Dans le cimetière
« C’est toi Jean ? »
Pas de réponse.
Je referme mon anorak en frissonnant. Les frimas de l’automne avaient
envahi ce village des Apennins où Jean m’avait donné rendez vous. J’aurais
vraiment souhaité en savoir plus mais plus elles sont intéressantes, plus
les invitations de Jean sont énigmatiques.
N’ayant rien trouvé qui puisse me mettre sur la piste au sein du village
qui m’avait paru désert, je dépasse les dernières maisons pour m’aventurer
dans les environs à la recherche d’un indice.
Sur ma gauche un petit bois clôturé par un muret en ruines au bord d’une
rivière semblait correspondre à la description que Jean m’avait donnée.
Entre deux cyprès qui signent habituellement l’entrée d’un cimetière je
crois voir passer une ombre.
« C’est toi Jean ? »
Pas de réponse.
En m’avançant prudemment, je constate que les tombes avaient été bouleversées
par une sorte de séisme. Que s’est il passé ? Une profanation ?
Sans insister je retourne sur la route pensant découvrir quelques éléments
de réponse.
A une trentaine de mètres je vois alors un serpent de grosseur impressionnante
qui se dirige vers moi en zigzagant sur la chaussée.
Je restais hésitant mais au moment où je reculais au risque de tomber
dans le fossé, la silhouette que j’avais aperçue surgit des taillis et se
précipita pour tuer la bête qui était sur le point de s’enfouir dans les
herbes. D’un seul coup de sa baguette bien souple il lui fit un sort.
« Il s’agit d’une vipère, me lança t il, il y en a plusieurs ; méfiez
vous ! Je les traque pour en libérer la région » Il se remit en chasse sans
me donner d’autres explications. Je ne pensais plus à Jean, j’avais perdu
l’inspiration sous le coup de l’émotion.
Quand je me retrouvais seul ma préoccupation revint.
Pourquoi ce rendez vous dans le cimetière ?
Où était Jean ?
Je voulus rattraper le tueur de serpents en le suivant entre les tombes
renversées.
En m’approchant de la première je distinguais une inscription : « Qui vivra
verra ! »
Le silence était retombé sur les lieux ; le vent d’automne détachait les
feuilles des arbres rendant l’endroit plus lugubre. Un murmure pourtant,
celui du ruisseau qui pouvait me faire croire que pas loin je pourrai trouver
un accueil chaleureux et peut être déguster une fricassée de perdreaux.
Soudain ! A quelque mètres de moi une plainte : « A l’aide ! »
C’était la voix de Jean. Il avait le pied coincé sous une pierre tombale
et ne pouvait plus bouger.
« Je t’avais appelé pour que tu m’aides à retrouver les restes de mes
parents enterrés ici alors que des malfaisants ont tout saccagé récemment.
Cette dalle a glissé alors que je tentais de la remettre en place. Fais
quelque chose ! Je t'en prie !Je n'en peux plus ! Je dois avoir la jambe
brisée. Si tu n’étais pas venu je serais mort d’inanition car personne ne
passe ici. »
Sauf le tueur de serpents, pensais je. Faisait il partie des profanateurs
?
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