vers atelier Ecrire 2010
           

2010
                           

fiction ou autobiographique

Marc

2010




Consignes

J’attends

J’ai 26 ans,
« J’attends que la nécessité fasse loi »
Trente mois à passer dans l’armée et une carrière de prof de gym et de kiné à mettre en route, il faut y réfléchir.
Sursitaire, certes mais il est nécessaire de se décider à partir un jour ! La guerre d’Algérie se termine, les conscrits de mon âge sont revenus pour la plupart, d’autres y sont encore, d’autres ne reviendront pas mais je tiens à participer à ce fait d’histoire dont on parlera longtemps certainement.
J’ai suffisamment argumenté et fourni des attestations de scolarité pour retarder le moment du départ ; il me faut maintenant m’exécuter.
Aux journées de sélection, grisaille, novembre en région parisienne, l’atmosphère n’est pas aux réjouissances. Le choix nous est donné de faire nos classes en Allemagne ou en AFN. Pour rentabiliser le temps, la paye n’est pas la même, celle des officiers est acceptable alors que les hommes de troupe n'ont que quelques centimes, il est possible de s’inscrire aux EOR  (école des officiers de réserve). Je n’ai donc pas cherché  à faire le demeuré  ou à biaiser en présentant des certificats médicaux pour une allergie quelconque ; c’est tout naturellement qu’il m’a été donné d’entendre le verdict « Bon pour le service » Une condamnation à passer plus de deux années de ma vie à exécuter des ordres absurdes en rapport avec une politique désuète. Ordres  donnés tant par de vieux militaires loin du terrain qui ne pensent qu’à la retraite, retransmis par des sous fifres aux grades de caporal, sergent, lieutenant, capitaine, commandant, colonel ou même général. Pour le début, imaginez ! un civil, moi, déguisé en kaki d’abord, en chasseur alpin ensuite, un grand béret incliné du côté droit, devoir faire le pantin dans la cour de la caserne à marcher au pas pendant des heures ou exécuter des « présentez armes » sous les injonctions d’un jeune appelé,  tout juste promu au grade de caporal, c’est le comble du non sens. Du cirque ! J’ai appris à nettoyer un fusil en une minute et trente secondes, à tendre des embuscades ou à les éviter alors que l’on parlait d’aller marcher sur la lune. Naturellement ma nature rebelle a fait surface. 
 

J’ai 53 ans ; « J’attends le temps des cerises »
Oui le temps des cerises mais aussi  j’attends tout ce que je voudrais qu’il arrive, qui n’arrive pas du tout mais qui arrivera bien un jour.
J’attends que Marie m’aime comme je suis, volage en apparence mais attentionné et fidèle dans le fond. J’attends que son amant se lasse de lui faire la cour.
J’attends un coup de téléphone de Geneviève qui me confirmera que je pensais comme elle et au même moment. J’attends l’heure où je la retrouverai pour échanger nos dernières impressions et finir la journée dans une intimité détendante.
J’attends que mes enfants grandissent et réussissent par eux-mêmes ce qu’ils entreprennent.
J’attends, tout en travaillant  et en me donnant du bon temps que mes affaires soient prospères. J’attends que les clients se pressent à la porte de mon cabinet de consultation.
J’attends d’être vieux pour être écouté et reconnu. J’attends un héritage pour exaucer les désirs de mes enfants.


J’ai … plus que ça ! « J’attends, tu attends, il attend … et ainsi la vie passe »
Par contre,
Je n’attends pas d’être fatigué pour me mettre à l’ordinateur.
Je n’attends pas que les cigarettes soient très chères pour arrêter de fumer ; je n’ai jamais commencé.
Je n’attends pas le grand amour pour m’occuper des personnes que j’aime. Je n’attends pas la mort pour me faire désirer et regretter.
Je n’attends pas la pluie pour arroser mes plantes. Je n’attends pas d’être invalide pour partir en voyage.


Je n’attends plus :
D’avoir le temps pour écrire
La pluie pour arroser mes fleurs
D’être dans le train pour regarder le paysage
Que tu m’appelles pour avoir de tes nouvelles


Je ne voudrais pas attendre :
Trois heures du matin pour m’endormir
Que l’on m’offre des bandes dessinées pour lire
D’être sourd pour écouter de la musique
De te désirer pour faire l’amour ou te détester pour te quitter


Je n’attends pas encore :
Le soleil pour sortir faire un tour dans mon fauteuil roulant
Que l’on m’apporte mon plateau repas pour déjeuner
La visite de l’infirmière et ses soins quotidiens pour voir du monde
L’heure de « Plus belle la vie » à la télé
.




Consignes
Jésus et Marie Madeleine

On disait de lui qu’il était ...
le sauveur du monde. Mais quoi ! Qui pourrait sauver le monde dans l’état où il se trouve ?
Cherchez bien ! Vous pensez au président des Français ? Je suis sûr que ce n’est pas lui malgré tout ce qu’il nous dit et tout ce qu’il semble croire de lui-même. Arrêtons-nous sur Jésus.

Par contre personne n’a jamais dit de lui…
… qu’il aurait du naitre à notre époque. Les publicitaires se seraient emparés de son message pour vendre des produits bio ou de l’écologie.
Et sa liaison avec Marie Madeleine ?

On disait qu’elle était…
… la compagne idéale de celui qui saurait faire passer la déclaration d’amour universel.
Elle était belle Marie Madeleine ! Carla aussi est belle mais avec sa petite voix et sa guitare elle n’a su séduire que son Chouchou.
Elle n’a pas toujours eu bonne réputation Marie Madeleine mais Jésus n’en avait que faire ! « A ceux et celles qui ont beaucoup péché, il sera beaucoup pardonné » Il en a fait une sainte femme.

Par contre personne n’a jamais su …
… si elle est restée fidèle à Jésus. Grâce à elle sans doute il a appris la façon de plaire aux foules et à raconter de belles histoires. Mais Marie Madeleine a roulé sa bosse et on a retrouvé ses traces jusque dans la Provence.

Qui aurait pu penser que…
… Pilate était amoureux de Marie Madeleine ? Il a imaginé que la meilleure façon de la séduire était de faire disparaître Jésus. Hélas son stratagème n’a pas réussi et quand Pilate vit Marie Madeleine, désespérée au pied de la croix, il a compris son erreur.

Peut être aurait il fallu …
… que Jésus ne ressuscite pas ? Mais oublions Pilate ! De persécuteur il devenait victime de Jésus vainqueur de la mort et sauveur du monde. Jésus avait pardonné à ses bourreaux. Marie Madeleine, compagne d’un sauveur mystérieux et plein de gloire, devenait la figure idéale.

Les gens disent encore aujourd’hui …
… que Marie Madeleine a redonné vie à Jésus grâce à la force de son amour. Oui elle était la première arrivée au tombeau le jour de Pâques et elle a assuré dans l’ombre le côté mystique et mystérieux du sauveur du monde.

Par contre les gens ne disent jamais …
… comment le corps de Jésus a disparu. En fait Marie Madeleine arrivée au tombeau a imposé les mains au corps de Jésus et il a recouvré la vie. Il s’est ensuite échappé et on a pu le revoir ensuite plusieurs fois en différents endroits.

Moi je n’ai su de leur histoire …
… que Jésus avait apprécié les attentions de Marie Madeleine qui lui a essuyé les pieds de ses cheveux. Un plaisir raffiné que beaucoup d’amants ne soupçonnent pas et que je recommande.

De lui on disait …
… qu’il était homosexuel mais cette histoire avec Marie Madeleine nous prouverait le contraire ! Encore que …

D’elle on disait …
… qu’elle était la personnification du démon. Vous n’en croyez rien et moi non plus. C’est le charme des femmes de savoir séduire les êtres hors du commun. De là à faire de Marie Madeleine une femme extraordinaire peut sembler exagéré. Je retiendrai qu’elle était femme et qu’elle a plu au fils de Dieu.




Le 26 avril - Consignes
J’ai peur
J’ai peur
De la pollution, de la surpopulation, des chauffards, du bruit, de la maladie, de la sécheresse
Des orages en montagne, des routes glissantes
De celles qui veulent le pouvoir.

J’ai peur des routes glissantes, surtout celles qui sont imprévisibles ; en hiver, des plaques de verglas, au printemps, le pollen dilué par une pluie fine.

Tu sais, maintenant je n’aurai plus peur que tu te retrouves dans les bras d’un autre. De tes accès d'humeur aux mauvaises surprises de la vie, du désordre que je sème à tes remarques désespérées, de nos petites guerres à mes grandes convictions, j’ai appris à aimer d’une façon différente. Je crois même que, si tu étais plus heureuse ailleurs, je pourrais vivre seul ....

J’ai peur de me retrouver seul, abandonné de ceux que j’aime.
J’ai peur de devoir choisir les bons articles au meilleur prix dans les magasins, de me faire embobiner par les commerçants ou les entrepreneurs.
J’ai peur de me retrouver seul, abandonné de ceux que j’aime.
J’ai peur de chanter faux ou de n’avoir plus de voix, de ne plus y voir assez pour faire de l’ordinateur, pris d’un étourdissement, de tomber de l’arbre quand je vais cueillir des cerises ou des figues.
J’ai peur de me retrouver seul, abandonné de ceux que j’aime.
J’ai peur de déplaire à mes amis ou qu’il arrive quelque chose à mes enfants, d’avoir un accident par une faute d’inattention, de vivre vieux et diminué.

Je n’aurais pas eu peur que tu choisisses de vivre à Beuzeville dans le pays des vaches et des veaux. Je t’aurais suivi tout aussi bien et me serais occupé du petit jardin. Le soleil, là bas, ne brille pas tous les jours mais je ne suis pas le genre à faire le lézard sur une chaise longue ; je sais très bien me déplacer sous la pluie même en vélo. Et puis, si l’ordinateur est fonctionnel, je ne risque pas de m’ennuyer ; il y a tellement à montrer, à découvrir, à rendre service même ! Mais si tu n’avais pas voulu de moi, je n’aurais pas été en peine de rester seul ici.

Oui j’ai peur de moi-même car je sais que je peux blesser qui ne me connait pas bien ou qui n’est pas en phase avec moi.
J’ai peur de ne pas écrire clairement ce que je pense, de penser de travers ou de montrer ce qui doit rester caché.
J’ai peur de m’engager et de me limiter en affichant que je t’aime.

Par contre je n’ai plus peur des fameuses normes qu’il faut respecter ou du politiquement correct. J’aime mes fantasmes et je n’ai de cesse à les réaliser.





Ce qu’en pensent les gens ...

Jeannette est pressée, chaussée de talons hauts chaque pas résonne sur la chaussée bitumée.
« Il est 18h15. Je vais être à la bourre avec tout ce que j’ai à faire à la maison. Et cette baguette de pain, dans mon sac, qui menace de se briser à tout moments ; je vais la couper en deux, ce sera plus pratique. Même à cette heure, personne ne me regarde dans ce maudit quartier de banlieue, j’aimerais tant habiter au centre ville ! »
Blonde, jeune et jolie, elle semble préoccupée. Elle s’arrête tout à coup et calant son pain sous son aisselle, elle fouille dans son sac.
« Mais où sont elles donc ? Pourvu que je ne les ai pas perdues ? Je les ai peut être laissées sur mon bureau après que je me sois limé les ongles quand la patronne me parlait ? Elle m’énerve tellement que je fais n’importe quoi, je ne peux tout de même pas l’envoyer se faire voir ailleurs ! »
Sans trop réfléchir elle renverse le contenu du sac au milieu de la route.

Et ce juste sous la fenêtre de Madame Anselme. La vieille dame semble ravie de cette distraction inattendue.
« Pas trop d’animation d’habitude ! Tous les jours, non fériés bien sûr, je guette le pas de Jeannette et voici que par bonheur ce soir il se passe quelque chose. Elle est toute mignonne cette fille ! Si je pouvais avoir ses jambes ! Elle doit s’en payer des galipettes ! Tiens voilà qu’elle fait un numéro ! Elle doit avoir perdu ses clés  mais les chercher au milieu de la rue c’est original !
J’aimerais tant faire quelque chose pour elle ! Elle me semble tellement mignonne et grâce à elle, je sais que je peux allumer la télé pour voir les jeux télévisés. Aujourd’hui la télé attendra me semble t’il ! Tiens une voiture !  »

André arrivait, au volant d’une BMW aux verres teintés et s’arrête juste en face de Jeannette, doucement, à quelques mètres d’elle.
« Quelle idée ! Je me proposerais bien de l’aider, ce serait une bonne occasion de la draguer depuis le temps que j’ai repéré cette voisine à fière allure. Mais cette dame à la fenêtre est gênante.
Quelle classe elle a cette Jeannette ! Cette façon de se baisser en pliant les jambes en légère torsion comme pour les faire valoir ! Cette nuque dégagée que je pourrais souligner ! Et puis le décolleté ! Quel plongeon dans l’infini entre les deux collines arrondies qui promettent des moments délicieux ! Superbe ! Je la vois tout à fait reprendre ce scénario du sac éventré dans mon atelier. »

Mais voici Claudine qui a rejoint Jeannette et jette un regard méfiant en direction d’André.
« Mais que fait il là lui ? Par quel hasard est-il prêt à intervenir auprès de Jeannette. Je suis sûr qu’il a une idée derrière la tête. Si je n’étais pas arrivée il lui aurait fait des propositions malhonnêtes, j’en suis persuadée. Et pourquoi ne me voit il pas quand je le croise ? J’aimerais bien qu’il s’intéresse à moi ! Comment pourrais je lui faire comprendre que je suis disponible, moi ? »

Un peu plus loin, Jean, ancien fonctionnaire à la retraite, a tout observé tout en repeignant inlassablement le même volet.
« Mais que vient elle faire celle là. On était sur le point d’assister à une scène que j’aurais aimé jouer moi-même. Cette Jeannette, oui elle doit s’appeler Jeannette, je rêve d’elle avec ce prénom. Si je n’étais pas si vieux… D’accord, j’ai bientôt 75 ans, mais j’ai des ressources et je pourrais rendre heureuse une jolie femme. Et puis j’ai du temps et une belle pension, elle n’aurait pas besoin de travailler, je pourrais l’emmener voir l’exposition des impressionnistes à Paris. Peindre pour elle des paysages à la Monnet alors que je passe mon temps avec un bleu sombre pour mes volets. »

Jeannot arrive en courant. Il a une dizaine d’années. Il dépasse les deux femmes ; Jeannette l’interpelle et lui conseille d’attacher son lacet défait.
« Elle est comme Maman, celle là ! Toujours à voir ce qui ne va pas ! Mais j’en ai rien à faire, j’suis bientôt arrivé chez ma grand-mère et je m’en occuperai à ce moment là de mon lacet !
Comme si j’allais me tuer à cause de mon lacet défait !

Tiens mais qu’est il arrivé ? Pourquoi s’est il arrêté ce monsieur dans la BMW ?  J’ai du manquer quelque chose. Vite la bise à Grand-mère Anselme et je vais aller voir ce qui se passe. » 


André est reparti, Claudine poursuit son chemin en tenant le bras de Jeannette. Jeannette a ramassé ses affaires, inquiète de n’avoir pas retrouvé sa clé.
« Que l’existence est triste ! ma vie ne sert à rien, personne ne me regarde, personne ne me voit, je n’existe pour personne … »
le 11 octobre (consigne)


Un héro
Mots clés : Chanson, horloge, vélo

Louis Victor est arrivé à Puitfond un soir de printemps alors qu’il avait projeté de faire un tour de France en vélo. Il était 20h à l’horloge du village. Sur la place, chacun poussait sa petite chanson.
Malgré une étape assez longue, Louis Victor se sentait en pleine forme et plutôt que d’aller chercher un gite pour la nuit il s’assit près de la fontaine pour se rafraichir un peu. Il écoutait avec attendrissement le répertoire qui le rejoignait justement. Il se rapproche du groupe, les hommes venaient de terminer une partie de pétanque et avaient probablement bu une bière ou deux qui les avaient mis en joie.  Invité par la jeune meneuse il se décide à les rejoindre.
Il ne connaissait pas toutes les chansons d’autant plus qu’elles avaient un caractère local pour la plupart ; il était parisien et venait de terminer ses études de géologie. Il espérait trouver un emploi sur un chantier de fouilles archéologiques.
Le groupe lui paraissait sympathique et Louis Victor était particulièrement attiré vers celle qui lançait la plupart des chansons.

Encore Jeannette ! Encore !
Quelle voix elle avait cette Jeannette ! Louis Victor était séduit et il n’arrivait pas à trouver une chanson qui pouvait, selon lui, s’accorder avec elle. Cela le titillait. Il aurait voulu se faire remarquer mais elle restait totalement indifférente à tout se qui pouvait la distraire. Il résolu de prendre son temps et d’attendre l’occasion. Au moment où il retournait prendre son vélo l’horloge sonnait 22 h.
Hé le nouveau ! Ne faut pas t’en aller si vite ! Tu chantes bien et c’est un plaisir de t’avoir avec nous !
Jeannette le retenait. C’était gagné.
Louis Victor n’en revenait pas. Tout excité, il n’est pas parti ce soir là ni les autres non plus. Il n’a pas cherché de quoi se loger, les portes se sont ouvertes, il était invité partout.
Au départ, Jeannette lui avait trouvé une petite chambre dans la boulangerie depuis longtemps fermée. Il s’est alors intéressé à l’affaire et trois semaines après son arrivée à Puitfond il avait réussi l’exploit de remettre la boutique en activité. Il était devenu un héros.
Ses amis les chanteurs lui donnaient un coup de main pour le ravitailler en farine et en bois de chauffage pour alimenter le vieux four qu’il avait remis en état.
Jeannette tenait la boutique et servaient les clients pendant qu’il préparait les fournées. Il s’arrangeait même pour livrer les isolés dans la campagne.

Depuis qu’il est une vedette, un héros, Louis Victor a abandonné son vélo dans l’arrière boutique de la boulangerie. Il se lève tous les matins, juste avant que l’horloge ne sonne 4h. Pas facile d’être debout si tôt alors que l’on est un adepte de la grasse matinée. Il est tout étonné de sa nouvelle vie. Finies les soirées interminables qui vous laissent parfois ivre mort ; il ne pense plus aux chantiers archéologiques alors qu’il rêvait de grands espaces. Il se passionne dans l’art de faire les pizzas en plus des différentes sortes de pain que ses clients lui demandent.
Il vit comme un ascète, ce dragueur d’antan, poussant régulièrement ses petites chansons. La présence de Jeannette lui suffit.

Louis Victor est heureux. Chacun croit connaitre toute son histoire de citadin reconverti à la vie campagnarde, d’étudiant parisien amoureux de vélo.
Pourtant tout au fond de lui-même une épine, un souci dont il ne se remet pas. Il sait que dans sa toute première enfance il a été terrassé par une maladie du sang qui a été soignée par des rayons. Ces rayons ont détruit les gènes reproducteurs entrainant la stérilité définitive.
Adopté très jeune, il n’a jamais connu ses vrais parents et il a toujours rêvé fonder une famille pour réparer cette injustice. Il se refuse à demander Jeannette en mariage car il sait qu’il ne pourra pas avoir d’enfant et il ne veut pas lui imposer cette situation.
C’est une chanson triste que l’horloge du village rappelle toutes les heures.



Etre quelqu’un d’autre

Quand elle était enfant Antoinette avait des parents âgés mais elle rêvait d’avoir un papa et surtout une maman comme on les voit sur les bandes dessinées, des parents jeunes. Elle imaginait, par ailleurs  qu’un jour elle serait à la tête de tout un diocèse, évêque, pour ainsi dire, mais femme-evêque. Non elle ne se voyait pas papesse mais pas loin. Tout le monde écouterait sa bonne parole et obéirait sans discuter, ses parents comme les autres.

Antoinette est dynamique, intelligente, souriante quand on la prend en photo et elle ne fait pas dans la demi mesure. Son entourage l’apprécie car elle est généreuse et porte son attention à chacun.
Elle adore papoter et avec certaines de ses amies elle se vante en riant de reconstruire le monde.
Toute jeune elle a rencontré un homme marié pour qui elle avait plus que de l’admiration. Elle s’est occupée de son secrétariat et gardait ses enfants pour se faire de l’argent de poche. Il avait seize ans de plus qu’elle et lui faisait confiance dans tous les domaines car elle se débrouillait fort bien dans les différentes situations. S’aimaient-ils ? Ils l’ont cru mais les réalités de la vie ont pris le dessus et ils se sont promis de se revoir dans dix, vingt ou trente ans. Ce vœu ne l’a pas comblée et elle a fait sa première dépression.
Plus tard, chargée de famille, dans le bénévolat, elle s’est engagée auprès des communautés chrétiennes laïques.

Des mirages la hantent :
« J’aurais tant voulu, comme Stéphanie, trouver le créneau pour sortir des chansons à succès auprès des 14-17 ans. Elle est belle comme une poupée Barbie, cette Stéphanie et moi j’ai des bourrelets partout, on appelle ça des poignées d’amour … J’ai de la poitrine mais pas de fesses et si je commence à m’y connaître en musique j’ai du mal à chanter juste surtout toute seule. »
« Avec mes qualités de conductrice, je mériterais d’être reconnue. Comme jean Christophe qui peut regarder avec fierté son bolide, celui qui l’a rendu célèbre, je pourrais faire des rallyes et peut être en gagner quelques uns »
« Grace à mes dons de gestionnaire et mon savoir faire en cuisine, je pourrais comme Francis R. être à la tête d’une grande chaine de restaurants avec mille deux cent enseignes et des milliers d’employés. Ou bien, plus modestement, réaliser mon rêve secret qui est de m’occuper d’un refuge en montagne pour y accueillir, pendant la saison, les randonneurs qui vont se ressourcer dans les hauteurs. »

Je veux changer de vie !
•    J’ai 52 ans et ne supporte plus mon mari qui, méprisant, ne s’occupe pas de moi.
•    Mon premier amour M vient de me recontacter après 30 années de distances.
•    Mes enfants sont mariés et je me retrouve souvent seule à la maison
•    Mes engagements de bénévole ne m’apportent pas les bénéfices que je suis en droit d’attendre
•    M. me propose de partager sa vie au soleil de Provence.
•    J’organiserai la maison comme je l’entends et y recevrai enfants et petits enfants.
•    Je souhaite me rapprocher des massifs montagneux et du Mt Blanc  pour pouvoir y randonner régulièrement
•    J’aurai mon indépendance et ma voiture pour en disposer comme je l’entends
•    J’organiserai des concerts avec les chorales amies ou des musiciens renommés
•    Je choisirai les manifestations que j’apprécie et trouverai le moyen d’y entrainer mes proches.

La pluie normande continue à tomber mais le ciel se dégage petit à petit. Antoinette est du signe du Taureau et fidèle à son tempérament, sans regarder en arrière, elle va rassembler ses énergies  et se lancer dans la réalisation de ses rêves. On la retrouvera rapidement, entre deux randonnées, animatrice des réunions d’étudiants, bras droit du diocèse,  responsable de la pastorale  des jeunes et si l’Eglise se décide à bouger elle sera aux premières loges pour remplacer l’évêque.
atelier du  25 octobre
la consigne de Marc