Les
photos
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Comme d’habitude" (18janv)
Comme d’habitude le réveil sonne à 7 heures
Comme d’habitude il va me falloir passer la journée sur la chaise
et devant l’ordinateur
Comme d’habitude il tombe des cordes à l’heure de la sortie du bureau
Comme d’habitude je reçois une averse de "remarques" journalières
: « Pourquoi tu ne m’as pas avertie ... ? Tu ne me dis rien ! Ne prend
pas l’éponge pour essuyer la table ! Enlève tes chaussures avant d’entrer
! Ne met pas tes pieds sur le fauteuil ! Sors la poubelle et viens dîner
! … »
Comme d’habitude j’irai assouvir ma soif à la fontaine de tes lèvres
…
St Restitut au temps des cerises, Maryse.
St Restitut, c’est un joli village de la Drome dans les environs de
St Paul les Trois Châteaux, dans une ancienne bergerie perdue dans les
pins à proximité de la fontaine Siloé.
Maryse participe à un stage de développement personnel ; elle ne connait
personne. Elle est mariée et directrice d’une école privée dans la région
parisienne. Elle a deux enfants, un garçon et une fille de onze et neuf
ans. Hormis l’animateur, il y a douze femmes et un seul homme.
Le travail du groupe se répartit en deux temps chaque jour : un moment
expérientiel qui peut durer jusqu’à quinze heures et un temps d’analyse.
Pendant les pauses la cueillette des cerises.
Le participant masculin c’était moi.
J’ai aimé ces temps de pratique où l’inattendu surgissait à chaque
instant, ces temps pendant lesquels nous pouvions évoluer en silence dans
une pièce étrange avec des tapis disposés sur le sol dans tous les sens
et l’espace pour déambuler les yeux fermés sur le monde et ouverts vers
l’intérieur. Se rencontrer soi même d’abord et les autres ensuite. Les
consignes étaient distillées par l’animateur pour interpeller notre subconscient
: « Le Nord, l’Ouest, le temps, moi je, rien n’est fini, tout est là …
» Le temps, le temps passait mais ça durait longtemps.
J’ai aimé ces séances de parole où chacun (je dirais plutôt chacune
car le féminin dominant ne me laissait guère l’occasion de m’exprimer)
chacune donc pouvait dire ce que les exercices du matin faisaient remonter.
En intervenant ou en écoutant, il s’agissait de se laisser interpeller,
de décoder les émotions ressenties, celles qui nous renvoyaient à notre
enfance et même à notre naissance, celles qui ont marqué notre vie à jamais.
J’ai aimé rencontrer Maryse, l’écouter, découvrir sa vie et parler
de la mienne, m’entendre expliquer ce que je n’avais jamais dit à personne.
J’ai aimé découvrir en moi cette possibilité d’exprimer mes émotions
secrètes grâce aux permissions données par l’atmosphère exceptionnelle
du stage.
J’ai aimé ces temps de pause durant lesquels nous allions cueillir
les cerises. Je grimpais dans l’arbre pour remplir les sac en plastique
accroché à mon bras.
J’ai aimé cette nuit passée avec Maryse, à la belle étoile, dans le
hamac à deux places. Nous discutions sans fin en lançant un à un les noyaux
des cerises dont nous nous étions régalés.
Aujourd’hui en plein hiver avec Maryse.
Les temps ont changé ! Maryse est là ; nous avons une trop grande
différence d’âge mais j’ai l’impression d’avoir vieilli plus vite qu’elle,
même si mon âme d’enfant est vivante plus que jamais.
Nous avons fait nos vies chacun de notre côté après nous être attachés,
séparés et retrouvés.
Nos préoccupations, nos valeurs sont différentes mais nous faisons
une belle équipe qui tient la route grâce peut être à ce que nous avons
vécu durant ce fameux stage.
Nous deux, loin de St Restitut.
Comme d’habitude le réveil est muet et nous nous sommes couchés tard.
Comme d’habitude je tape sur le clavier de l’ordinateur pour faire
mon courrier, mes textes, ou présenter mes photos.
Comme d’habitude le soleil brille et les travaux de jardinage vont
me sortir de la maison.
Comme d’habitude Maryse est présente partout en partageant sa vie
entre ses activités et les miennes.
Comme d’habitude, blottis sous les couvertures, nous passons nos nuits
à rêver au temps où nous découvrions le plaisir d’être ensemble à St Restitut.
Comme d’habitude j’irai
assouvir ma soif d'amour à la fontaine de tes lèvres …
(Marc)
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