira, vous écrierez en épitaphe : « heureux comme j’ai été… »…Un été…Oui une belle nuit d’été…
Paul Dahan     Novembre 2010



                                          La rumeur
                                        

La rumeur…    Une jalouse vengeresse…
La réalité… Le triomphe de l’amour…
Une seule personne aurait pu…Mais tu n’as jamais pardonné…

Enfants, nous étions beaux et inattaquables.
Pour le meilleur, sans savoir où était le pire.
 Enfants, étions nous si innocents ?

Croire…Prier…Le paradis…Le purgatoire…

« Trahison, trahison »…
Je criai révolté…à qui voulait m’entendre.
 La tentation est puissante comme la foudre…

Quand elle vous tombe sur la tête, vous êtes foudroyé.
Foudroyé… Foudroyé…Foudroyé…
Moi fou d’elle… Elle fou de moi… Toi fou d’elle…Elle fou de toi…

Bien avant le grand Amour, nous aimions déjà…
Comme sèment les enfants avec des cailloux…
A tâtons …à tâtons…
Joli petit Poucet…

Enfants, nous étions beaux et inattaquables.
Pour le meilleur sans savoir où était le pire.
Enfants, étions nous si innocents ?

A t’on le droit d’ignorer, d’effacer…nos serments… nos trésors
Du jardin de notre enfance…
Il fleurit le printemps venu…Vénus drapée de lys blancs au pied de ton lit…
Vénus aux  parfums éphémères… des jardins suspendus de Syracuse.

Elle est apparue dans nos cœurs…l’amour à ses rancœurs…
Nous étions deux, nous étions Di-eu…nous étions trois…

Tous nos secrets ; ceux que l’on garde, ceux que l’on partage, ceux que l’on cache…
Ceux que l’on ignore…toi…moi…elle…

La rumeur partira… l’éclair s’en est allé… le ciel a lâché son cri…
Lune croissante …L’une sans l’autre…
Brille, brille…
Tel un soleil dans mes nuits de grands froids…

Je chante… je danse…je te pardonne…
Mon frère, mon ami, mon assassin…

Enfants nous étions, beaux et inattaquables…
Pour le meilleur…sans savoir où était le pire…
Enfants, étions nous si innocents?…


                                                Paul Dahan  Novembre2010