le participant obligatoire
Atelier Ecriture du 22 avril 08
    L
a consigne était de décrire un pélerinage, une quête imaginaire ou réelle, en insérant quelques passage obligés (une rencontre, difficultés de la langue, remontée de souvenirs pendant le voyage)
    J'ai choisi le voyage en Inde réalisé fin octobre 88, retour début février 89 (voir texte écrit 10 ans après)




Voyage en Inde en 1989 

La proposition de retourner en Inde m'a séduit dès qu'il en a été question.

Le groupe touristique, porteur d'un esprit particulier, me convient bien à priori.  Un serrement de cœur : je me revois  alors que je préparais le dépaysement après la grande séparation de ma vie. A l'époque Marie-Jo se préparait à quitter le foyer et j'avais besoin de prendre l'air.

Comme guidé par une force extérieure, mon choix s'était fixé, alors, sur une action humanitaire à Jaïpur.

Fin octobre 88 je débarquais tout seul à Delhi. Complètement perdu, je m'accrochais à ma camera, lui confiant la mission de témoigner de mon errance et de mes découvertes.

J'ai passé trois mois à Jaïpur, partageant la vie des lépreux dans leurs ashrams. J'ai pu séjourner quelques jours à Calcutta et suis allé à Agra. Avec un dégout pour les touristes, je côtoyais une telle misère ! J'ai eu l'opportunité de terminer mon séjour par une dizaine de jours de retraite en silence dans un centre de méditation Vipassana. C'est sans doute, ce qui me reste de plus constructif.

Je correspond toujours avec un jeune instituteur de là-bas qui avait l'âge de mon fils tué dans un accident, deux ans auparavant. Il s'est marié en 96. Invité, j'ai hésité à faire le déplacement, malgré le bon souvenir que j'avais gardé du mariage de sa sœur, alors que j'étais seul témoin occidental dans cette fête.

La question se pose pour moi, maintenant : vais-je retourner dans ce pays comme un riche qui ne peut plus rien partager, après une expérience qui a marqué un tournant dans ma vie ?

Je disais en 99 :

<< Une période forte de ma vie : le séjour en Inde dont je suis revenu fin janvier 89.

Désirant me libérer d'une tension conjugale que je supportais difficilement, j'avais proposé mes services à une association humanitaire. Par courrier et téléphone "Kinés du monde" m'a accueilli à conditions que je finance mon déplacement.

La destination était Jaïpur, dans le Rajasthan à 300 kms au sud de Dehli. Il s'agissait de contacter les communautés lépreuses de cette région. Une association de Grasse animée par Daniel Fillod était sur place et tentait de mener une action sanitaire sous la forme de construction de dispensaire.

Je suis donc parti tout seul, à l'aventure pour trois mois, fin octobre 88. Je parlais difficilement l'anglais, la langue nationale et je l'entendais encore moins bien.

J'ai compris rapidement que l'aide matérielle apportée quelles que soient les finances dont nous pouvions disposer ne serait qu'une goutte d'eau dans un océan de besoins.

J'ai donc opté pour le témoignage. Muni de la caméra que j'avais acquis l'année précédente, j'en ai fait une compagne destinée à montrer la vie extraordinaire de ce pays. Habillé à l'indienne avec une grande chemise et un pantalon blancs, je transportais mon appareil dans un petit sac à dos. Je cherchais à être discret et rapide mais j'ai excité la curiosité de mon entourage ; et la sympathie ! quand je montrais dans l'instant qui suivait le résultat des prises de vue. Malheureusement il fallait compter avec la poussière et l'insécurité du pays. La première a pénétré l'instrument et l'a mis hors d'usage, la deuxième a fait disparaître lors d'un transport, les cassettes enregistrées. Je n'ai pu ramener au pays que quelques passages de mi-séjour. Je me suis filmé en donnant des soins aux lépreux et proposant des manœuvres de circulation d'énergie.

La plus belle gratification de mon séjour a été ma participation à une session Vipassana. Au voisinage de l'ashram des lépreux qui m'hébergeait était implanté un superbe centre de méditation bouddhiste. Je suis allé, en vélo, prendre connaissance des lieux et des conditions de stage. Dix jours d'internement en silence à suivre la progression des pratiques méditatives, bien cadrées par le maître.

J'ai saisi l'opportunité de suivre un stage qui débutait la semaine suivante. Alors que je ne comprenais pratiquement rien, j'ai eu droit le troisième jour, à la traduction en français, sur cassettes audio, de l'enseignement sur le Dhamma. Lever quatre heures, méditations dirigées, pauses, repas, pratiques isolées, conférence, couvre feu à 20h, les journées défilaient.

J'ai acquis une méthode efficace de concentration et de circulation mentale de l'énergie. Un beau cadeau dont j'ai pu profiter moi-même depuis.>>